Ces bruits qui nous cernent.

Annonces répétées en gare, matraquage publicitaire dans des centres commerciaux, brouhaha dans des restaurants…

Les conséquences du bruit dans les espaces publics sur la santé sont-elles anodines ?

Étonnamment, les épidémiologistes ne se sont pas penchés sur les nuisances sonores dans les lieux publics. « Ce sont des espaces de transition dans lesquels les usagers sont exposés durant de courtes périodes à des niveaux sonores importants, comparativement aux travailleurs», note Valérie Rozec, docteure en psychologie de l’environnement et chargée’ d’études et de recherche au Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB).

Ce qui pose problème pour la santé est en effet le temps d’exposition : « On sait ainsi que, si on a été toute la journée dans un lieu bruyant et que le soir on s’endort dans un endroit calme, on aura un retard d’endormissement dû à cette énergie sonore accumulée.»

Des nuisances sonores insidieuses

Des mesures prises avec un sonomètre dans le métro parisien ont, pourtant et par exemple, relevé des valeurs de crête pouvant atteindre 80 décibels (dB) à certains moments, correspondant à un seuil d’alerte pour une exposition quotidienne de huit heures.

Mais aucune réglementation ne s’exerce en la matière dans les lieux publics pour les simples usagers, si ce n’est en ce qui concerne les endroits diffusant de la musique, amplifiée régis par le Code de l’environnement (discothèques, salles de concert).

Le décret n° 98-1143 du 15 décembre 1998 en limite à 105 dB, en moyenne, les niveaux sonores. « // faut plus de seize heures de repos à nos oreilles pour récupérer de deux heures passées à écouter de la musique à 105 dB. Qui respecte ce conseil ?», interroge Sébastien Leroy, porte-parole de l’association JNA (Journée nationale de l’audition).

D’autre part, si le seuil de danger se situe à 85 dB pour huit heures d’exposition quotidienne, le seuil de la douleur n’est atteint que vers 120 dB.

Les lésions ne sont donc pas perceptibles sur le coup.

Un début de prise de conscience

Dans les magasins, la législation du travail fixe, pour les salariés, la limite à 80 dB sur huit heures. Certaines enseignes, diffusant régulièrement de la musique amplifiée afin d’inciter à l’achat, avec beaucoup de basses pour séduire les jeunes, peuvent obtenir des dérogations : la limite est alors tolérée à 94 dB.

« Certains clients se sentent agressés et sont moins disposés à un achat dans ces conditions, remarque Sébastien Leroy. Du coup, un marketing sensoriel est aujourd’hui développé (bruits d’oiseaux, musique zen, diffusion d’huiles essentielles, lumières douces…)» La tolérance au bruit se réduit.

Transporteurs, industriels, villes en prennent aussi conscience, innovations technologiques et initiatives à l’appui : rails avec semelles composites et/ou meulés pour réduire le bruit de roulement au moteur d’avions, façades et toits d’immeubles végétalisés servant d’écrans antibruit, cloisons acoustiques mobiles et sous plafonds pour faire baisser les 85 dB des cantines scolaires, zones calmes dans les villes (parc ou ilot où le bruit n’excède pas 45 dB)…

Des premières solutions de gestion du bruit dans l’environnement, encore trop rares.

Isabelle Guardiola Lu dans  » Valeurs mutualiste « .