Monsieur Bling-bling en garde à vue …

L’occasion de vérifier si « nul n’est au-dessus des lois … ».

Qui affirmait qu’il fallait «  passer cette racaille au Karcher ». Qui expédiait voir ailleurs le syndicaliste avec un cinglant  « casse-toi puv’con ». Qui …

Flamby n’est peut-être pas mieux mais au moins n’est pas grossier, avec lui c’est j’te l’enveloppe comment l’paquet de m… qu’mes fournisseurs et amis du MEDEF me donne!

En résumé de tout cela, c’est vraiment tristouille, la et les politiques d’aujourd’hui. MC

Une situation inédite

Depuis ce matin 01 juillet 2014, Nicolas Sarkozy est entendu dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre. Il y a rejoint deux magistrats de la Cour de cassation, Gilbert Azibert et Patrick Sassoust, ainsi que son avocat, Thierry Herzog, convoqués hier au même endroit et pour la même raison : l’information judiciaire ouverte le 26 février dernier pour trafic d’influence et violation du secret d’instruction.

Nicolas Sarkozy est en effet soupçonné d’avoir cherché à obtenir, par l’intermédiaire de son conseil, des renseignements sur une décision que devait rendre la Cour de cassation dans la procédure Bettencourt. En échange de quoi, une récompense aurait été promise à Gilbert Azibert, magistrat de la Cour de cassation.

Christophe Kantcheff – Politis- Permalien 


Pour le Nouvel/Obs-Rue/89

Pardon de ne pas jubiler

Sarkozy en garde à vue. Voici seulement quelques mois, ces cinq mots auraient suscité un coup de tonnerre. Une jubilation profonde, à savourer toute la journée, sans modération. Et aujourd’hui ? D’accord, la nouvelle chipe au foot la première place du journal de France Inter, mais à peine si elle glisse dans les nouvelles du matin. Tout juste si on a envie d’en rire, comme Didier Porte.

Il va donc devoir parler. Et gratuitement. Comme tweete Didier, « à 150 000 euros la demi-heure de conférence, ça va nous coûter bonbon ».

Pas besoin de vous faire un dessin

Sarkozy en garde à vue. La droite en décomposition. Et alors ? Car la désillusion Hollande est passée par là. La droite anéantie par les affaires, le PS annihilé par ses reniements, qu’est-ce qui reste ? Vous le savez bien ce qui reste. Pas besoin de vous faire un dessin. Pardon de ne pas jubiler.

Sarkozy en garde à vue, donc. Refermer le tiroir Bygmalion (ballot, on avait un dossier tout neuf), ne pas toucher aux tiroirs Karachi, Bettencourt et autres, et rouvrir instantanément le tiroir « Paul Bismuth ». Les temps sont durs pour les neurones des matinautes.

Sarkozy est en garde à vue dans l’affaire des financements libyens. Plus précisément, pour avoir cherché à influencer deux magistrats de la Cour de cassation (car à présent, ils semblent être deux), pour tenter de savoir comment avançait l’enquête sur les financements libyens supposés de sa campagne de 2007.

Une affaire dans l’affaire

C’est ce qu’on appelle une affaire dans l’affaire. Cette affaire de financements libyens, autant vous le dire franchement, je n’y crois pas trop. Aucun témoignage produit jusqu’à présent ne me semble vraiment convaincant. Et surtout, si Kadhafi avait vraiment financé la campagne de Sarkozy en 2007, comment est-il envisageable que ledit Sarkozy déclenche ensuite une guerre contre lui, au risque de voir Kadhafi balancer les preuves de ce financement ?

Sauf si évidemment, il n’y a pas de preuves, ou si Sarkozy croit qu’il n’y a pas de preuves. Sauf si Sarkozy n’était pas au courant qu’il était financé par Kadhafi. Ou sauf s’il est encore plus fou qu’on le croyait. Beaucoup de « sauf si », dont aucun ne me semble convaincant. Cela dit, je ne demande pas mieux que de me tromper. Et je le proclamerai à la face du monde.

