Ebola …

Le spectre d’Ebola rôde désormais dans nos contrées. Tant que l’épidémie restait confinée en Sierra Leone, au Liberia ou en Guinée, l’émotion suscitée en Occident demeurait limitée. Et, corrélativement, la mobilisation pour aider ces pays très pauvres à maîtriser le fléau restait faible, les laissant se débrouiller dans un désarroi sans nom. Mais avec les premiers cas apparus en Espagne ou aux Etats-Unis, le branle-bas de combat est devenu général.

 Cette épidémie rappelle une leçon trop oubliée : si, au sein d’une collectivité humaine, on ne fait pas ce qu’ il faut pour permettre aux pauvres d’ avoir des conditions de vie décentes et pour les soigner, les riches risquent, eux aussi, de tomber plus souvent et plus gravement malades.

Certes, partout dans le monde, riches et pauvres habitent rarement aux mêmes endroits, mais il leur arrive de se croiser. Ne serait-ce que parce que les pauvres travaillent généralement, d’une façon ou d’une autre, pour le compte des riches. Bref, la santé est ce que les économistes appellent un bien public qui nécessite une action publique forte pour être préservé.

Or, dans ce cas précis, la situation en Afrique de l’Ouest a été aggravée par les politiques d’ajustement structurel si longtemps prônées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Dans ces pays, elles ont affaibli les services publics, et notamment les services de santé.

Lesquels souffrent également des politiques des pays riches qui, pour combler leur déficit en personnels spécialisés, cherchent à attirer médecins et infirmières d’Afrique. Sans oublier le contrecoup de la sévère cure d’austérité qu’a dû subir l’Organisation mondiale de la santé ces dernières années, au nom de l’idéologie ultralibérale.

Nous en avons perdu la mémoire, mais nous avons nous aussi connu dans un passé qui n’est pas si ancien des épisodes de ce type. (…)

Bref, (…) il est plus que temps de se rendre compte que nous sommes tous les habitants d’un seul et même village planétaire !

D’après un article de Guillaume Duval – Alternatives Economiques n° 340 – novembre 2014 (extraits)  – Permalien