Show cacao

En forme d’anus ou de plug, en Père Noël ou en format prêt-à-sniffer, le chocolat n’a pas fini de nous faire fondre.

Emballé pour les fêtes ou en en-cas pour le goûter, il paraît bien sage, le chocolat. Avec le carré sous la langue, il est bien rond en bouche, bien croquant mais bien fondant aussi, le chocolat. Il est toujours là, consensuel et séduisant, sur la table de chevet des amoureux, dans le placard des ménages et dans une autre très bonne planque : l’imaginaire collectif, où il prend des allures d’aliment-réconfort antidépresseur, antioxydant, anti-tout -ce-que-vous-voulez. A trop en voir et à en bouffer toute l’année, le chocolat devient presque ennuyeux; une sucrerie pour palais ramolli que l’on déguste souvent sans surprises, machinalement.

Peut-être pour toutes ces raisons, l’aliment chocolat sert de base arrière pour faire passer des messages anticonformistes. Mieux, il semble être devenu en l’espace de quelques années une des icônes de la subversion.

Tenez, en octobre 2014, dans l’ambiance feutrée de la Monnaie de Paris, Paul McCarthy utilisait le chocolat pour livrer une lecture critique de la société de consommation et de son obsolescence programmée. Dans sa Chocolate Factory étaient moulées en surproduction des figurines à l’effigie du Père Noël ou de plugs anaux.

Disponibles dès la sortie de l’exposition, elles posaient aux visiteurs une question au goût noir-amer : qui finalement, de l’œuvre d’art ou du chocolat, est ici à consommer? Outre-Manche, l’artiste Magnus Irvin s’est fait connaître pour avoir transposé ce qui était à l’origine une œuvre en un véritable succès commercial et gourmand.

L’objet du fantasme?

Un moule en forme d’anus dont il se sert pour créer des bouchées au chocolat noir, blanc ou au lait. Ces « anus comestibles » que l’on s’arrache sur edibleanus.com permettent, selon Irvin, de faire (littéralement) « fondre les frontières entre les classes, les races et les orientations sexuelles ».

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L’ultime pied de nez pourrait venir du Chocolate Shooter, une invention mise au point par Dominique Persoone, chocolatier belge, après avoir participé à l’organisation d’une fête chez Ron Wood, guitariste des Rolling Stones

Le principe?

Proposer aux amateurs de sensations fortes et autres cacao dépendants de sniffer la poudre de chocolat. Et permettre ainsi au chocolat de franchir la dernière ligne.

Léo Bourdin –Les Inroks N°1005