Service civique – Service citoyen

Le service civique est une formule à succès. Depuis sa création en 2010, 60 000 jeunes ont pu mener une mission d’intérêt général auprès d’une association, d’une collectivité territoriale ou d’un établissement public.

Une douzaine de pré-ados se pressent auprès de Gwendoline, Jessica et Antony, les trois volontaires en service civique qui interviennent depuis novembre à l’école Carle Vernet de Bordeaux. Chaque élève propose ses activités préférées pour les prochaines interclasses du midi. Les idées fusent : bowling, lapin chasseur, paint bail, théâtre… « C’est la fin de l’année scolaire. L’objectif est avant tout de leur faire plaisir», explique Jessica, vingt et un ans.

La jeune femme prend à part une élève restée un peu en retrait. Celle-ci lui confie sa tristesse d’être séparée l’an prochain de sa meilleure amie, orientée vers un autre collège. Jessica écoute, conseille, et la fillette s’en retourne rassérénée. « Le fait d’être présents à l’école tous les jours a permis d’instaurer une grande complicité avec les enfants, note Gwendoline, vingt-trois ans. Ils nous appellent par nos prénoms, nous perçoivent de façon moins formelle que les animateurs de l’école, comme des grands frères ou sœurs. »

Un climat pacifié

Les trois volontaires ont opté pour la mission « Néo-citoyens » mis en place par l’association Unis-Cité dans six écoles bordelaises. Leur tâche consiste à organiser des ateliers centrés sur le bien vivre ensemble. Les élèves y sont mis au défi : jouer au foot en binôme garçon-fille, être capable de défendre le ballon au basket sans heurter les coéquipiers, préparer un film sur l’art de transformer les mauvais comportements en attitudes positives, etc. « Les enseignants nous ont dit combien les enfants avaient évolué depuis notre arrivée, observe fièrement Antony, vingt-quatre ans. Se côtoyer au travers des activités les incite à sortir de la violence verbale et physique.»

Au début, les élèves formaient des groupes autour de meneurs décidant des tours de parole de chacun. « Aujourd’hui, chacun a appris à s’exprimer sans avoir à demander l’autorisation à leur copain, remarque Jessica. Et tout en respectant les autres.» À la kermesse de juin, seront présentées les activités réalisées tout au long de l’année, ainsi que le grand projet monté en commun avec les enseignants : une fresque sur la coupe du monde de football représentant tous les pays participants, assortie des formules de politesse utilisées dans la langue de chacun d’entre eux.

Une aventure collective

Pour les trois volontaires dont la mission s’achève avec l’année scolaire, le service civique a servi de révélateur. Il a conforté des vocations : l’animation auprès des enfants pour Gwendoline, l’éducation spécialisée pour Jessica. «Je me suis découvert des qualités que je ne pensais pas posséder, comme la patience », remarque Gwendoline.

L’expérience a aussi comblé Antony. Se destinant à la vente, il souhaitait « se frotter au terrain» après avoir empoché le Bac : « Le service civique est un véritable tremplin. Nous sommes quasi-autonomes, libres de mener les projets comme on l’entend, tout en étant » soutenus par Unis-Cité.»

Tous les trois louent la chance d’avoir appris à travailler en équipe et, surtout, à donner un sens au mot « engagement » : « Se sentir utile à la société est plus valorisant que de faire un stage en entreprise», souligne Antony. Les enfants qui les entourent confirment : « Ils sont trop bien ! »


 

EN PRATIQUE

D’une durée de six à douze mois et indemnisé 573 € net par mois, le service civique est ouvert à tous les 16-25 ans. Il peut être effectué dans neuf domaines : culture et loisirs, développement international et action humanitaire, éducation pour tous, environnement, intervention d’urgence en cas de crise, mémoire et citoyenneté, santé, solidarité, sport. « C’est une bonne occasion pour les jeunes de se faire une expérience ou de remettre le pied à l’étrier», commente Vincent Raineau, responsable de l’antenne Unis-Cité Aquitaine, où le recrutement des volontaires s’effectue non pas sur leur profil mais sur leur motivation à vouloir s’engager. L’association, pionnière du service civique, a aussi instauré un fort tutorat. « Les volontaires bénéficient d’une formation, ils sont accompagnés par un coordinateur de projet et un chargé de formation qui les suit ensuite dans leur projet d’avenir»


 

Katia Vilarasau –Valeurs mutualistes N°291