Voilà une Info dont vous n’entendrez pas parler au JT de Pujadas: les abus de l’intermittence côté patronal
C’est que l’audiovisuel, public comme privé, est truffé d’intermittents qui ne devraient pas l’être.
Ces fameux« permittents ».
Leurs 900 heures annuelles avec le même employeur devraient logiquement suffire à requalifier leur contrat en CDI – une proposition formulée en 2013 par Jean-Patrick Gille.
Selon la Cour des comptes, ces « permittents » représenteraient 15 % des effectifs. En dépit des molles remontrances du pouvoir, qui n’a aucune envie d’augmenter la redevance, chaînes et sociétés de production usent et abusent du régime pour employer des techniciens pourtant en poste chaque soir – voir les récentes grèves qui ont touché les « Guignols de l’info » de Canal +, une émission diffusée pourtant, depuis vingt-six ans!
C’est que l’intermittence est un peu le rêve de tout patron : la possibilité de licencier du jour au lendemain, mais aussi de sous-payer les salariés. « L’exemple typique de fraude, explique Bérengère, 32 ans, réalisatrice à Paris, c’est quand tu es payée et déclarée 4 jours pour réaliser un programme qui en demande 10 en réalité. »
Et les 6 jours non déclarés ?
C’est l’ Unédic qui régale ! Si tant est, bien sûr, que l’intermittent réussisse à conserver ses droits malgré la sous-déclaration…
Un journaliste de télé témoigne d’un fonctionnement encore plus pervers : « La boîte de prod’ te déclare 5 jours mais t’en fait bosser 10. En retour, elle déclare des cachets plus élevés. Tout le monde est gagnant: la chaîne, car c’est moins cher de payer 5 cachets que 10, et toi, car tu vas toucher plus d’allocations. »
Des petits arrangements qui creusent la tombe de tout un régime.
De là, a généraliser il y a une porte qu’il ne faut pas franchir. MC
Pauline Graulle – Politis N°1313