De Ménard RSF(*) a Ménard, maire de Bézier !

A Reporters sans frontières, Robert Ménard se fait surtout connaître par sa défense des journalistes en zone de conflit. (…) (*Reporters Sans Frontières)

« Autoritarisme ».

Co-fondateurs de RSF en 1985 avec Robert Ménard, Rony Brauman et Jean-Claude Guillebaud ont quitté l’organisation au milieu des années 1990, pointant pour l’un « l’autoritarisme » de Robert Ménard, pour l’autre, son absence de critique des médias français, comme l’observe en 2008 un blog hébergé sur Mediapart.

Un apôtre d’une liberté d’expression totale

Quand il était encore dirigeant de Reporters sans frontières, le natif d’Oran détonnait dans sa défense jusqu’au-boutiste de la liberté d’expression.

Soutien à Dieudonné.

En 2004, il vient défendre à la barre du tribunal Dieudonné, accusé de « diffamation publique à caractère racial » pour son sketch polémique de décembre 2003, réalisé dans l’émission « On ne peut pas plaire à tout le monde » de Marc-Olivier Fogiel. En treillis, chapeau de juif orthodoxe, cagoule et papillotes, Dieudonné avait appelé les jeunes des cités « à rejoindre l’axe américano-sioniste qui [vous] offrira beaucoup de débouchés », et lancé, bras tendu, « Israheil ».

Malgré ses démêlés avec la justice, Robert Ménard continue à inviter l’ancien compère d’Elie Semoun dans son émission sur Sud Radio, notamment en avril 2012. A plusieurs reprises, il convie également Alain Soral, essayiste proche de l’extrême droite et ancienne plume de Jean-Marie Le Pen. En 2007, il lui ouvre même les colonnes de sa revue Médias, qu’il a fondée en 2004, alors qu’il était encore secrétaire général de RSF.

C’est également dans Médias qu’il s’attaque (avec Pierre Veilletet), dès 2004, à la « bien-pensance » qui veut « nous faire croire que Jean-Marie Le Pen est plus dangereux que Goebbels et que tous les médias italiens sont sous la botte d’un néofasciste qui a pour nom Silvio Berlusconi ». Il ferraille dans le même article contre les altermondialistes, symbolisés par Le Monde diplomatique : « Ils ont beau débiter des sornettes, rêver d’un monde dont nous ne sommes pas sûrs qu’ils veuillent eux-mêmes, personne ou presque n’ose les rappeler à la réalité des chiffres et aux leçons de l’histoire. »

En 2008, il a annoncé, comme le notait 20 Minutesqu’il descendrait « dans la rue pour défendre la presse FN ». Une petite phrase à peine relevée à l’époque mais qui réjouit l’extrême droite. Le député européen FN Bruno Gollnisch se félicitait alors, sur son blog, de la bataille de Robert Ménard contre les « bien-pensants ».

La liberté d’expression, fil conducteur de l’engagement de ce pied-noir permettant d’expliquer son rapprochement avec le FN ? En 2012, il lance le site internet Boulevard Voltaire, « un lieu ouvert à toutes les sensibilités, où les journalistes ne trient pas entre ce qui est convenable et ce qui ne l’est pas », explique-t-il, cité par L’Express. Comme contributeur, on y retrouve Christian Vanneste, privé de l’investiture UMP pour les législatives, ou Jean-Yves Le Gallou, ex-député européen frontiste.

Un méticuleux rapprochement avec le FN

« Pas de gauche ». (…)

Dans ses jeunes années, Robert Ménard a pourtant été un militant de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). « Sur la forme, il n’a pas changé, il a toujours braillé. C’était un bon copain, mais un révolutionnaire, un teigneux », se souvient un ancien camarade du parti, cité par Midi Libre.

Pro peine de mort.

Habitué aux polémiques, Robert Ménard a défendu à plusieurs reprises la peine de mort. Marine Le Pen avait également proposé, pendant sa campagne présidentielle, de réfléchir à un rétablissement de la peine capitale. « Je pense que sur un certain nombre d’affaires, comme celle de Dutroux, je ne suis pas sûr que je mettrais beaucoup d’énergie [pour éviter] qu’à Dutroux on coupe le cou », argumentait Robert Ménard en mars 2010 sur France Inter, comme l’avait repéré Rue89. Ce « beauf absolu », comme il s’était autoproclamé, réitère cette position en décembre 2010 sur le plateau d’i-Télé, avant de se faire vertement reprendre par le présentateur Julian Bugier.

