La précarité énergétique

Il faut aider les ménages à payer leurs factures

Tarifs sociaux, trêve hivernale pour les coupures de gaz et d’électricité… Avec l’aide des chercheurs et des associations, la population et les pouvoirs publics commencent à prendre véritablement conscience de l’ampleur de la précarité énergétique.

Dans son premier rapport (1), publié à l’automne dernier, l’Observatoire national de la précarité énergétique estimait que 5 millions de foyers, sur un total de 25 millions, étaient concernés.

Cela représente plus de 11 millions de nos concitoyens.

Selon toute vraisemblance, la situation se dégrade sous l’effet, d’une part, de la diffusion de la crise économique à un cercle toujours plus large de personnes et, d’autre part, de la hausse des tarifs du gaz, de l’électricité, du fioul, etc.

L’Observatoire — au sein duquel l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) joue un rôle important— distingue un premier groupe de ménages à faibles revenus, qui consacre plus de 10 % de ses revenus à ses dépenses d’énergie. Cette population est plutôt âgée, vivant en milieu rural et propriétaire.

La précarité énergétique est caractérisée ici par la mauvaise isolation du logement. Il faut y ajouter un second groupe de foyers, plus souvent urbains, jeunes et locataires dans le parc social. Ces ménages déclarent même souffrir du froid, soit à cause d’une installation de chauffage insuffisante, soit parce qu’ils limitent volontairement leur consommation d’énergie pour viser un objectif : limiter le montant de leurs factures.

La précarité énergétique est sans doute plus importante encore, car nous ne mesurons pas avec une précision suffisante le nombre de familles qui se privent de chauffage, ni le nombre de personnes dépendantes de leur voiture — et donc du prix des carburants pour aller travailler, se rendre aux guichets des administrations, etc., parce qu’elles vivent dans des zones rurales où les transports en commun font particulièrement défaut.

Chèque-énergie et rénovation du logement sont nécessaires

Il y a urgence à aider les plus démunis à payer leurs factures de chauffage. Tout comme l’Observatoire, l’ADEME recommande l’entrée en vigueur rapide du « chèque-énergie » qui a été voté par les députés dans le cadre du projet de loi sur la transition énergétique (2). Celui-ci aidera au paiement des factures quelle que soit l’énergie utilisée, contrairement aux tarifs sociaux qui ne concernent que le gaz et l’électricité.

En outre, les travaux de rénovation sont très souvent nécessaires pour augmenter le confort des familles, tout en diminuant le montant de leurs factures. Ce volet de la lutte contre la précarité énergétique est d’autant plus important que les prix des combustibles devraient à terme continuer à augmenter en raison, notamment, de l’épuisement des énergies fossiles et du vieillissement des centrales nucléaires.

C’est pourquoi il faut impérativement que les pouvoirs publics maintiennent au-delà de 2015 les dispositifs de soutien à la rénovation énergétique et qu’ils y affectent les moyens budgétaires nécessaires.

Bruno Lechevin, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME)

  1. Le premier rapport de l’ONPE, paru en septembre 2014, est consultable sur le site www.onpe.org
  2. Ce projet de loi doit être examiné au Sénat en séance publique, en février 2015.

 

«Près de cinq millions de foyers sont concernés par la précarité énergétique, ce qui représente plus de 11 millions de nos concitoyens.

Et la situation se dégrade, d’une part, sous l’ effet de la diffusion de la crise économique à un cercle toujours plus large de personnes et, d’ autre part, en raison de la hausse des tarifs de l’ électricité, du gaz et du fioul.»