Sarkozy va-t-il tomber sur une affaire dans l’affaire ? Pardon de ne pas jubiler. C’est pour son mépris des chercheurs, des juges, des fonctionnaires, des profs, des grévistes, de la littérature, qu’il mériterait mille fois d’être en garde à vue. On me dit que ce ne sont pas des délits. Le monde est mal fait, ce n’est pas une découverte.

Daniel Schneidermann | Fondateur d’@rrêt sur images Permalien


 

Pour Le monde

Affaire des écoutes …

L’ancien président de la République a rejoint dans les locaux de la police son avocat, Me Thierry Herzog, et deux hauts magistrats de la Cour de cassation, Gilbert Azibert et Patrick Sassoust, eux-mêmes placés en garde à vue dès lundi matin. Les quatre hommes sont tous interrogés dans le cadre de l’enquête pour « trafic d’influence » et « violation du secret de l’instruction » menée par les juges d’instruction Patricia Simon et Claire Thépaut, du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris.

Les magistrates, qui mènent leurs investigations dans la plus grande discrétion, enquêtent sur un réseau d’informateurs susceptible d’avoir renseigné les proches de M. Sarkozy, voire l’ancien président de la République lui-même, dans les procédures judiciaires pouvant le menacer, en particulier le dossier Bettencourt.

C’est à la faveur de l’enquête sur un possible financement libyen de la campagne présidentielle victorieuse de M. Sarkozy, en 2007, que des interceptions téléphoniques opérées en janvier et février 2014, ont révélé des faits troublants : l’ex-président et son avocat semblaient ainsi très renseignés sur l’avancée des travaux de la Cour de cassation, alors saisie de la procédure Bettencourt. Par ailleurs, il apparaît aussi que les deux hommes se savent placés sur écoute, au point d’acheter en toute discrétion, sous un nom d’emprunt, des téléphones portables. D’où l’incrimination de « violation du secret de l’instruction ».

Lire le décryptage : Affaire des écoutes : ce qui est reproché à Nicolas Sarkozy

INFORMATIONS CONFIDENTIELLES

Gilbert Azibert, premier avocat général près la Cour de cassation, où il est affecté à une chambre civile, et son collègue Patrick Sassoust, avocat général à la chambre criminelle de la haute juridiction, sont donc suspectés d’avoir fait bénéficier M. Sarkozy, via son avocat, d’informations confidentielles.

Puni de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 500 000 euros, le trafic d’influence vise, selon l’article 433-2 du code pénal, le fait « de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable ».

En l’occurrence, M. Azibert – les échanges téléphoniques captés entre MM. Sarkozy et Herzog en attestent – souhaitait obtenir un appui de l’ancien président de la République afin de décrocher un poste en principauté de Monaco.

SARKOZY APPARAÎT COMME LE « DONNEUR D’ORDRES »

Si le contenu des écoutes téléphoniques entre M. Sarkozy et Me Herzog est extrêmement embarrassant pour les deux hommes, leur implication n’est pas la même. L’ancien président apparaît comme le « donneur d’ordres », bénéficiaire final des informations obtenues, son avocat jouant davantage les intermédiaires. En effet, c’est Me Herzog qui est en liaison régulière avec M. Azibert. Les deux hommes se connaissent depuis de longues années. L’avocat rendant compte ensuite à M. Sarkozy. De fait, M. Sarkozy, lorsqu’il évoque M. Azibert, parle de « notre ami », suggérant une grande proximité avec le haut magistrat.

Il reviendra aux deux juges d’instruction de décider du sort judiciaire de l’ancien chef de l’Etat. La garde à vue peut durer 48 heures au maximum. A l’issue de celle-ci, M. Sarkozy pourrait être relâché ou conduit devant les magistrates. Trois possibilités s’offriront alors à elles : interroger M. Sarkozy comme témoin simple, ce qui signifierait qu’aucune charge ne pèse sur lui ; lui accorder le statut hybride de témoin assisté ; le mettre en examen, si elles estiment avoir réuni contre lui des « indices graves et concordants » d’avoir commis une infraction. Nul doute que le sort judiciaire réservé à Me Herzog et aux deux magistrats, à l’issue de leur garde à vue, donnera une indication forte sur la matérialité des faits reprochés aux suspects.

