Instrumentalisations de l’Islam à des fins inavouables

Rappelons aussi que l’affirmation fausse et mensongère que l’Islam n’était pas présent sur le territoire de la République en 1905 ne repose que sur une lecture révisionniste de l’Histoire.

En 1905, il y avait 3 départements français en Algérie qui regroupaient 10 millions de musulmans, soit le double d’aujourd’hui en France.

La loi de 1905 avait prévu d’être appliquée en Algérie. Les nationalistes et indépendantistes algériens n’ont cessé de réclamer son application. Mais les tenants du colonialisme voulaient tenir les imams pour tenir les indigènes. C’est aujourd’hui le même scénario qu’on veut nous rejouer : tenir les imams pour tenir la couche la plus défavorisée de la classe ouvrière et imposer le talon de fer du Capital sur le Travail.

Quand ce gouvernement propose que l’université forme les imams et délivre des diplômes religieux, il s’agit d’une violation de la loi de 1905. L’État n’a pas à s’ingérer dans la gestion des cultes et à former les religieux. Ce n’est pas la République qui forme les prêtres dans les séminaires.

Le gouvernement Hollande/Valls s’inscrit dans les pas du gouvernement Sarkozy/Fillon qui, par les accords Kouchner/Vatican, voulait que les établissements religieux puissent délivrer des diplômes ecclésiastiques au nom du processus de Bologne de l’Union européenne et que la République les reconnaisse à égalité avec les diplômes délivrés par l’université. C’est la remise en cause du principe du monopole de la collation des grades qui a fondé l’université républicaine en 1880.

La présence de l’Islam en France ne justifie en rien une quelconque modification de la loi de 1905, car c’est une loi de Séparation DES Églises et de l’État.

Ses principes s’appliquent donc à toutes les religions. Le bouddhisme, qui compte 600 000 adeptes en France, a parfaitement pu s’intégrer dans les associations cultuelles prévues par la loi de 1905 sans qu’il y ait besoin de modifier ou de suspendre la loi de 1905. Ce qui est valable pour le bouddhisme est valable pour l’Islam. Prétendre autre chose ne procède que d’une volonté de remettre en cause la Séparation des Églises et de l’État.

Tout cela porte un nom : le retour du Concordat

Depuis les attentats de janvier 2015, le gouvernement ne cesse d’instrumentaliser les religions pour ses objectifs car, pour lui, les responsables des cultes représentent tous ceux qui sont censés, à tort ou à raison, en être membres. C’est la pleine logique communautariste. En instrumentalisant l’Islam et les musulmans réels ou supposés, c’est le contrôle de l’État sur les religions qui revient, contrôle qui avait été aboli par la loi de Séparation des Églises et de l’État de 1905.

En prétendant, comme Nicolas Sarkozy, désigner les « dirigeants » du culte musulman, c’est le retour au statut de l’indigénat qui réapparaît. L’État tient les imams qui tiennent eux-mêmes les « musulmans ». C’est la tentation néocoloniale et impérialiste qui fait son grand retour. Mais il faut tenter de casser le lien qui unit les citoyens entre eux quelle que soit leur appartenance religieuse supposée, comme il faut casser le lien entre les salariés pour les opposer entre eux au nom de leur appartenance « communautaire ».

C’est ainsi que des apprentis-sorciers et les idiots utiles du patronat veulent introduire la problématique de la laïcité dans le Code du Travail qui garantit la liberté d’opinion des salariés dans les entreprises privées au nom de l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789.

Ainsi est mise en avant, avec force publicité, la « charte » du Groupe Paprec qui entend interdire toute « expression religieuse ET politique » dans les entreprises. Et demain, les libertés syndicales seront-elles vouées aux gémonies ? Les libres penseurs et les syndicalistes ouvriers ne laisseront pas faire cette ignominie.

Bas les pattes devant le Code du Travail !

Il s’agit d’une remise en cause de la séparation de la sphère publique et de la sphère privée qui est le fondement de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Églises et de l’État. Quand la laïcité est partout, elle n’est nulle part.

Les mêmes, qui ne cessent de nous parler de laïcité, refusent obstinément d’exiger l’abrogation de la loi Debré du 31 décembre 1959 qui organise le détournement chaque année de plus de 10 milliards d’euros de fonds publics pour les écoles catholiques.

SOURCE DE L’ARTICLE : FÉDÉRATION NATIONALE DE LA LIBRE PENSÉE