Socrate demande à ses élèves : « Un homme marche et arrive devant un ravin ; il tourne à droite, marche et arrive de nouveau à un ravin. Il tourne encore à droite et arrive encore à un ravin ; puis recommence encore une fois ; il est donc entouré de ravins. Comment l’en sortir ? » Les élèves restent cois. Socrate leur dit : « La réponse était comment est-il arrivé là ? Vous n’avez pas trouvé de solution parce que vous êtes restés enfermés dans les termes où le problème a été posé alors qu’il fallait vous en libérer. »
Cela ne vaut-il pas pour nous ?
Le cadre idéologique dans lequel sont posés nos problèmes est celui créé par le capital. Se battre avec ces termes nous laisse comme ces abeilles qui, voulant sortir par la fenêtre, ne cessent de se heurter à la vitre. Une part importante des déçus le ressent, ce qui les rend disponibles pour réfléchir à une autre voie. Ce qui peut nous sortir du sentiment d’impuissance, est d’aborder le présent et les urgences à partir d’une autre conception de la société. Si le capitalisme est en crise, penser l’après-capitalisme est non seulement un but mais devient un levier.
On va dire qu’évoquer le communisme éloigne des urgences. Mais l’apport du communisme n’est pas du rêve, il change le centre de gravité de l’affrontement de classes
Le communisme implique, selon Marx, contrairement à l’expérience soviétique, un processus de dépérissement de l’État. À quoi un tel concept peut-il servir ? Aller d’élection en élection pour que la situation ne cesse de se détériorer nourrit un sentiment d’impuissance. Or, qui réduit la citoyenneté aux seules élections, si ce n’est la bourgeoisie ?
Si nous nous mettions à penser que la démocratie, c’est faire par soi-même avec ses semblables, sans attendre l’État, nous percevrions que le point commun à toutes les luttes et attentes, c’est d’espérer un pouvoir d’imposer. Alors la politique tournerait moins autour des leaders qu’autour de comment nos actes ont pour sens d’arracher des parts de « pouvoir faire ».
Voilà qui favoriserait la convergence de tous les combats. Si les salariés se libéraient de toute notion de dépendance, dans quelle entreprise seraient-ils encore à la merci d’un hypothétique repreneur ?
Que demandent les salariés qui se mettent en coopérative ? De ne plus être chapeautés par une autorité autre que la leur.
Partir de ce que l’on souhaite pour combattre ce qui est, aborder le présent à partir de ce qui n’est pas encore peut libérer un immense potentiel et changer profondément à qui prend l’initiative …
Pierre Zarka –Extraits.
j’avais lu aussi cet intéressant article.