La « Caverne du Pont d’Arc » ou …

La restitution de la grotte « Chauvet », comme si vous y étiez

PATRIMOINE. La réplique de la grotte ardéchoise, joyau de la préhistoire, ouvrira au public en avril 2015. Reportage sur un chantier déjà bien avancé. Premières sensations bluffantes.

Sur la paroi, des dizaines d’empreintes de mains rouges dessinent les contours d’un rhinocéros. Nous sommes dans la salle Brunet, l’une des plus importantes de la grotte Chauvet (Ardèche). Ou presque. Si ce n’était les ouvriers qui s’affairent encore sur le chantier, le bruit des engins, il serait difficile d’imaginer que nous sommes dans sa réplique, actuellement en construction à quelque 3 km à vol d’oiseau du site véritable.

Le pari était titanesque : réussir à recréer pour les visiteurs la même émotion que celle ressentie par les découvreurs de cette merveille de la préhistoire. Explorée pour la première fois le 18 décembre 1994, cette cavité exceptionnelle, regroupant quelque 1.000 peintures dont les plus anciennes datent de 36.000 ans, n’a jamais et ne sera jamais ouverte au public. Conservation de ce trésor, classé depuis peu au Patrimoine mondial de l’humanité, oblige. Dès 1995, l’idée, à l’exemple de Lascaux, de construire un fac-similé avait été lancée.

Aujourd’hui, ce pari est en passe d’être réussi. Dès l’entrée, l’impression est bluffante. Sur les plafonds, à 4 ou 5 m de hauteur, il ne manque pas une stalactite. Tout autour, les concrétions, comme une immense « méduse », sont criantes de réalisme. Les sols aussi ont été reconstitués, jusqu’aux deux gros effondrements qui creusent ceux de la grotte originale. Dans une autre salle, de nombreux ossements, d’ours des cavernes principalement mais aussi de bouquetins ou loups, jonchent la surface rougeâtre. Les visiteurs les découvriront en arpentant une passerelle, placée un peu au-dessus.

Les grands panneaux, dessinés ou gravés par les hommes de l’aurignacien (39.000-28.000 ans), sont pour la plupart déjà en place, comme celui très impressionnant des chevaux, réalisé au charbon de bois. Pour le moment, ils sont encore protégés par un plastique transparent « Près de 80 % sont déjà livrés et installés. Il en manque quatre ou cinq, dont le grand panneau des lions qui est toujours en cours de réalisation à Toulouse », commente Michel Clément, chef du projet.

Si le premier rendu est impressionnant, le chantier en lui-même ne l’est pas moins. La caverne du Pont-d’Arc, son nom officiel, est la plus grande réplique jamais construite au monde. « Sur les 8.500 m2 de la grotte originale, nous proposons quelque 3.000 m2 à la visite, regroupant les parties les plus passionnantes. L’équivalent de dix fois Lascaux environ ».

Un travail qui a mobilisé près de 35 entreprises, dans la région mais aussi à Paris, Toulouse, Montignac, et des corps de métier aussi différents que des charpentiers, des plombiers, des plasticiens, des scénographes, des sculpteurs… « De 100 à 150 personnes travaillent chaque jour sur le fac-similé. Ici ou dans des ateliers. Dans la réplique elle-même, il peut y avoir jusqu’à 50 personnes en même temps », explique Michel Clément

Pour se rendre mieux compte de la gageure, il suffit de lever les yeux dans les parties encore en chantier. Des centaines de barres de fer, façonnées à la main, descendent des plafonds attendant d’être recouvertes de mortier pour former un relief identique à l’original au millimètre près. « C’est un boulot extraordinaire. Mais il faut bien comprendre que cette minutie n’aura pas été possible sans l’informatique et la modélisation en 3D. Chaque millimètre de la vraie grotte a été numérisé, grâce à la prise de 6.000 photos, pour permettre de restituer ses reliefs le plus fidèlement Ce qui nous a permis de faire des choses impossibles il y a dix ans… », se réjouit le député PS Pascal Terrasse. Comme quoi, la préhistoire va finalement devoir beaucoup à l’ère de l’ordinateur.

Christophe Levent – Le Parisien 1er aout 2014

Chauvet 1

Chauvet 2

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