RÉSEAU D’INFORMATEURS, AU SEIN DE L’APPAREIL D’ETAT

Reste que les écoutes téléphoniques opérées par les juges Serge Tournaire et René Grouman dans le dossier libyen n’ont pas seulement révélé cette affaire de trafic d’influence. Elles ont surtout mis en lumière l’existence d’un réseau d’informateurs, au sein de l’appareil d’état, notamment dans les institutions policières et judiciaires, dévoué à Nicolas Sarkozy, mais elles révèlent aussi « l’entrisme » pratiqué par l’ancien président ou ses proches pour obtenir des informations sur les procédures susceptibles de le menacer.

Au mois de mars, le patron du contre-espionnage français, Patrick Calvar, avait confirmé aux juges que M. Sarkozy lui avait ainsi personnellement téléphoné, en juin 2013, pour se renseigner sur les avancées de l’enquête liée à l’éventuel financement libyen de sa campagne présidentielle, en 2007. Plaçant de fait ce haut fonctionnaire dans une situation intenable.

LE MONDE | 01.07.2014 à 13h26 | Par Fabrice Lhomme et Gérard Davet Permalien


 

 Pour l’Humanité

L’ancien chef de l’État est au centre d’une information judiciaire ouverte le 26 février pour trafic d’influence et violation du secret de l’instruction sur la base d’écoutes téléphoniques, mises en place dans le cadre d’une autre affaire, cette fois sur un potentiel financement par Kadhafi de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Dans l’échange écouté par les juges, Nicolas Sarkozy et son avocat évoquent un haut magistrat du parquet général de la Cour de cassation, Gilbert Azibert. Ils entendaient le solliciter pour se renseigner sur une procédure en cours devant la Cour de cassation en lien avec l’affaire Bettencourt. L’ancien chef d’État s’était alors fait saisir ses agendas, et il souhaitait que le magistrat aujourd’hui également mis en examen, le tienne au courant de la procédure en cours. En contrepartie, Gilbert Azibert, en fin de carrière, aurait sollicité l’intervention de Nicolas Sarkozy pour obtenir un poste de prestige à Monaco.

L’ancien président aurait donc mis en place un cabinet noir pour neutraliser les juges qui enquêtent sur lui. Les enquêteurs ont relevé que l’avocat général Gilbert Azibert avait bien accès au service intranet de la Cour de cassation et qu’il est bien intervenu auprès de trois des conseillers de la haute juridiction chargés d’examiner la validité des actes d’instruction dans l’affaire Bettencourt. L’un de ces trois conseillers, Patrick Sassoust, son ami proche, est également mis en examen depuis ce lundi.

 Extraits des écoutes, sur la seconde ligne téléphonique de l’ ancien président (ouverte au nom de Paul Bismuth), alors publiées par Mediapart.

Le 29 janvier, Me Herzog se félicite auprès de l’ ex-chef de l’ État du dévouement de leur informateur, Gilbert Azibert, qui a « bossé » et rencontré un des conseillers en charge de l’affaire « pour bien lui expliquer ». Il se montre optimiste sur une annulation de la saisie des agendas, « sauf si le droit finit par l’ emporter ». Le 30 janvier, Me Herzog explique que « Gilbert » a eu accès à l’ avis confidentiel du rapporteur de la Cour de cassation, qui conclut à l’annulation de la saisie des agendas et à leur retrait dans l’enquête Bettencourt, « ce qui va faire du boulot à ces bâtards de Bordeaux », commente l’ avocat faisant référence aux juges d’ instructions bordelais en charge de l’ affaire Bettencourt. Le 1er février, Sarkozy demande à son avocat de l’ appeler sur sa ligne officielle pour « qu’ on ait l’impression d’avoir une conversation » et tromper les enquêteurs. Le 5 février, Sarkozy se dit prêt à aider Gilbert Azibert à obtenir un poste à Monaco. Son avocat confie avoir rassuré par avance « Gilbert » à ce sujet : « Tu rigoles, avec ce que tu fais. »

L’Humanité – Permalien