Le vendredi 06 juin était le dernier délai donné aux communes pour déposer les demandes de dérogation à la semaine de quatre jours et demi. De nombreuses villes de gauche refusent toujours de s’y soumettre, les raisons.
Alors que le 06 juin etiait le dernier jour pour rendre les dernières copies sur l’organisation de la semaine de quatre jours et demi, de nombreuses villes de gauche font de la résistance à la réforme des rythmes scolaires.
Dans le Val-de-Marne, seules quatre communes veulent l’appliquer à la rentrée prochaine.
« Pour l’heure, cette réforme, attendue par les parents, ne pallie nullement la réduction du temps scolaire décidée arbitrairement en 2008 et ne répond pas non plus aux exigences de qualité d’enseignement des personnels de l’éducation nationale », estime l’Association Adecr du département. « Le décret « Hamon » n’apporte aucune réponse aux interrogations qui avaient conduit l’ensemble des maires du Val-de-Marne à ne pas mettre cette réforme en place en 2013 », précise sa secrétaire générale, Liliane Pierre.
Le mécontentement grandit à mesure que se dessine plus nettement son application.
L’objectif de la réforme était double : alléger la journée de l’élève (45 minutes en moins par jour) et permettre un épanouissement à travers des activités sportives, culturelles et artistiques, organisées et financées par chaque commune. «J’attends qu’on vienne m’expliquer comment, dans les huit écoles que compte ma commune, je peux organiser des temps vraiment enrichissants en trois quarts d’heure, sans que ça ressemble à une garderie améliorée ! » s’agace Annick Mattighello, maire de Louvroil (Nord).
Cette réforme participe au désengagement de l’État
L’élue a organisé de larges concertations dans chaque établissement, avec les enseignants et les parents. « Les résultats, largement opposés au passage à la semaine de quatre jours et demi, m’ont confortée dans ce que je dis depuis 2013 : c’est une aberration de passer en force une réforme qui remet en cause l’égalité de l’éducation nationale sur le territoire. »
Une position partagée par Liliane Pierre : « Comment voulez-vous que les maires trouvent des animateurs pour des temps si courts ? » interroge-t-elle. La conseillère générale voit également dans cette réforme une « casse du socle de l’école républicaine pour tous », en raison notamment de la facturation des temps d’activité périscolaires, que certaines communes demandent aux parents, le plus souvent au tarif de la garderie. Mercredi dernier, trois cents professeurs et parents d’élèves ont manifesté à Créteil.
La fronde ne se limite pas à l’Île-de-France.
La réforme des rythmes coince aussi, et peut-être plus encore, dans les milieux ruraux. « Il en va de la survie de notre école rurale ! » lâche Michel Sudron, maire de la petite commune de La Saunière. Il fait partie des cinquante-Sept édiles de la Creuse qui, opposés à la réforme, se sont déplacés mercredi dernier, avec enseignants et parents d’élèves, devant la direction académique à Limoges, pour remettre au recteur leur demande de dérogation. « Dans notre département, la réforme est tout simplement inapplicable, poursuit le maire. Dans la Creuse, nous étions à la semaine de quatre jours par dérogation depuis 1992. Outre l’aspect logistique, cette réforme participe au désengagement de l’État. »
Dans les prochains jours, les maires frondeurs pourront se compter.
Benoit Delerue
Benoît Hamon menace les maires réfractaires de condamnation
Les maires qui refuseraient d’appliquer les nouveaux rythmes scolaires s’exposent à une condamnation pénale, a rappelé Benoît Hamon sur France Info le 12 juin.
Le ministre de l’Éducation nationale, Benoît Hamon, a mis en garde, jeudi 12 juin, les maires qui n’appliqueraient pas la réforme des rythmes scolaires contre un choix “parfaitement illégal” qui leur vaudrait d’être “condamnés”. “Un maire qui n’ouvrirait pas une école le mercredi alors qu’il doit y avoir classe, c’est aussi absurde qu’un maire qui n’ouvrirait pas une école le dimanche alors que c’est un jour de vote”, a-t-il dit sur France Info le 12 juin.