Francetvinfo.fr – (Extrait) Source


Le maire de Béziers élu avec le soutien du FN, Robert Ménard, visé depuis mardi par une enquête après avoir évoqué un décompte des élèves musulmans, a été entendu mercredi pendant plus d’une heure dans les locaux de la PJ de Montpellier.

Selon une source proche de l’enquête, l’entretien s’est bien passé et Robert Ménard s’est montré coopératif.

L’élu était arrivé discrètement par l’entrée de service à 09H40 à l’hôtel de police dans une voiture de la mairie. Il en est ressorti à 11H00, sans faire de déclaration à la presse.

Cette convocation devant le commissaire Éric Bertrand, chef de la division économique et financière de la PJ montpelliéraine, a suivi l’ouverture mardi par le procureur de Béziers d’une enquête préliminaire pour « tenue illégale de fichiers en raison de l’origine ethnique », à la suite de ses déclarations dans l’émission Mots Croisés de France 2 lundi soir.

Dès mardi, une perquisition avait été effectuée pendant plusieurs heures dans les bureaux de la mairie, ne donnant lieu à aucune saisie. Les quatre policiers, spécialistes en informatique qui ont scruté les ordinateurs, n’ont trouvé aucune trace de fichiers ou de fichiers effacés récemment, a précisé une source proche de l’enquête.

Il y a « 64,6% » d’élèves de confession musulmane dans les école publiques de Béziers », avait déclaré M. Ménard sur France 2. « Ce sont les chiffres de ma mairie. Pardon de le dire, le maire a, classe par classe, les noms des enfants. Je sais que je n’ai pas le droit de le faire. Pardon de le dire, les prénoms disent les confessions. Dire l’inverse, c’est nier l’évidence », avait-il ajouté.

La Commission nationale informatique et liberté (CNIL) et le Défenseurs des droits ont été saisis. Cette initiative de comptage a été condamnée jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. François Hollande, depuis Ryad, a évoqué un procédé « contraire à toutes les valeurs de la République », et Manuel Valls a lancé « Honte au maire » sur Twitter.

« Menteur ou fasciste » –

Face aux violentes critiques, Robert Ménard a tenté mardi (05 mai 2015) après-midi de déminer l’affaire. « Il n’y a pas de fichage des élèves à Béziers (…) et il n’y en aura jamais », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse.

Pour lui, cette polémique a cependant au moins eu le mérite de « relancer le débat sur les statistiques ethniques ». « On en a besoin de ces statistiques. En 2009, Manuel Valls il était pour. Maintenant il est contre », a-t-il rappelé, demandant au Premier ministre de faire voter la loi qu’il avait proposé de présenter alors qu’il était député-maire d’Evry.  (…)

Source Internaute.com » (extrait)


 Pour le quotidien « l’Humanité » (extrait) Source

Il incarne la vague bleu Marine. Le maire de Béziers, Robert Ménard, s’est vanté d’établir des statistiques sur les confessions des élèves de sa commune, en se servant de leurs prénoms, et a affirmé que la ville comptait « 64,6 % » d’écoliers de confession musulmane. Ainsi donc, celui qui se prétendit « reporter sans frontières » aurait constitué un fichage illégal à caractère religieux et ethnique au mépris des lois de la République.

Notre pays connut cela sous Vichy. (…)

Demain, la justice dira la violation de la loi, mais aujourd’hui, les plus élémentaires valeurs de la République sont piétinées. Les sophistes médiatiques pourront toujours arguer que ce Ménard étant élu, il n’est pas anti-républicain, ils auront du mal à le coiffer des lauriers de la démocratie. D’ailleurs, le Front national version junior ne s’est pas montré prompt à condamner ce fichage et cette partition des enfants entre Mohamet, Jéhovah et Jésus. À l’heure où ces lignes sont écrites, il préfère toujours le silence…

Les Aliot et Philippot qui flanquent la patronne ne trouvent pas le même profit à parader dans les médias que pour réduire au silence le vieux leader de l’extrême droite. Mais ne nous y trompons pas, le maire de Béziers ne cherche (…) qu’à banaliser le refrain de la haine.

