Pour certains, hélas les associations caritatives sont une nécessité…

L’ étude de l’ Insee publiée le 08 avril 2014, montre que les emplois précaires occupés par les sans-domicile fixe, ne constituent pas un marchepied pour s’ en sortir.

Sous les pavés, le chômage.

L’étude « Insee première » s’attarde sur l’emploi des sans-domicile fixe. Début 2012, seul un quart des SDF adultes francophones occupaient un emploi d’après le sondage effectué auprès des personnes qui fréquentent les services d’hébergement ou de distribution de repas. Le travail des privés de toit est une réalité mal connue. Pourtant, neuf sans-abri sur dix ont travaillé dans leur vie et plus de la moitié d’entre eux, de manière régulière.

Un quart des sans-abri sont en contrat à durée déterminée

Mais les contrats proposés sont ultraprécaires. Le CDI n’est accessible que pour deux personnes sur cinq. Un quart des sans abri sont en CDD, sinon 15% sont intérimaires, stagiaires ou saisonniers, et surtout, 22% déclaraient ne pas avoir de contrat de travail, parmi eux, une forte proportion d’étrangers. Les personnes vivant dans la rue ont généralement fait peu d’études : 80% n’ont pas de diplôme ou un diplôme inférieur au bac, Et occupent « presque exclusivement » des emplois peu qualifiés, 93% sont employés ou ouvriers. Leur parcours professionnel reste très sinueux : deux sur trois travaillent depuis moins d’un an dans la même entreprise et trois sur cinq perçoivent un salaire inférieur à 900 euros par mois. En matière de sous-emploi, les femmes sont aussi en première ligne chez les SDF.

Dans ce contexte, nombre d’employeurs n’hésitent pas à exploiter leur détresse. C’est ce qui est arrivé à Sarah, vingt-cinq ans, jetée à la rue avec sa famille après le licenciement de sa mère il y a un an. Quant on lui propose un poste d’assistante de direction dans une agence immobilière, elle saute sur l’occasion. Mais au bout de six mois de bons et loyaux services, sans avoir signé aucun contrat de travail, elle est remerciée. « Je ne sais pas si mon employeur a profité de ma situation… Maintenant, il refuse de me donner mes attestations Assedic pour que je puisse m’inscrire à Pôle emploi. »

D’après l’Insee, 77% des sans logis rencontrent des difficultés dans leur accès à l’emploi. Chez les sondés, les deux obstacles évoqués en premier sont l’absence de moyens de transports, particulièrement criante en province, mais aussi le coût des transports, gratuits pour les seuls bénéficiaires de la CMU ou du RSA, or, seuls .30% des sans abri perçoivent cette allocation.

« Sans logement stable, pas d’emploi stable »

Un quart d’entre eux mentionnent aussi le manque de vêtements convenables pour démarcher. Sarah, se souvient « avec horreur » de sa préparation pour chercher un emploi. « Je dormais très peu dans la voiture de mes parents ou chez les amies. Pour prendre ma douche, j’allais à a lai piscine, je me maquillais dans les toilettes publiques. Je ne voulais pas sentir mauvais et je tenais à avoir l’air de quelque chose, même j’avais l’impression de n’être rien! »

D’après cette étude, « la vie dans la rue ou dans un centre » n’arrive qu’en quatrième position des obstacles à la recherche d’emploi ; mais pour Foudil Hellou, vice-président du Comité des sans-logis, il s’agit bien de la première haie à sauter. « Sans logement stable, pas d’emploi stable, c’est le serpent qui se mord la queue. Les sans-abri passent déjà beaucoup de temps

à chercher un toit. Nous sommes une des rares associations à fournir des domiciliations administratives pour qu’ils puissent recevoir leur courrier, effectuer des démarches comme s’inscrire à Pôle emploi, c’est une étape très importante. » Depuis septembre, Sarah respire. Elle occupe un contrat d’avenir au sein du Comité des sans-logis. « l’habite avec une amie en colocation dans un studio, j’ai déposé une demande logement social », explique t elle. Le dernier sésame. pour sortir complètement de la rue.

CÉCILE ROUSSEAU – Huma quotidien du 08 Avril 2014