SWISSLEAKS : HSBC, un scandale planétaire.

L’ampleur du scandale est inédite. La banque HSBC est impliquée dans une fraude dont le montant s’élève à 180 milliards d’euros. C’est ce que révèle une enquête internationale à laquelle plus de 150 journalistes de 60 pays ont collaboré.

« C’est le plus grand acte d’accusation contre les méthodes des banques suisses », écrit L’Espresso. « Le coup est immense, retentissant », écrit le quotidien Le Temps. Les superlatifs sont de mises ce matin dans la presse mondiale pour qualifier le scandale qui touche la banque britannique HSBC et sa filiale à Genève.

Entre 2006 et 2008, l’informaticien Hervé Falciani a soustrait des milliers de données concernant des comptes de clients de la filiale suisse de la banque HSBC. D’après les enquêteurs, plus de 180 milliards d’euros auraient transité par les comptes HSBC de plus de 100 000 clients à Genève et de 20 000 sociétés offshore.

Parmi cette clientèle ayant pratiqué l’évasion fiscale, on trouve des chefs d’entreprises, des hommes politiques, des têtes couronnées, des sportifs de haut niveau, des personnalités du show-business ou encore des trafiquants d’armes.

ITALIE

« Les comptes noirs de la Suisse, voici qui est sur la liste Falciani », titre l’hebdomadaire italien L’Espresso qui a participé à l’enquête internationale. 7000 citoyens italiens figurent sur cette liste, parmi lesquels le styliste Valentino Garavani, l’homme d’affaire et directeur d’écuries de Formule 1 Flavio Briatore et le pilote de moto Valentino Rossi. “La banque a recyclé les trésors de nombreuses autres personnalités internationales : de la top model australienne Elle MacPherson aux acteurs Christian Slater et Joan Collins en passant par le roi de Jordanie Abdullah II et le prince du Bahrein Salman bin Hamad al Khalifa”, écrit encore l’hebdomadaire.

GRANDE BRETAGNE

Les médias ont-ils raison de publier les noms des titulaires des comptes ? Oui, selon The Guardian, un des journaux à avoir mené l’enquête. Certes, « certains clients riches ont seulement utilisé des failles fiscales […] les critiques diront qu’ils ont juste exploité ou interprété la loi à leur avantage, mais qu’ils ne l’ont pas violée.

D’autres ont gardé leur argent en Suisse pour le soustraire aux impôts tout en faisant des dons à des partis politiques au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis ». Pour une partie des clients, « il existe des preuves qu’ils ont aussi fait du trafic de drogues, payé des pots-de-vin, fraudé, aidé à financer des terroristes ou pillé leur propre pays ». Dans tous les cas, « le public a le droit de le savoir ».

Quant aux pertes pour le fisc britannique, la banque aurait permis à 8 000 clients britanniques de stocker un total de £ 21 milliards [€ 28 milliards] en Suisse, précise le Times, dont une partie était mis sur des comptes non-déclarés.

SUISSE

Les informations confidentielles volées par « l’informaticien renégat » Hervé Falciani et remises au fisc français et aux journalistes du Monde remontent à la période entre 2006 et 2008. « Elles dévoilent, comme jamais auparavant, les relations entre banquiers suisses et leurs clients étrangers durant l’âge d’or du secret bancaire”, écrit Le Temps.

Tout en détaillant l’enquête à laquelle ses journalistes ont activement participé, le quotidien suisse se refuse à diffuser les noms de certains clients touchés par l’affaire. « Conformément aux principes usuels en Suisse, Le Temps et ses partenaires médias helvétiques ont décidé de ne pas publier leurs noms.

Être riche ou célèbre n’est pas, en soi, une raison suffisante pour voir divulgués les détails d’une situation financière. En revanche, l’intérêt public justifie de publier les noms de personnalités politiquement exposées dont il est connu qu’elles sont sous enquête, de criminels condamnés, de hauts personnages impliqués dans des comportements douteux. » Le quotidien cite toutefois le nom de Frantz Merceron, un ancien ministre des Finances haïtien ayant joué un rôle dans le pillage de l’île par Jean-Claude Duvalier.

