La presse européenne préoccupée par le vote du Doubs.

Jamais la presse européenne ne se sera intéressée d’aussi près à la 4e circonscription du Doubs !

C’est que le deuxième tour de la législative partielle, qui aura lieu le 8 février, sera un test majeur pour François Hollande… et Nicolas Sarkozy. (et le FN).

La candidate FN en tête avec 32,6 % des voix. La surprise du candidat socialiste qui, avec 28,8 % des suffrages, sera présent au second tour. L’élimination de l’UMP dès le premier tour. « L’élection législative partielle dans le Doubs était le premier vrai test de l’humeur électorale des Français après les attaques terroristes du mois dernier », note le quotidien britannique The Independent.

De son côté, le Financial Times estime que « la présence inattendue du Parti socialiste au second tour de la législative partielle fait espérer aux partisans de François Hollande que le regain de popularité du président qui a suivi les attentats de Paris pourrait marquer le retour de leur chance ».

Dilemme simple

Espoir pour François Hollande, pression pour Nicolas Sarkozy : c’est ainsi que le second tour du 8 février est largement commenté. « La pression pèse aujourd’hui sur les épaules de Monsieur Sarkozy, qui devra dire [le 3 février, lors de la réunion du bureau politique de l’UMP(1)] s’il décide ou non de soutenir le candidat socialiste au second tour”, avertit le Financial Times. « Le président de l’UMP a la tâche délicate de réconcilier des vues divergentes. La numéro 2 du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet, a déjà déclaré que ‘personnellement’, elle voterait pour le candidat socialiste », explique le quotidien des affaires. Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, s’est lui aussi exprimé en ce sens.

« Le dilemme qui se pose à l’ancien président est simple : décider de soutenir le candidat socialiste ou rompre l’ambiance d’union nationale qui s’est installée dans le pays depuis les attentats de Paris en refusant d’apporter son soutien à l’un ou l’autre des candidats”, résume le Financial Times.

Courrier international

Version Le Figaro – Garat Jean-Baptiste -Extrait

Au terme d’un bureau politique marathon ponctué de «crises de colère» et de «phrases définitives», le parti a réaffirmé dans la douleur la doctrine du «ni-ni», contre l’avis de Nicolas Sarkozy, d’Alain Juppé et de NKM.

Y avait-il moyen de satisfaire tout le monde à l’UMP à cinq jours du second tour FN-PS dans le Doubs? Probablement pas, se consoleront les sarkozystes au terme d’une journée éprouvante pour leur champion. Après trois jours de déclarations contradictoires et deux heures et demie de huis clos en bureau politique, les dirigeants de l’UMP ont arrêté leur position pour le second tour de la législative partielle de dimanche prochain. «Confirmant sa position constante, l’UMP appelle tous ceux qui se reconnaissent dans ses valeurs à exprimer leur double opposition en votant blanc ou en s’abstenant», stipule la déclaration finale.

Version Le Parisien -Vernet Henri -Extrait

Nicolas Sarkozy est-il vraiment le chef de l’UMP ? Sur le dossier brûlant, et fondamental, de la conduite à tenir vis-à-vis du FN, il a été tour à tour, en quarante-huit heures, débordé d’emblée par les déclarations de ses rivaux de la primaire de 2016, contesté et chahuté par ses lieutenants, et, surtout, hier soir, carrément désavoué par son propre parti lors du bureau politique. Une fois de plus, le FN sème la zizanie et la pagaille, pour ne pas dire un vent de panique, au sein du grand parti de droite. Comme ce fut le cas à la fin des années 1980, quand la montée du parti de Jean-Marie Le Pen mit à mal l’autorité de Chirac.

Version L’Opinion – Godeau Rémi -Extrait

Tout ce barnum autour de la vraie-fausse consigne de vote pour le scrutin du Doubs révèle une vérité plus crue encore que les calculs électoralistes : l’UMP, comme le PS, n’a plus de cohérence idéologique, ou si peu. Le ni-ni ? Il masque un vide doctrinal, ciment d’une synthèse impossible : le non-choix a détrôné le bon choix. Le duel ravivé entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé trahit l’ambiguïté stratégique d’un mouvement tiraillé entre l’alliance au centre et les thématiques régaliennes défendues par le Front national. Résultat : un psychodrame

Version Slate.fr – Lebourg Nicolas-Extrait

Alors, dans le Doubs, «front républicain» ou «chacun pour soi» tendance «ni-ni»? Cette ritournelle n’en finit pas, avec ses inexactitudes routinières, que nous avions déjà évoquées dans un cas précédent. L’essentiel des cadres de l’UMP affirment aujourd’hui que le Front républicain est un leurre et qu’il participe de l’indifférenciation de l’offre politique hors Front national. Cela n’est pas faux, mais sert aussi à donner un habillage à d’autres problèmes.

Version l’Humanité -Lionel Venturini – Extrait

Le bureau de l’UMP devait trancher, hier soir, sa position pour le second tour de la législative partielle du Doubs qui voit s’opposer le candidat PS et la candidate FN. Mais après le refus de se prononcer par Nicolas Sarkozy, dans un « ni-ni » renvoyant dos à dos gauche et Front national, la position finale du parti faisait peu de doute. Pourtant, le parti d’opposition est fortement divisé sur l’attitude à avoir dans cette élection qui a vu son candidat éliminé du second tour. François Fillon, qui auparavant entendait, dans pareil cas de figure, appeler à voter « pour le moins sectaire », a résumé son refus du front républicain devant les députés UMP : « Pas de complaisance avec le FN, pas d’indulgence avec le PS. » On ne répond pas par la morale à une question politique, devait déclarer de son côté Bruno Le Maire pour justifier lui aussi de laisser les électeurs de droite du premier tour devant leur conscience. À l’inverse, Alain Juppé prône de voter PS face au FN. Autre responsable UMP de premier plan désormais, Nathalie Kosciusko-Morizet n’est pas non plus sur la ligne Sarkozy. La numéro deux de l’UMP a appelé, « sans gaieté de cœur », à voter PS, consciente, devant les députés UMP, « d’être minoritaire ». « Si vous saviez la souffrance que j’ai depuis deux jours à entendre ce que j’entends ! » aurait alors lâché Sarkozy devant les députés. Oubliant l’essentiel : son candidat est disqualifié pour le second tour, témoignant que le nouveau patron de l’UMP patine dans son nouveau rôle, incapable d’impulser une dynamique à droite.