Handicapé : un espoir en marche.

Financés par l’Europe, des scientifiques travaillent sur le projet Mindwalker, un exosquelette mû par la pensée, capable de rendre l’usage de leurs jambes à ceux qui l’ont perdu.

Depuis l’homo erectus, chaque homme, après une première année d’observation étonnée du monde dans lequel il a atterri, expérimente un étrange concept : la marche. La jambe droite d’abord, puis la jambe gauche (ou l’inverse), puis de nouveau. Et encore une fois, et ainsi de suite : le voilà bipède. C’est ce qui va lui permettre d’évoluer avec une certaine classe dans la société, les épaules légèrement en arrière et le menton parallèle au sol. Ou un peu voûté et les bras ballants à l’adolescence. Mais toujours debout.

Lorsque la maladie ou un accident le cloue sur un fauteuil roulant, la perte d’autonomie est immense. Un trottoir devient un tracas quotidien, L’escalier, c’est l’Everest. La science tente de pallier ce défaut de motricité.

Au-delà des fauteuils roulants de base, on croise maintenant des bijoux technologiques proches de modules lunaires. Mais l’homme restait assis. Jusqu’à maintenant…

Des chercheurs belges ont décidé de remettre tout cela d’aplomb avec le Mindwalker. Littéralement L’esprit qui marche. Un exosquelette, une armure commandée par la pensée. Bardé de technologie high-tech, le Mindwalker capte l’énergie, les ondes émises par le cerveau lorsqu’il cogite et transmet l’information. Vous pensez « jambe droite« , les moteurs de l’exosquelette font bouger la jambe droite, « jambe gauche« , etc. Rompez, vous pouvez fumer.

Ici, pas de mini-joystick, pas de boutons poussoirs à déclencher du bout de la tangue ou d’un battement de paupières. Et ça marche!

Le professeur Guy Chéron, en charge du projet au laboratoire de neurophysiologie et de biomécanique de l’Université Libre de Bruxelles, a testé sa machine sur cinq patients tétraplégiques en ma dernier. « Le concept est établi, reste à affiner la sensibilité de la commande du cerveau et améliorer l’exosquelette pour le rendre autonome plus longtemps. Mais il ne faudra pas dix ans pour que ce procédé soit opérationnel. »

Pour l’instant, la marche est heurtée et saccadée, Le patient se déplace comme un Terminator qui bogue à la fin du film. Mais Guy Chéron travaille sur un mouvement plus fluide en utilisant notamment les muscles des bras : « En analysant les mouvements alternés des bras, les moteurs produisent un mouvement plus proche d’une marche normale. »

Lève-toi et marche. Le projet Mindwalker représente un bel espoir pour ceux qui ont perdu l’usage de leurs jambes. On attend les modes course, saut et vol. Iron Man n’a qu’à bien se tenir.

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Nicolas Carreau – Le Inrocks du 25 sept 2013