MAROC

« Selon les documents confidentiels obtenus par Le Monde, un compte bancaire au nom de ‘Sa Majesté le roi Mohammed VI’, codétenu avec son secrétaire particulier, Mounir Majidi, a été ouvert le 11 octobre 2006 chez HSBC Private Bank à Genève. Entre l’automne 2006 et le 31 mars 2007, période couverte par les listings que nous avons pu consulter, le montant maximal enregistré sur ce compte était de 7, 9 millions d’euros », rapporte le site marocain Demain Online. « Or, il est en principe illégal, pour des Marocains résidant au Maroc, de détenir un compte bancaire à l’étranger. » Ces informations font le buzz sur les réseaux sociaux – “SwissLeaks : Sa Majesté Mohammed VI, client numéro 5090190103 chez HSBC” – alors qu’au terme d’une période d’un an de brouille diplomatique entre Paris et Rabat, Francois Hollande et Mohammed VI vont se rencontrer ce lundi 9 février à Paris.

L’hebdomadaire Tel Quel relève pour sa part qu’une « guerre médiatique semble sur le point de commencer ». Entre, d’une part, « deux journalistes d’investigation du quotidien français Le Monde”, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui mènent une enquête sur les comptes bancaires de la famille royale à l’étranger, et d’autre part le site d’information Le360.ma qui aurait court-circuité le travail des deux journalistes en publiant le 4 février des informations sur une “pseudo investigation”, menée par les deux journalistes sur “un compte bancaire du souverain ainsi que celui de certains membres de la famille royale”. A noter, comme le rappelle le site Demain Online, que “le vrai propriétaire” du site 360.ma n’est autre que Mohamed Mounir Majidi, le directeur du cabinet du roi. Selon Le360.ma, « des milieux francomarocains et algériens, soutenus par une horde de ‘contestataires’ du royaume” sont impliqués dans ces investigations. Tel Quel signale que le travail des journalistes du Monde fera l’objet d’un article mais aussi d’un livre, qui doit sortir prochainement, sur la fortune du roi Mohammed VI.

MEXIQUE

Le Mexique est en première ligne dans la révélation de noms de milliardaires détenteurs de comptes HSBC en Suisse. Le quotidien Proceso rapporte que plus de 2,2 milliards de dollars des sommes évoquées par l’enquête sont liées à des Mexicains pour un ensemble de quelque 2 642 comptes. Deux figures apparaissent principalement dans la presse : Carlos Han Rhon et Camil Garza. Le premier est un homme d’affaires issu de l’une des familles les plus puissantes du Mexique, classée comme la 8e plus grosse fortune du pays, explique Proceso. Il a fait l’objet de plusieurs enquêtes judiciaires au Mexique, aux Etats-Unis, en Suisse et en France pour des délits présumés de blanchiment d’argent et de collusion avec le trafic de drogue. Le second, Camil Garza, est lui aussi multimillionnaire et en bute à des ennuis judiciaires : les Etats-Unis ont enquêté en 2013 sur son rôle supposé d’intermédiaire dans une affaire de pots-de-vin versés en 2004 par le groupe allemand Siemens à des fonctionnaires mexicains du groupe pétrolier public Pemex.

De son côté, le site d’enquête La Huella digital de la chaîne de télévision hispanophone Univision, basée à New York, publie un texte détaillé sur les riches bénéficiaires de comptes HSBC en Suisse, et souligne que 44 comptes mexicains de la liste affichent des avoirs supérieurs à 15 millions d’euros chacun.

FRANCE

Des ressortissants français n’échappent pas a cette liste, l’article entend montrer l’étendue de la corruption à l’échelle planétaire. MC

Courrier international Permalien


Voir aussi  http://wp.me/P2DuMA-1xH et http://wp.me/P2DuMA-1xT