Pourquoi il faut juger les anciens nazis, même si ce sont des vieillards.

Un homme de 93 ans a comparu devant les juges allemands. Il y a soixante et onze ans, il a tenu à Auschwitz la comptabilité minutieuse des objets de valeur appartenant aux déportés. Il est accusé de complicité de meurtre de masse.

Ce sera l’un des derniers procès qui aura pour objet la machinerie de la mort mise en place sous le IIIe Reich, soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

A la barre : Oskar Gröning, officier SS, qui, entre 1942 et 1944, a compté l’argent qu’on dérobait aux prisonniers d’Auschwitz. Surnommé le “comptable d’Auschwitz”, il se tenait au bord des voies ferrées ou dans son bureau lors de l’arrivée des Juifs dans le camp d’extermination. Il est accusé de complicité de meurtre dans 300 000 cas.

Mais au-delà du procès contre un bourreau du régime d’Adolf Hitler, “c’est la justice allemande, inactive pendant trop longtemps”, qui est jugée au tribunal de Lunebourg, estime la Süddeutsche Zeitung.

“Pendant des décennies, on a retardé la punition des meurtriers nazis”, commente le quotidien de Munich. “En fait, chacun de ces procès très tardifs devrait commencer par un mea culpa de la justice. […] Elle devrait demander pardon aux victimes partout dans le monde d’avoir repoussé cette sanction à un tel point qu’elle n’a plus guère de sens.”

Négation

Et le journal de rappeler les décennies pendant lesquelles les anciens nazis sont restés les juges des tribunaux fédéraux, les responsables des atrocités commises pendant le régime nazi restant impunis. Certes, avec des accusés en fin de vie, ce n’est pas la durée de la prison qui est en jeu.

Juger le vieux Demjanjuk, c’est impératif

« Ce qui advient maintenant, c’est la justice de la dernière seconde, et c’est bien qu’elle existe. C’est bien que la justice tente d’arrêter les secondes : non seulement pour compenser ses propres manquements en sanctionnant les vieillards ; mais aussi pour faire ce qu’il reste toujours à faire : rendre saisissable la négation de l’insaisissable négation du droit dans le national-socialisme. »

Source – Courrier international – Paris –