Le tourisme et les chèques vacances …

Le tourisme a existé de tout temps, de l’Antiquité à nos jours, mais il ne s’adressait qu’à une minorité de la population. Nous devons le développement du tourisme de masse à la grande conquête ouvrière des congés payés et aux luttes du Front populaire de 1936. Mais gagner le droit aux congés payés ne signifie pas partir en vacances. (…)

C’est à la Libération, sur la base du programme du CNR (Conseil national de la Résistance), et plus particulièrement avec la création des comités d’entreprise, que la notion de vacances pour tous commence à prendre tout son sens.

Le droit aux vacances est-il en danger?

Dans sa recherche d’économies à tout prix, la ministre des Affaires sociales veut remettre en cause l’avantage social et fiscal attaché au chèque vacances, (…) [dont ce dernier en] bénéficie – mais jusqu’à quand ? (…). Pour un syndicat, trois principes devaient guider son attribution: un vrai projet, une épargne tout au long de l’année, un abondement des employeurs, prenant en compte les revenus de la famille. Ces principes ne sont toujours pas réellement pris en compte.

Aujourd’hui, un nouveau danger guette le dispositif.

Dans les entreprises où son attribution se fait sur la base de critères « professionnels », l’Urssaf considère qu’il est un prolongement du salaire, ce qui lui fait perdre son caractère d’activité sociale et culturelle. Résultat, près de 100 comités d’entreprise sont condamnés à des redressements fiscaux de 50.000 à 500.000 euros.

Si le système s’étendait, c’est une perte de 20 à 30 % du volume d’édition du chèque attendue, entraînant de facto une réduction des montants. Près de la moitié des programmes seraient menacés. Pour écarter cette menace, le syndicat CGT propose que le critère d’attribution se fasse sur la base, plus juste, du quotient familial, ce qui réaffirmerait sa dimension d’activité sociale et culturelle.

La mobilisation du monde du travail

L’association nationale des Chèques Vacances a vocation à coordonner l’activité des comités d’entreprise et des organismes équivalents. Pour cela, elle s’appuie sur un patrimoine mutualisé, copropriété de 320 comités d’entreprise, constitué de 38 villages de vacances, et sur un réseau de 23 associations territoriales fédérant les énergies de 2.500 CE.

Des salariés qui n’ont pas d’institution représentative du personnel dans leur entreprise peuvent ainsi bénéficier du service. Pour construire une véritable politique du tourisme dans un monde qui n’est pas celui des « Bisounours », nous ne pouvons compter que sur la mobilisation et l’action du monde du travail. L’histoire du tourisme, celle du droit aux vacances et de leur développement ont toujours été liées à l’ampleur du mouvement social.

[Il faut conserver le principe des chèques vacances permettant à des salariés de bénéficier d’un repos mérité. La France ne saurait devenir qu’une zone de loisirs pour millionnaires.]

Extrait d’un article lu dans l’Huma signé de Jean-Claude Tufferi – Administrateur de l’Agence nationale des Chèques Vacances