Depuis plusieurs semaines, le retour à la semaine de 4,5 jours divise toujours, malgré un nouveau décret pris par Benoît Hamon prévoyant des assouplissements pour les 6 % de communes ayant des difficultés de mise en œuvre ou faisant de la résistance. L’aide financière a également été prolongée une nouvelle fois, d’un an, jusqu’en 2015-2016. Insuffisant pour calmer la grogne qui s’exprime aux quatre coins de la France.
Demandes de moratoire, report ou abrogation
À Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le nouveau maire UMP, Bruno Beschizza, ne veut pas appliquer la réforme à la rentrée. “Demain, si on me donne les moyens et le temps d’écouter tout le monde, pas de problème”, assure-t-il à l’AFP, jugeant cette réforme “matériellement impossible” en l’état, en raison de son coût et de “l’impréparation” de l’équipe municipale précédente.
D’autres maires UMP continuent de demander un moratoire, comme Didier Gonzalez à Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne), dénonçant “l’absence de financement pérenne de l’État dans un contexte de baisse des dotations”. Dans la Drôme et en Ardèche, une quarantaine d’édiles, emmenés par le nouveau maire UMP de Valence, Nicolas Daragon, veulent présenter au prochain conseil municipal une délibération pour demander le report de la réforme à la rentrée 2015, voire son abrogation.
Un comportement qui fait bondir Benoît Hamon. “Je vois mal des maires s’entêter dans une posture comme celle-ci. C’est parfaitement illégal, ils seraient condamnés”, a-t-il ajouté, regrettant que des élus fassent de la réforme un “objet de polémique politique”.
Lettre aux parents
“Quand vous avez un maire qui, comme à Valence, dit : je n’organiserai rien, je demande aux parents d’élèves de lui demander, à lui, ce qu’il fait des 50 euros par an que nous donnons pour leurs enfants, s’ils vont au renouvellement des costumes de la police municipale de Valence”, a ironisé Benoît Hamon.
Le ministre a écrit aux parents d’écoliers pour leur expliquer les effets pédagogiques de la réforme. La lettre leur sera distribuée à partir du 15 juin et un site Internet sera lancé le 23 juin avec les horaires des écoles, selon le ministère. “L’adoption de ces nouveaux temps scolaires vise à faciliter l’acquisition par chaque élève des savoirs fondamentaux et à développer en chacun d’eux un véritable goût pour apprendre”, écrit le ministre.
Étudier “cinq matinées au lieu de quatre, c’est, chaque semaine, un temps supplémentaire pour travailler dans de bonnes conditions, le matin étant le moment de la journée où l’attention des enfants est la plus soutenue”, fait-il valoir. “Désormais l’école s’adapte aux rythmes de l’enfant”, et pas à ceux des adultes, “c’est une petite révolution”, a lancé le ministre de l’Éducation nationale sur France Info.
Xavier Sidaner –Acteurs publics – Permalien
Franchement Benoît Hamon se moque à la fois des maires gestionnaires et des parents d’élèves, en affirmant que l’État aide les communes pour le périscolaire. L’État assure-t-il, octroyant 50 € par an et par enfant scolarisé. Pour autant il oublie de dire qu’à raison d’une trentaine de semaines dans l’année, cela représente 1,66 € par semaine accordée comme « dédommagement » aux communes, face à quelques 350 à 400 € semaine (salaire et charges), que coûte le personnel engagé pour assurer le périscolaire.
Première remarque, Il s’agit bien de reporter sur les familles des engagements que l’État à travers l’éducation s’était engagée à assumer. Deuxième remarque, tout contribuable assume à travers le montant de ses impôts dans le cadre des obligations de l’État, entre autres l’éducation publique et par conséquent tout assujetti paie une part non négligeable pour le service public de l’éducation. Avec le périscolaire s’est directement ou indirectement une nouvelle imposition aux familles ayant un enfant en âge scolaire car si les municipalités font payer le périscolaire s’est donc une obligation financière et d’autre part si la municipalité prend en charge le périscolaire il retombe dans le budget municipal… Qui lui-même dépend des impôts locaux à divers titres. MC