PÉDANT, RÉAC ET DONNEUR DE LEÇONS.

Il affiche, aujourd’hui, une mine carrément populiste.

Il était pourtant marrant Christophe Barbier quand il racontait au Tout-Paris qui compte que lui et lui seul connaissait la date d’accouchement de Carlita Bruni-Sarkozy, le sexe, le prénom et peut-être même la saveur des premières selles du présidentiel bébé.

Il nous amusait avec ses costards de banquier panaméen et sa célèbre écharpe rouge qui semble tomber sur ses mocassins à glands. On riait à ses blagues moisies et à ses analyses politiques de dandy mal fagoté.

On pouffait à l’idée des prochaines unes de l’Express qu’il nous sortirait de derrière les fagots. Une nouvelle enquête sur les prix de l’immobilier à Paris? Ou alors, soyons zazous, un quatre-pages sur le salaire des cadres? Il était comme ça, Totophe, jamais le dernier pour la déconne.

Mais la fin du monde approchant à grand pas, le directeur de l’Express a fini par nous offrir un autre visage. Celui du pilier de comptoir qui parle fort. Vous savez, le lourdingue qui vous tape dans le dos en gueulant à quelques centimètres de vos narines, entre deux postillons: « J’ai raison ou j’ai pas raison ? »

Problème : ce Totophe est directeur de publication et c’est l’ensemble de la rédaction qui s’enfonce avec lui. On l’avait pourtant prévenu en novembre 2012 quand il a pondu sa une sur « le vrai coût de l’immigration » montrant une femme en burqa sortant d’une caisse d’allocations familiales, telle une braqueuse.

Sa rédaction avait même demandé des comptes. « La société se droitise, l’Express ne peut pas se déconnecter de ce lectorat », qu’il avait répondu Totophe. Puis il a continué à jouer les incendiaires tout en regrettant la dévastation forestière. « Marine Le Pen: et pendant ce temps, elle monte! », qu’il a même osé écrire dans l’un de ses éditos.

Et récemment, après avoir dégainé des poupées voilées pour dénoncer l’islam et le danger communautariste (un déconneur qu’on vous dit), Totophe s’en est pris à Leonarda, cette, jeune Kosovare expulsée après avoir été arrêtée dans un car scolaire. « L’expulsion de votre famille n’est pas seulement légale, elle est nécessaire », lui a-t-il balancé, sans sourciller.

Puis, toujours entre deux postillons et bien près du pif, il lui a décoché ce que le dernier des identitaires n’aurait pas osé : « Vous incarnez cette misère du monde dont la France ne peut plus prendre qu’une maigre part, et la fatalité séculaire des pauvres hères. » Sans doute un lectorat qui s’extrême-droitise et dont l’Express ne peut se priver. « J’ai raison ou j’ai pas raison?! » Oui, oui, Totophe, mais là on arrête de servir.

On ferme.

Joseph Korda Paru dans CACTUS Jeudi 31 oct 2013

C. Barbier