Interview pour « Les Allobroges » Drôme. François Jacquart, Conseiller régional de l’Ardèche, Vice-Président du Syndicat Mixte de la Caverne du Pont d’Arc, vous avez été lié au projet de « la grotte Chauvet », donné nous vos sentiments.
Le lieu de reconstitution est unique au monde, « depuis le début de cette aventure humaine qu’est la réalisation de la réplique de la Grotte ornée du Pont d’Arc (dite grotte Chauvet) et ma prise de responsabilité comme Vice-Président du projet, j’avais une obsession : faire que celui-ci soit partagé par le plus grand nombre.
Après avoir eu l’honneur, le privilège de descendre dans la véritable cavité, au-delà de la magie du lieu, un sentiment m’a envahi venant compléter celui d’en faire un projet partagé, celui du sentiment de responsabilité de transmettre aux générations futures une réplique de haute qualité et un véritable outil pour améliorer la vie au quotidien des femmes et des hommes de notre département, l’Ardèche et en premier celle des habitants du bassin vallonnais.
Le classement au patrimoine mondial de l’humanité, le 20 juin 2014, de ce joyau de l’art pariétal a conforté ma volonté de travailler dans la durée à faire également de ce projet un combat pour permettre que partout dans le monde, dans le moindre village d’Afrique, d’Amérique Latine, d’Asie , les dessins de nos ancêtres, de leurs ancêtres soient vus et qu’ainsi ils contribuent à unir l’humanité. Utopie ? Sûrement un peu… mais convaincu, c’est là l’essentiel dans une période où avoir des convictions qui place l’Humain au centre des actions est une obligation démocratique.
La question du choix du terrain pour implanter l’espace de restitution a été le premier acte de notre démarche partagée. Prenons en compte le fait que bon nombre de projets d’utilisation de foncier en site de nature se trouvait contesté par les associations environnementales, nous avons proposé que plusieurs terrains possibles soient expertisés en amont par la FRAPNA et que celle-ci nous indique le lieu qui aura le moins d’impact sur l’environnement et les compensations à mettre en place. Comptabilisation des espèces animales et végétales, de nidification, gestion de l’eau, contreparties… rien n’a été laissé au hasard. Il a fallu plus d’un an pour que l’association livre son choix.
C’est ainsi que le site du RAZAL, au-dessus de Vallon pont d’Arc, a été retenu et qu’aucun recours juridique n’est venu mettre en difficulté le permis de construire. Cette démarche a été d’ailleurs saluée par les experts de l’ICOMOS (International Concil on Monument and Sites), organisme mondial non-gouvernemental spécialiste dans la conservation, la protection et la valorisation des monuments et des sites. Le syndicat mixte a d’ailleurs profité de la période des expertises pour négocier en amont avec les propriétaires l’achat des terrains. C’est ainsi que sans aucune expropriation, les 19 ha ont été acquis permettant, au-delà des besoins de construction (7 ha), de protéger une végétation typique de ce site qui surplombe et domine de nombreux belvédères naturels de Nantes des vues remarquables sur les Cévennes, la montagne ardéchoise…
Dès lors, les initiatives se sont multipliées pour partager cette aventure.
Rencontre publique, soirées culturelles, une initiative artistique (compte, œuvre musicale, création théâtrale et même repas préhistorique) ont permis de « rallumer la flamme » après des années de doutes sur la perspective de l’ouverture d’une réplique et d’un projet bénéfique pour les habitants.
Notre satisfaction a été de voir l’explosion du nombre de demandes de présentation des images de la cavité et du projet de restitution. La magie des images, la force de l’audace du projet ont contribué à un soutien massif des populations, de l’action des collectivités locales.
Les journées portent ouvertes sur le chantier ont permis à des milliers de personnes de voir prendre forme ce qui pendant des mois n’était visible que dans la presse ou dans les images présentées lors de nos conférences.
Bien sûr, des inquiétudes, des doutes ont été exprimés et ont donné lieu à des échanges parfois vifs sur des thèmes tels que le nombre de touristes attendus, les questions environnementales, la question des « découvreurs », le mode de gestion de l’espace de restitution.
Ce fut des moments nécessaires d’explication, de confrontation pour que la transparence et la confiance emporte. En effet dans une période où beaucoup d’ardéchois et ardéchois souffrent des répercussions de la situation économique, il est normal que les collectivités expliquent et justifient l’investissement de près de 100 millions d’euros dans la réalisation de l’espace de restitution et l’accompagnement territorial ardéchois.
