Centrafrique : Un pays de gens pauvres, « couvert » de richesses naturelles.

Je n’aurais pas aimé être né noir dans ce pays Centrafrique où la vie est faite de misère au quotidien, de guerres claniques, de dictatures et dictateurs féroces, cupides, conspirateurs, s’enrichissant sur les populations et entourées d’entreprises internationales dilapidant les richesses naturelles du pays. L’esclavage humain est aboli fort heureusement, mais l’esclavage industriel et les financements internationaux font encore plus de mal à une population déshéritée. MC

Ce qu’en pense André Chassaigne Président du groupe FdG et député du Pays de Dôme.

Cette intervention en Centrafrique s’inscrit dans une longue lignée d’opérations menées par les troupes françaises dans cette colonie, indépendante officiellement depuis 1960, en proie à la pauvreté, à l’instabilité et aux conflits. Autant d’interventions qui n’ont jamais permis de répondre aux maux qui gangrènent la Centrafrique.

La Centrafrique, si elle n’est pas dénuée de ressources naturelles, est classée parmi les Etats les plus pauvres de la planète, occupant la 171ème place sur 177 selon le classement de l’Indicateur de développement humain du Programme des Nations-Unies pour le développement. La France y est le premier investisseur.

Il est impossible, dès lors, de prendre part à ce débat sur l’engagement des troupes françaises en Centrafrique sans ouvrir le dossier de la Françafrique.

Tous les 10 ans ou presque, un président de la République Centrafricaine chasse l’autre par un coup d’état, derrière lequel la France n’est jamais très loin. Le peuple Centrafricain a ainsi vu défiler des personnages insensibles à son sort, aussi corrompus qu’irresponsables.

Les uns après les autres, les dictateurs ont été choisis et maintenus, au gré de « nos intérêts » entre guillemets, mais aussi pour protéger des bases militaires françaises dans ce pays considéré comme un « porte-avions » au centre de l’Afrique, utilisé lors des nombreuses interventions militaires dans la région.

La France n’est pas étrangère à la situation chaotique que connaît ce pays. Elle porte une lourde responsabilité historique dans la tragédie centrafricaine. Elle n’est donc pas la plus qualifiée pour intervenir. C’est un paramètre que nous ne pouvons ignorer même si, je le dis clairement, il n’est pas question de tergiverser pour la protection des populations civiles, premières victimes des violences sanglantes qui déchirent ce pays.

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Intervention en Centrafrique, pour quels intérêts?

« L’Afrique doit assurer elle-même sa sécurité », insistait François Hollande lors du Sommet de l’Élysée sur la paix et la sécurité en Afrique tenu les 6 et 7 décembre, au moment même où, forte d’une résolution du Conseil de sécurité, qu’elle a elle-même rédigée, la France engageait 1.600 hommes de troupe en Centrafrique (RCA). C’est la 5e intervention militaire française en RCA depuis 1958.

La tragédie humaine en Centrafrique est bien réelle et cela fait près d’un an que l’alerte a été donnée. La France n’agit donc pas « en urgence ». Elle aurait même dû agir plus vite et, sans doute, autrement depuis l’élection de François Hollande.

C’est en décembre 2012 que le pays bascule dans la guerre avec le lancement de l’offensive de la Séléka contre le pouvoir central de Paul Bozizé. Paris « sécurise » alors son ambassade et s’emploie à protéger… ses 1.200 ressortissants. La population centrafricaine dans son ensemble est pourtant déjà en danger.

En mars 2013, devant l’avancée des groupes de la Séléka sur Bangui, Paul Bozizé, ami fidèle de la « France » et d’Idriss Déby, dictateur tchadien, appelle à la rescousse ses alliés. François Hollande décide seulement d’envoyer 3S0 soldats déjà stationnés en Afrique pour porter à 600 le nombre des effectifs militaires français présents en RCA en appui de la Micopax (Mission de consolidation de la paix en République centrafricaine) placée sous la responsabilité de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CCEEACJ.

