PLAN CANCER : Priorité au dépistage

Chaque année, 148.000 personnes décèdent d’un cancer en France. Mais on n’est pas tous égaux face à cette maladie, devenue la première cause de mortalité dans notre pays. Le risque de mourir d’un cancer entre trente et trente-cinq ans est « deux fois plus élevé chez les ouvriers que chez les cadres et les professions libérales », soulignait, cet été, le rapport du professeur Jean-Paul Vernant.

Ce point est au centre du troisième plan cancer (2014-2019) dévoilé hier par le président. « Ce plan s’est fixé pour ambition de donner les mêmes chances à tous », a expliqué François Hollande. Pour ce faire, il a mis la priorité sur le dépistage, étroitement lié au niveau d’études, au revenu et à la catégorie socioprofessionnelle, d’après le baromètre cancer 2010.

Une prise en charge de ces examens sera dorénavant « complète » et sans « avance de frais ». Une urgence alors que moins des deux tiers des femmes effectuent un dépistage du cancer du sein. Une proportion qui atteint seulement un tiers pour le cancer colorectal.

Réduire cette mortalité de 30 % en dix ans

Le dépistage du cancer du col de l’utérus (plus de 1 000 morts par an), détectable par un simple frottis chez un gynécologue, sera généralisé tous les trois ans avec l’objectif de réduire cette mortalité de 30 % en dix ans. L’État souhaite rendre gratuit le vaccin anti-papillomavirus pour les jeunes filles. Des expérimentations en milieu scolaire sont envisagées pour ce vaccin dont « la sûreté et l’efficacité font l’objet d’une vigilance soutenue de la part des autorités de santé ».

Doté de 1,5 milliard d’euros – un montant équivalent au précédent -, ce troisième plan cancer veut aussi réduire les inégalités face à la prise en charge. Les délais moyens d’accès à un examen par IRM sont de vingt-sept jours. « Mais ils peuvent varier du simple au double selon le lieu d’habitation », a souligné François Hollande, avant d’annoncer 15 millions d’euros en faveur des régions sous-équipées. De nouveaux appareils permettront de réduire « ce délai à vingt jours maximum », assure le chef de l’État.

« Les dépassements d’honoraires pouvant être imposés aux patients atteints de cancer sont d’autres sources d’inégalités », avait souligné l’hématologue Jean-Paul Vernant. Son rapport préconisait d’imposer aux secteurs libéraux et publics l’absence de reste à charge dans les domaines de l’imagerie, de la biologie, de la médecine et de la chirurgie.

Sur ce point, le plan cancer déçoit.

Une meilleure prise en charge des reconstructions mammaires a été annoncée par François Hollande. Pour le reste, il a simplement préconisé une application stricte de l’article 8 de la convention médicale sur les dépassements d’honoraires. Or; elle permet aux professionnels d’accroître de 100 à 150 % leurs tarifs en cas de cancer…

Autre difficulté : les prix des traitements anticancéreux. « Plus on progresse, plus on trouve des traitements ciblés. Mais cela augmente le coût des médicaments, qui peuvent dépasser 100000 euros par an », explique Jean-Paul Vernant.

Contre cette inflation, le plan cancer préconise de réévaluer les prix en cas de nouvelles innovations. « Les ambitions affichées vont dans le bon sens, reconnaît Jacqueline Godet, présidente de la Ligue contre le cancer. Reste à passer à la mise en œuvre! » Son association demande que le suivi du plan intègre « des indicateurs d’efficacité sociale ».

Pierre Duquesne  Permalien