L’offre d’un « pacte de responsabilité », faite au grand patronat, en d’autres termes une offre de nouveaux allégements, ne représente pas un changement de cap dans la politique du gouvernement, après dix-huit mois de renoncement aux promesses de changement dont le candidat socialiste s’était fait le porteur, pendant la campagne de l’élection présidentielle de 2012.
Mais la nouveauté réside dans la revendication pleinement assumée par le chef de l’État d’une orientation sociale-libérale. Le Medef, à juste titre, peut crier victoire.
Les 20 milliards versés au nom du crédit d’impôt compétitivité ne suffisent pourtant pas à convaincre les dirigeants patronaux de pratiquer une politique de donnant-donnant.
Son président, Pierre Gattaz, tout en réclamant une nouvelle baisse des cotisations de 30 milliards, s’est empressé de préciser que le million d’emplois qui pourraient être créés « n’est pas un engagement ferme et juridique, c’est un objectif que nous avons donné ». Autrement dit, croyez-nous Si vous voulez…
Hollande, au nom du « principe de réalité »( !), va laisser les marchés financiers ligoter un peu plus l’économie et la démocratie. Le « pacte de responsabilité »qu’il conclut avec le patronat n’est rien autre qu’une nouvelle vague de déréglementation du travail.
Son leitmotiv : « Réduire les contraintes » pour les entreprises, sur les embauches, sur les cessions, sur les « normes »… Sur la fiscalité aussi.
Dans un rapport de forces ultra favorable au patronat, il suggère de « négocier » des contreparties. Il offre d’ailleurs aux patrons et aux actionnaires un joli cadeau de 30 milliards d’euros, en « mettant fin » au financement par les cotisations sociales de la politique familiale.
Il considère la baisse des dépenses publiques comme un « passage obligé », annonçant des coupes drastiques dans les services publics jusqu’en 2017, des « réformes structurelles » de l’État et un big bang territorial.
François Hollande assume, pour la première fois, une « politique de l’offre », traditionnellement défendue par la droite la plus dure. Bien qu’il s’en défende, il sera, pour la deuxième partie de son mandat, le président du Medef, même pas un président social-libéral, un président libéral tout court.
Il y a franchement de quoi rester interdit devant tant de tromperies.
En faisant aussi ouvertement du grand patronat son partenaire principal, dont il prend soin de satisfaire toutes les revendications; en accordant la priorité à la réduction des dépenses publiques, le président de la République suscite un profond mécontentement dans l’électorat de gauche, jette le trouble jusque dans les rangs du Parti socialiste, où l’on ne compte plus les militants décontenancés et les élus gênés aux entournures quand ils retournent dans leur circonscription.
Combien de françaises et français au demeurant électeurs, attendaient un deuxième temps de mandat qui devait développer des politiques de redistribution? Le chef de l’État a douché hier tous les espoirs.
La première réponse «est venue des syndicats.
Alors que, depuis deux ans, le paysage est plutôt marqué par leurs désaccords, quatre d’entre eux – la CGT, la CFDT, l’Unsa et la FSU — ont rendu publique une plate-forme revendicative qui réclame des mesures sur les rémunérations, une réforme fiscale de « réhabilitation » de l’impôt sur le revenu et met le doigt sur un sujet essentiel: la conditionnalité des aides publiques accordées aux entreprises. Un message, d’unité est toujours plus favorable à l’action que la division.
Article rédigé à partir de plusieurs éditoriaux – MC