Le 24 mars, Paul Bozizé prend la fuite et, avec la bénédiction tacite du Tchad et de la France, Michel Ojotodia, chef de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) membre de la Séléka, s’autoproclame Président. Après un bref mois de mai où tout semble rentrer dans la normale, les exactions et violences contre la population reprennent. En juin, François Hollande est alerté. Il réagit le 20 août devant les ambassadeurs réunis à Paris tout en plaidant pour une intervention internationale en… Syrie.

À quoi ont été employés ces longs mois dramatiques pour le peuple centrafricain? À préparer une intervention militaire dont les objectifs réels-semblent bien éloignés de ceux affichés par notre gouvernement. Car en décembre 2013, selon l’ONU, ce sont maintenant 2,3 millions des 4,6 millions d’habitants de la RCA qui sont en « situation d’assistance humanitaire». On dénombre 400.000 déplacés internes et 68.000 réfugiés. Quelque 1,1 million de personnes sont également touchées par l’insécurité alimentaire. L’opération Sangaris est censée restaurer la sécurité et porter assistance aux populations. L’armée française « sécurise le terrain » mais essentiellement les points stratégiques, les principales routes d’acheminement des ressources tirées du sous-sol centrafricain.

Les habitants de Bangui sont soulagés, mais le reste du pays sombre. Les operations de désarmement, des milices sont engagées. Il est à souhaiter qu’elle réussisse, mais on a beau jeu d’en appeler solennellement à « la responsabilisation des Africains » quand on passe sciemment sous silence la responsabilité de la France dans les conflits et violences qui meurtrissent le continent. « L’étude menée par l’US Congressional Research Service révèle que la France a accru ses ventes d’armes en Afrique entre 1998-2005, faisant. d’elle le leader dans la fourniture d’armes en Afrique. »

Le Livre blanc de la défense commandé par François Hollande et adopté en 2013 est explicite de la vision et de l’action du chef de l’État et de son gouvernement en matière de relations internationales. Dans la lignée du Livre blanc de Nicolas Sarkozy (2008), il rappelle que « le champ prioritaire d’intervention militaire de la France s’étend sur une zone allant de l’ouest de l’Afrique à l’océan Indien et que le champ du renseignement se voit élargi de l’Afrique vers l’Asie (Chine, Inde, Pakistan) ». Répondant politiquement à la volonté d’intégration de la France à l’OTAN et relevant, idéologiquement, d’une option eurocentriste, la politique « étrangère » de la France définit l’Afrique comme une « zone d’intérêts prioritaire ». Mais ni les inégalités sociales, ni les pillages économiques des milieux d’affaires, locaux comme internationaux, ne sont cités au rang des critères de cette priorisation.

Lydia Samarbakhsh

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Où cette info …

Centrafrique: des diamantaires reconnaissent avoir financé la Seleka

La rancœur peut parfois être aussi dure que le diamant. En saisissant, en 2008, les pierres et les fonds des collecteurs et des bureaux d’achat, François Bozizé s’est créé de nombreux ennemis.

Ces biens n’ont jamais été restitués. Cinq ans plus tard, Victor Kombot Naguemon, l’un des principaux acteurs du secteur, qui occupe désormais à la présidence les fonctions de ministre conseiller aux mines, ne décolère pas contre François Bozizé.

« On peut appeler cela purement et simplement du racket », accuse-t-il. « On ne peut se permettre, au nom d’un Etat, de prendre des biens qui appartiennent à autrui ! D’autant que, jusqu’à maintenant, personne ne connaît la destination des diamants et des fonds qui ont été saisis », affirme le diamantaire.

« Si l’on reproche à des opérateurs économiques de commettre des impairs, il y a une justice. Et la justice doit effectivement juger les personnes si elles ont commis des erreurs. Mais on ne peut pas, au nom d’un Etat, se comporter comme un voyou », ajoute-t-il.

Si Victor Kombot Naguemon assure n’avoir jamais versé de subsides à la Seleka, d’autres acteurs du secteur affirment sans détour avoir financé les activités de l’ex-rébellion. Certains confessent même avoir été chargés d’aller revendre au Soudan les pierres collectées en Centrafrique.

Source RFI Permalien 

Voir aussi Troubles RCA 2013 The Guardian Londres