France. La revanche du Rafale
François Hollande est ce 4 mai à Doha pour signer la vente de 24 Rafale. La confirmation d’un succès commercial mais aussi géopolitique, selon le correspondant du Temps à Paris.
Après l’Égypte et l’Inde, le Qatar sera le troisième pays à acheter ces appareils multimissions qui, jusqu’à cette année 2015, avaient toujours échoué à s’exporter.
Le président François Hollande se rend pour l’occasion à Doha, avant d’enchaîner sur l’Arabie Saoudite, premier client de l’industrie d’armement française avec 7 milliards d’euros de commandes depuis dix ans.
L’armée de l’air qatarie recevra, pour un montant de 6,3 milliards d’euros – un tarif bien supérieur à celui consenti en 2012 par Dassault à la Confédération (18 avions pour 2,7 milliards de francs) –, 24 Rafale livrables à la mi-2018. Leurs pilotes seront entraînés dans le ciel hexagonal, et leur armement (missiles air-air Meteor, missiles de croisière Scalp) sera aussi très “made in France”.
Une chance de repartir à l’assaut des marchés
Ce nouveau succès du Rafale à l’exportation, le troisième en moins de six mois, est évidemment lié à la configuration géopolitique du moment. Le Qatar, pays très proche de la France, présent aussi bien dans le sport (le fonds qatari QSI possède le club de foot du Paris Saint-Germain) que dans l’hôtellerie (des investisseurs qataris sont propriétaires, entre autres, du Carlton de Cannes), est aujourd’hui engagé contre la nébuleuse de l’État islamique (EI), dont ses avions bombardent les positions en Irak et en Syrie.
Cette commande de Rafale est aussi un héritage du père de l’émir actuel, Tamim Al-Thani, lequel avait promis d’acquérir ces avions avant de démissionner et de transmettre le pouvoir à son fils en juin 2013. L’armée de l’air qatarie est enfin déjà équipée d’avions Dassault, avec 12 Mirage 2000.
Pour le groupe français et ses sous-traitants ou partenaires, tels que Safran, cette acquisition n’en sonne pas moins comme une revanche et une chance de repartir enfin à l’assaut des marchés internationaux. L’Inde, qui a passé commande de 36 Rafale en avril, a besoin d’une centaine de nouveaux chasseurs pour moderniser son aviation, et discute en ce moment avec Dassault des modalités d’importants transferts de technologie, exigés par New Delhi.
L’achat de Rafale, une urgence pour l’Inde
La Malaisie, où le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu fin 2014, a négocié l’implantation d’une chaîne d’assemblage au cas où elle achèterait des Rafale pour remplacer la vingtaine de Mig 29 russes dont son état-major ne cesse de se plaindre. Les Émirats arabes unis, autre grand client de la France, sont aussi dans le collimateur de Dassault, dont les succès propulsent les ventes d’armes tricolores vers le haut.
La France vise 15 milliards en 2015, soit le second rang mondial après les Etats-Unis, alors que son propre budget de la défense (31 milliards d’euros en 2015) a été sauvé in extremis la semaine dernière par l’Élysée, qui lui a accordé une rallonge de 3,8 milliards d’euros jusqu’en 2019.
Le Temps – Genève – Source Courrier International