*Groupe International d’Experts sur l’évolution du Climat – GIE
La Terre se réchauffe sous le coup de l’activité humaine: en confirmant ce que l’on savait déjà, le cinquième rapport du Giec renforce l’alerte. Et replace la responsabilité du réchauffement entre les mains des décideurs politiques.
Il ne nous apprend rien et c’est sans doute sa plus grande force: plus que de révéler quelque chose de révolutionnaire, le cinquième rapport d’évaluation du Groupe international d’experts sur l’évolution du climat (Giec) confirme ce que disait déjà celui paru en 2007.
Non seulement l’atmosphère se réchauffe, avec des conséquences durables sur tout le système climatique, mais le consensus est désormais établi avec une certitude de 95.% – on parle là d’un niveau statistique établi à partir d’études indépendantes les unes des autres – que l’influence de l’activité humaine en est la principale cause.
Les grandes lignes de cette synthèse mondiale ont été révélées en fin de semaine dernière, via un résumé aux décideurs adopté par l’assemblée plénière du Giec. Et si « le résultat majeur de ce rapport est la confirmation des précédents », souligne fermement Hervé Le Treut, directeur de l’Institut des sciences de l’environnement (1), « cela doit nous inquiéter quant au fait que nous continuons d’émettre toujours plus de gaz à effet de serre ».
« L’ensemble des conclusions livrées au public va avoir un impact pour toute la société », relève pour sa part Pascale Braconnot, chercheur CEA au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. « Elles permettent d’entrer dans la complexité d’un système désormais observé par tous les bouts de la lorgnette. »
Qu’a-t-on appris depuis 2007? Rien en tant que tel, et pourtant beaucoup de choses. L’on-sait désormais « observer avec plus de précision les glaces de la banquise arctique et l’accélération de la hausse du niveau des mers », relève Serge Planton, ingénieur Météo France au Centre national de recherchés météorologiques.
Les modèles se sont perfectionnés et une nouvelle nomenclature a été établie pour élaborer les quatre scénarios à travers lesquels sont projetées les diverses hypothèses de climats futurs – de la plus optimiste à la plus pessimiste, de la plus sobre à la plus émettrice.
Jusqu’à présent, les économistes envisageaient différentes trajectoires de développement, en fonction de données démographiques ou encore de choix énergétiques variables. En était déduit un certain niveau d’émissions de gaz à effet de serre, de concentration de CO2, et donc de réchauffement. Cette fois, la démarche a été inversée: les scientifiques ont pris pour point d’entrée des niveaux de concentration de CO2, à partir desquels ont été calculés les niveaux d’émissions et les trajectoires socio-économiques correspondants.
L’avantage serait un gain de temps et d’efficacité. Une remise à leur place, aussi, des responsabilités. « L’objectif était de donner des informations plus précises aux politiques et d’éviter toute confusion de casquettes: c’est à eux de décider de ce que seront les trajectoires de développement à venir », relève Christophe Cassou, chargé de recherche au CNRS. À eux aussi de savon en définitive, à quel seuil de réchauffement ils décident de maintenir l’atmosphère terrestre.
Notes :
- Tous les scientifiques cités dans ces deux pages ont participé à la rédaction d’une des trois grandes parties du cinquième rapport d’évaluation du Giec.
- La traduction en français du résumé aux décideurs devait être mise en ligne hier soir sur le site du point focal national pour le Giec (Onerc): www.developpement-durable.gouv.fr/
Dossier réalisé par Marie-Noëlle Bertrand – Paru dans l’Huma Web – CLIC pour lire la suite