« En même temps que le vieil ordre politique et social agonise, écrivait Jean Jaurès, une poussée nouvelle de forces brutes, d’appétits ignobles ou de fanatisme meurtrier soulève l’écorce crevassée de la vieille terre. » (…)


Pour le quotidien « Le Monde » (extrait) Source

Pourquoi n’est-il pas légal de faire des statistiques ethniques ?

Robert Ménard l’a lui-même reconnu : il n’a pas droit de faire ce genre de statistiques. En effet, selon la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, dite « loi informatique et libertés », le traitement de données « relatives aux origines des personnes » est interdit. L’article 8 spécifie bien que :

« Il est interdit de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’ appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci. »

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) précise que « [ces] critères ne peuvent pas être utilisés pour opérer des tris et s’adresser à des populations ciblées ». Le non-respect de cette interdiction peut entraîner, en application du code pénal, une peine de cinq ans de prison et jusqu’à 300 000 euros d’amende. La CNIL peut également sanctionner les responsables de ce genre de fichiers délictueux par des amendes.

La loi prévoit toutefois une dizaine de cas dans lesquels cette collecte serait autorisée, notamment en cas de consentement de la ou les personnes visées, de traitements nécessaires à la sauvegarde de la vie humaine, de données déjà publiées par la personne concernée ou de recherches nécessaires dans des cadres juridique ou médical.

La démarche de M. Ménard ne semble, à l’évidence, correspondre à aucune de ces dérogations. Pire, elle repose sur le détournement de données récoltées par la mairie dans le cadre de la scolarisation des enfants. Des données qui ont tout sauf une visée de statistiques ethniques.

Pourquoi la méthode employée est-elle discutable ?

Les services municipaux de Béziers n’ont donc pas le droit de procéder à un tel fichage, pour des raisons de protection des enfants et de respect de la vie privée de leurs familles. Mais outre le fait qu’il est illégal, il présente de grands risques d’erreur.

Un enfant prénommé Ahmed sera ainsi présumé « musulman », même si ses parents ne sont pas croyants ou pratiquants voire de croyance chrétienne. De même, si une petite Fatima d’origine portugaise dont les parents sont catholiques fréquente les cantines biterroise, elle sera logiquement classée parmi les « musulmans » sur le fichier.

On peut évidemment aussi s’interroger sur l’emploi que comptent faire M. Ménard et ses services de telles statistiques.


 Pour le quotidien « La Croix » (extrait) Source

Mardi 5 mai, l’ancien président de Reporters sans frontières, de nouveau interrogé sur RMC puis BFMTV, s’est défendu de tout fichage : « On n’établit aucune liste », a-t-il indiqué. Mais le maire n’a pas caché sa volonté de connaître le nombre de musulmans assis sur les bancs de ses écoles communales : « Oui, les deux tiers des enfants fréquentant les écoles maternelles et primaires publiques de Béziers sont issus de l’immigration et je trouve que c’est trop, car on n’assimilera personne. »

« il y a tout un tas de pays où il y a des statistiques ethniques »

Il s’est ensuite déclaré partisan de statistiques en ce domaine : « Pardon, il y a tout un tas de pays où il y a des statistiques ethniques et, que je sache, pas moins démocratiques et républicains que la France. Mais en France, on est les spécialistes de  »je ne regarde pas les problèmes, je ne regarde pas les questions, comme ça, ils n’existent pas » ».

À travers un communiqué municipal, la Ville de Béziers a aussi nié mardi 5 mai l’existence d’un fichage : « La mairie de Béziers ne constitue pas et n’a jamais constitué de fichiers des enfants (…) Le voudrait-elle qu’elle n’en ait d’ailleurs pas les moyens. »

http://www.bfmtv.com/societe/robert-menard-assume-le-fichage-des-eleves-musulmans-a-beziers-883754.html