Cette opportunité, il a fallu le faire aussi accepté par les élus, le monde socio-économique. Ce fut un autre volet de mon action de « projet partagé ». Là aussi les graines déposées sont en train de germer mais cela prend du temps, nécessite de l’accompagnement pour que Larry les assurances sortent de terre. Les besoins de transport collectif, de mise en réseau des acteurs touristiques et culturels, des sites patrimoniaux sont un, passage obligé.
Cette nouvelle option culturelle et touristique va capter de nouveaux types de touristes venant de pays qui ne qui ne serait pas venu naturellement en Ardèche, mais qui viendront du fait du classement Unesco et de la réplique. Les autres sites dans le monde, classés au patrimoine mondial ont bénéficié de cette dynamique.
Ces visiteurs auront des demandes plus ciblées, des exigences maximum de qualité. C’est par l’information des hébergeurs, des acteurs du tourisme, de la restauration, des sites touristiques et par la formation des salariés que le niveau d’accueil correspondra aux attentes. Cette qualité doit se retrouver également dans l’espace de restitution. Les conditions de sa gestion ont fait débat. J’ai, pour ma part, défendu le fait que ce bien culturel devait être géré directement par les collectivités locales. Ce n’est pas l’option qui majoritairement a été retenue. La délégation de service public a été choisie.
Dès lors il fallait que le cahier des charges, qui allaient à s’imposer à l’entreprise chargée de faire fonctionner le site, soit exigeant. Je m’y suis assez avec l’équipe du syndicat. Je peux affirmer aujourd’hui que les exigeants sont-elles que l’on ne pourra pas confondre la caverne du Pont d’arc avec un parc à thème. Petits et grands, simples visiteurs aux passionnés de l’art pariétal, chacun trouvera matière à découverte, à connaissance. La réplique en elle-même bien sûre mais aussi le centre de découverte qui permettra la compréhension, ne laisseront pas indifférents et feront que chacun repartira de ce lieu avec des connaissances supplémentaires. La qualité de la visite, l’exactitude du langage scientifique seront au rendez-vous.
La qualité l’exigence retrouve également dans les autres lieux de l’espace de restitution. Le pôle pédagogique qui recevra chaque année plus de 30 000 scolaires bénéficiera du professionnalisme de l’équipe recruté. Les programmes proposés ont été établis en partenariat avec l’éducation nationale. La restauration, ou des menus ardéchois confectionnés à partir des produits locaux est réalisé en partenariat avec la chambre d’agriculture et « Ardèche le goût », mettra l’honneur es saveurs de nos territoires.
Enfin précision utile, les tarifs d’entrées sont validés par les collectivités locales. Les prix retenus accompagnent cette démarche de projet partagé en rendant ce site accessible au plus grand nombre. C’est une volonté politique affirmée à laquelle j’ai particule maintenue. C’est maintenant la commission de suivi de la délégation de service public qui devra en permanence assurer du respect du cahier des charges.
Environ 400 salariés ont travaillé sur le chantier. Les camarades télévisions se sont tournés dès le début sur ceux, qui pour eux, avait de l’importance à savoir les dessinateurs, sculpteurs et rarement vers les maçons, les travailleurs de Pierre, les métallos qui ont assemblé les milliers de tiges d’aluminium forment la modélisation 3D de la réplique… nous avons voulu que tous soient considérés comme aussi décisifs dans la réalisation de la réplique que ce mis dans la lumière et grâce à Madame la conservateur qu’il aura montré des images de la véritable grotte ces travailleurs de l’ombre ont pu aussi prendre part au rêve et mesurer qu’ils étaient des acteurs à part entière du projet humain.
Je mesure aujourd’hui, au lendemain de l’ouverture, la chance que j’ai eue d’être de ce projet. Travaillé aux côtés de scientifiques renommés, avoir rencontré des hommes et des femmes de culture comme Miquel Barcelo, avoir retrouvé Ernest Pignon Ernest et ses amis Bartabas, André Welter, et puis avoir pu partager avec des milliers ardéchois et tant d’autres de jolis moments autour des images les cavités, ces moment-là, je les souhaite à tous les élus.
Il n’y a, désormais plus qu’à aller découvrir ce trésor culturel et patrimonial !