Plan de paix entre Ukraine et Russie. Revue de presse.

Un accord de paix a été signé ce matin 12 février 2015 entre la Russie et l’Ukraine. Sera-t-il appliqué, est la question en attente de réponse? MC

Ukraine : un accord sur un plan de paix a été trouvé à Minsk

Pour Le Monde.fr avec AFP | 12.02.2015 – 12h16

Un accord sur un plan de paix en Ukraine a été trouvé, jeudi 12 février au matin à Minsk (Biélorussie), après plus de quatorze heures de négociations. Les quatre dirigeants russe, ukrainien, français et allemand se portent garants d’un compromis qui a été signé par des émissaires ukrainiens et russes, les séparatistes et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Un cessez-le-feu doit prendre effet samedi à minuit, a annoncé Vladimir Poutine à la sortie de la réunion, pour qui les chefs d’Etat « ont pu s’entendre sur l’essentiel ». François Hollande a confirmé « un accord sur le cessez-le-feu et un règlement politique global ».

Les détails de l’accord annoncés par M. Poutine, puis le président ukrainien, Petro Porochenko, recoupent largement les lignes d’un premier protocole signé à Minsk, déjà, en septembre et jamais réellement engagé.

La chancelière allemande, Angela Merkel, voit dans l’accord de jeudi « un espoir », a fait savoir son bureau, mais elle souligne qu’elle ne se fait « aucune illusion » sur cet accord, précisant qu’il demeure encore « de gros obstacles » à surmonter avant d’arriver à une solution au conflit.

ZONE DÉMILITARISÉE

Sur le plan militaire, il s’agissait de définir la ligne de démarcation entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses dans l’est du pays, ce qui posait la question des gains territoriaux effectués par les séparatistes dans leur offensive lancée mi-janvier. Le president ukrainien, Petro Porochenko, a annoncé qu’un retrait des armes lourdes et des troupes commencerait deux jours après le cessez-le feu, et se poursuivrait sur un délai de quatorze jours. Il doit permettre l’instauration d’une zone tampon démilitarisée de 50 à 70 km entre les belligérants (contre 30 km selon le précédent accord). Les Ukrainiens doivent se retirer à partir de la ligne de front actuelle alors que les rebelles doivent, eux, se retirer derrière la ligne de front du mois de septembre.

Selon M. Porochenko, les deux camps auront dix-neuf jours après le cessez-le-feu pour libérer leurs otages. L’accord mentionne également, selon lui, la possibilité pour l’Ukraine de reprendre le contrôle de la frontière dans les régions de Donetsk et Louhansk.

Sur le plan politique, l’Ukraine devra réformer sa Constitution « pour respecter les droits des habitants de l’Est », selon M. Poutine. M. Porochenko a précisé que l’accord ne concédait pas l’autonomie des régions tenues par les séparatistes, ni ne mentionnait une « fédéralisation » du pays. Ces régions sont aujourd’hui de facto coupées de l’Ukraine, ruinées par la guerre, et leur survie financière n’est assurée ni par l’Ukraine ni par la Russie. L’Ukraine s’est s’engagée dans une réforme constitutionnelle sur le statut de ses régions, dans laquelle se joue, sous la pression de Moscou, la viabilité de l’Etat ukrainien.

Lire : Quels sont les points de discussions d’un accord sur l’Ukraine ?

D’INTENSES COMBATS ATTENDUS AVANT LE CESSEZ-LE-FEU

Vladimir Poutine a noté, à l’issue des négociations, qu’une ville de l’Est restait un point de désaccord entre lui et M. Porochenko. Debaltseve, un nœud ferroviaire et routier situé à mi-chemin de Donetsk et Louhansk, tenu par l’armée ukrainienne, est actuellement encerclé par les séparatistes. Des combats y ont lieu depuis des mois, et ont redoublé d’intensité ces dernières semaines. Selon M. Poutine, les forces ukrainiennes qui défendent la ville doivent se rendre. Les séparatistes ont deux jours et demi pour la prendre avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.

Par ailleurs, avant même la signature de l’accord, le Fond monétaire international a annoncé avoir proposé à l’Ukraine un nouveau prêt de 15,5 milliards d’euros sur quatre ans, en échange de réformes. L’économie ukrainienne frôle actuellement la faillite. Ce prêt va donner un peu d’air aux autorités pour lancer des négociations plus larges avec leurs créanciers privés sur un possible allégement de la dette, qui dépasse les 73 % du PIB.

Le monde : Permalien


Pour Le Point

Russie-Ukraine : un accord douteux ?

« On peut tout de même avoir quelques doutes quant à la réelle application de cet accord », nous explique Marc Nexon, journaliste monde de la rédaction du Point. « D’abord parce que le précédent n’a pas été respecté », rappelle-t-il. « Le cessez-le- feu avait été violé une bonne dizaine de fois, juste une semaine après la conclusion de cet accord en septembre dernier », se souvient le spécialiste. Qui se demande également quel intérêt les séparatistes, aidés des Russes, auraient à cesser les hostilités dans la mesure où cela tourne à leur avantage.

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Le Point : Permalien


Pour Le Figaro …

La Russie et l’ Ukraine trouvent un accord de paix à l’ arraché

Après seize heures de négociation, les quatre dirigeants russe, français, ukrainien et allemand ont conclu un accord destiné à établir un cessez-le-feu dans le sud de l’Ukraine et à promouvoir un règlement «politique global de la crise», selon une déclaration de François Hollande. (…) «Nous nous sommes engagés avec la chancelière à contrôler la mise en œuvre» du plan de paix, a précisé le chef de l’État, évoquant un «espoir sérieux» de mettre fin au conflit dans le Donbass. «Il reste des efforts importants à accomplir et beaucoup de travail devant nous mais cette solution est préférable» au statu quo actuel, a déclaré pour sa part Angela Merkel, aux côtés de François Hollande. Les deux dirigeants se sont mutuellement remerciés et ont vanté le travail accompli par le couple franco-allemand. (…)

Des points à préciser

Ces mêmes séparatistes avaient menacé en fin de matinée, jeudi, de ne pas signer l’accord conclu lors du sommet quadripartite. Forts de leurs succès militaires de ces derniers mois, ils contestaient la délimitation de la ligne de front à partir de laquelle les armes lourdes devaient être retirées, obligeant les signataires à avaliser un compromis boiteux. Le degré d’autonomie de leur future région, qui n’est pas clairement défini dans le texte, était également jugé insuffisant. François Hollande a remercié Vladimir Poutine pour avoir «exercé toute la pression nécessaire» sur les rebelles, tandis qu’Angela Merkel appelait le chef du Kremlin à «poursuivre les contacts» avec ces derniers.

Vladimir Poutine n’a pas eu la même lecture des événements: il a reproché à son homologue ukrainien, Petro Porochenko, d’avoir refusé le dialogue avec les représentants de Donetsk et Lougansk, tandis que ce dernier quittait Minsk la mine sombre…

Le Figaro : Pierre Avril –  Permalien


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