Elections municipales et ruralité.

Dans une immense majorité, les communes françaises sont rurales

La France, c’est 36.680 communes (métropole et DOM) dont, au niveau métropolitain,

  1. 31.590 ont moins de 2.000 habitants (25,2 % de la population française),
  2. 4.087 entre 2.000 et 10.000 habitants (26,5 % de la population),
  3. 777 entre 10.000 et 50.000 habitants (25,2 % de la population),
  4. 103 entre 50.000 et 200.000 habitants (13,8%)
  5. 11 ont plus de 200.000 habitants (9,3 % de la population).

Le territoire de proximité n’a pas la même configuration, la même histoire partout. Ce sont des petites communes rurales, des communes suburbaines, des villes moyennes, des grandes villes de plusieurs centaines de milliers d’habitants, des métropoles avec des millions d’habitants, dont une est à vocation mondiale (Paris).

Ce sont des communes maritimes, urbaines, rurales, de montagne, etc., qui structurent la vie de nos concitoyens. On ne peut donc pas penser le développement de manière identique partout. Il est nécessaire de prendre en compte et penser les territoires dans leur diversité. Sans cette ligne de conduite, les politiques décidées à partir du centre (État) sont vouées à l’échec.

Malheureusement, c’est ce que nous constatons régulièrement, avec une question, urbaine, pensée le plus souvent de manière uniforme, en termes métropolitains, devenir l’alpha et l’oméga des politiques publiques. Certes, il ne s’agit plus de penser la France comme il y a cinquante ans, avec un secteur rural important, à dominante agricole, et un secteur urbain en progression, en opposant villes et campagnes.

Il y a désormais une interdépendance de plus en plus forte entre centre et périphérie, entre villes et campagnes. Mais on ne peut pas, comme certains experts et responsables le clament haut et fort, considérer que, désormais, nous serions tous des urbains. Si l’on voit bien les présupposés idéologiques et politiques en faveur de la métrolopisation que veulent imposer le gouvernement et sa majorité, cela ne correspond ni à la réalité des territoires ni au vécu de nos concitoyens, dont un quart vit dans des communes de moins de 2 000 habitants qui représentent l’immense majorité des communes et la grande majorité des élus municipaux et communautaires. Une donnée incontournable au moment où se préparent les élections municipales de 2014.

Certes, les populations de ces communes, dont un grand nombre sont rurales et auxquelles on peut ajouter des chefs-lieux de cantons de plus de 2 000 habitants, ont les mêmes aspirations à la modernité que les habitants des centres urbains, mais elles n’ont pas le même cadre de vie, qui est plus proche de la nature, ni la même offre de services, ni le même rapport au temps que les habitants des grandes concentrations urbaines.

Aujourd’hui, ce n’est pas de disparition du rural, mais de liens et de synergie avec l’urbain dont il faut parler. En ce sens, le concept de « nouvelle ruralité » lancé par Jean-Paul Dufrègne, président du conseil général de l’Allier, est tout à fait pertinent. Il permet de sortir d’une vision passéiste de la ruralité, tout en lui donnant une conception en prise avec la modernité et les évolutions sociétales.

Comme le propose Éloi Laurent, économiste, dans son rapport de février 2013 à Cécile Duflot, la ministre à l’Égalité des territoires et du Logement, « Vers l’égalité des territoires »: « C’est à un nouveau contrat de développement partagé entre espaces urbains et ruraux qu’il importe de réfléchir »

C’est d’autant plus important que la sociologie de ces territoires ruraux a profondément changé. Les campagnes françaises, comme l’a montré Julian Mischi dans un article publié par « Métropolitiques.eu », se caractérisent par la présence massive de membres des classes populaires, en particulier ouvrières, dont un nombre important est en grande difficulté sociale.

Les ouvriers sont proportionnellement plus nombreux dans ces espaces ruraux que dans les aires urbaines (32 % des actifs, contre 22 %). Outre l’importance du nombre des communes et des conseillers municipaux et communautaires à ne pas négliger, ces données sociales et sociologiques montrent le fort enjeu politique des prochaines élections municipales dans ces communes. Il y a là tout un potentiel, jeune et moins jeune, qui, par-delà les clivages traditionnels, peut être mobilisé autour de listes citoyennes au service du territoire et des populations.

Jean-Claude Mairal, Président du CIDEFE. Source CIDEFE Permalien

Une autre info en PDF ayant pour thème : « Environnement et gestion municipale: quelques clés pour comprendre et agir« . Une interview d’ Hervé Bramy