Immigration : Sortir du cercle vicieux.

Le renforcement des contrôles aux frontières ne décourage pas les candidats à l’exil et crée un appel d’air pour les passeurs. Le meilleur moyen d’endiguer l’immigration clandestine reste la lutte contre la pauvreté dans les pays d’origine.

 

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(…)  Le renforcement des contrôles aux frontières ne décourage pas les candidats à l’exil et crée un appel d’air pour les passeurs.

Le meilleur moyen d’endiguer l’immigration clandestine reste la lutte contre la pauvreté dans les pays d’origine.

Comme le soulignent les spécialistes des migrations, le seul moyen pour stopper le flux est d’assurer aux immigrants potentiels de meilleures conditions de vie dans leur pays. Cela impliquerait toutefois l’ouverture du marché européen – surtout dans le secteur agricole – à la production du continent africain, notamment d’Afrique du Nord, ce qui est politiquement impossible. L’UE dépense chaque année 100 millions d’euros pour le fonctionnement de l’agence Frontex, contre 60 milliards d’euros alloués à la politique agricole. Tant que les Européens ne voudront pas de chou tunisien sur leurs étals, ils devront accepter des Tunisiens chez eux. (le continent africain vu de Pologne. NDLR)

Łukasz Wójcik – Polityka Varsovie (Extrait) Permalien Presseurop

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FRONTEX , qu’est-ce ? (Extrait)

(…) Frontex, l’agence européenne qui est censée coordonner les opérations des gardes-frontières des 28 Etats-membres, mais qui, faute de moyens et de compétences suffisantes est devenue le cache-misère des échecs de la politique migratoire européenne.

En réclamant davantage de ressources et de responsabilités pour Frontex, les Etat-membres, oublient de dire qu’ils sont les ultimes responsables légaux du contrôle aux frontières. Habiles, ils éludent également le véritable débat d’importance : celui sur le besoin d’une politique migratoire européenne cohérente et coordonnée, qui contribuerait à relever les futurs défis économiques d’une Europe vieillissante.

(…) Soudainement et pour pallier leurs faillites, les États-membres réclament bruyamment « plus d’Europe ». (…)

Frontex souffre (…) d’un déficit patent de compétences du aux résistances nationales. Au lieu de mettre en place un système efficace de gardes-frontières européens, les Etats-membres ont préférés se battre pour sauvegarder leur souveraineté et garder le contrôle sur une agence européenne, dont, les missions d’interception sont décidées par son comité exécutif qui inclut les représentants de chaque Etats-membres. Jusqu’à la révision de son mandat en 2011, Frontex dépendait de la bonne volonté des Etats-membres pour mettre hélicoptères et navires à sa disposition.

Les Etats-membres ont également poursuivi des politiques contradictoires allant à l’encontre de l’intérêt européen. (…)

UNE POLITIQUE D’IMMIGRATION AU-DELÀ DES CALCULS POLITICIENS

Les défis migratoires qui se posent à l’Europe requièrent pourtant une vision stratégique, au-delà des calculs politiciens. C’est précisément ce contrepied qu’ont pris les Etats-Unis d’Obama, en optant, malgré la crise, pour une grande réforme de l’immigration. L’objectif est de booster l’économie américaine à travers davantage de régularisations et d’opportunités légales de travail pour les immigrés. Un discours positif sur les bénéfices économiques de l’immigration qui attire depuis longtemps les immigrés nord-africains et africains les plus qualifiés et les détourne de l’Europe.

En se focalisant sur Frontex et en occultant les questions de politique de développement avec les pays sources, de l’immigration économique légale, des politiques de visa et d’asile communes, les élites politiques prennent l’Europe en otage et préparent le terrain pour les partis extrême-droite lors des prochaines élections européennes.

Le Monde.fr – Sarah Wolff (Maître de conférence à Queen Mary University of London et spécialiste de la politique migratoire de l’Union Européenne.)  Permalien