Les organisateurs de la funeste Journée de Retrait de l’Ecole (JRE), censée dénoncer l’enseignement d’une soi-disant « théorie du genre » à l’école, ne reculent devant aucune énormité pour faire tourner leur petit business réactionnaire.
Dernier fait d’arme: une vidéo ahurissante postée samedi dernier par la présidente du collectif local des JRE d’Indre-et-Loire. Face caméra, la jeune femme n’hésite pas à accuser publiquement une maîtresse de maternelle, à Joué-lès-Tours, d’avoir contraint un de ses élèves à se déshabiller et à pratiquer des attouchements avec une de ses camarades de classe… Des accusations totalement délirantes qui soulèvent l’émoi de la communauté éducative. Et vont faire l’objet de poursuites judiciaires.
« Cette-vidéo utilise l’arme de la rumeur pour instiller le doute et susciter la peur , peste Paul Agard, enseignant dans l’établissement et secrétaire départemental du Snuipp-FSU. Résultat, toute l’équipe pédagogique est obligée de ramer pour rassurer les parents face à ces propos irresponsables. » Dans le document, qui a fait le tour des réseaux sociaux, la militante JRE rapporte le récit que lui aurait fait une mère d’élève d’origine tchétchène et ne parlant pas le français.
Cette dernière assure que son fils de trois ans lui a raconté que sa maîtresse lui aurait baissé son pantalon, ainsi que celui d’une petite fille, les obligeant ensuite à se « toucher leurs parties génitales » ou encore « de se faire des bisous ». Des propos pris saris aucun recul par la militante JRE qui accuse également la directrice de couvrir les faits. « Il ne s’est rien passé de tel avec cette maîtresse, souligne Paul Agard. Mais, à mon sens, la militante a tenté de faire monter la pression au maximum afin de mobiliser pour la Journée de retrait de l’école qui avait lieu ce lundi 31 mars. »
Vendredi 28 mars, en soirée, la mère d’élève tchétchène, accompagné par le collectif JRE, a rencontré la directrice d’école pour lui faire part des paroles que lui aurait rapportées son fils de trois ans. Plusieurs familles s’étaient rassemblées devant l’école pour soutenir la démarche de la mère de famille.
« Les parents voulaient surtout être rassurés sur cette soi-disant « théorie, du genre », comme si ce genre de concept était abordé en maternelle! » lâche Paul Agard. L’établissement scolaire n’est même pas concerné par le dispositif des ABCD de l’égalité, ces modules pédagogiques luttant contre les a priori sexistes et qui sont dans le viseur des militants de la Manif pour tous depuis la rentrée scolaire.
Hier, le directeur académique Antoine Destrés est venu apporter son soutien « sans ambiguïté » à l’enseignante. Une plainte pour dénonciation calomnieuse a été déposée contre la présidente du collectif local des JRE. Et des recours ont été engagés pour interdire la diffusion de cette vidéo.
Laurent Mouloud