Trois articles impliquant la santé, à connaitre !

1) Le SMR sur les boîtes de médicaments, un projet du gouvernement pour 2014

Selon un « document confidentiel » que Le Parisien a pu consulter, un code mentionnant le « service médical rendu » (SMR) pourrait être affiché sur les boîtes de médicaments remboursables en 2014. Le projet serait à l’étude au ministère de la Santé. S’il était mis en place, ce serait une « petite révolution« .

Le quotidien indique que « les autorités voudraient profiter de la disparition programmée » des vignettes pharmaceutiques « pour imposer aux laboratoires pharmaceutiques de faire figurer sur ou dans les boîtes des médicaments remboursables ce SMR« . Le Parisien estime enfin que « dans un contexte de relative perte de confiance dans les médicaments, cet affichage pourrait rassurer les patients et même les inciter à réduire leur consommation des produits les moins efficaces« .

Le professeur Gilles Bouvenot, président de la commission de transparence à la HAS, qui établit ce SMR pour chaque nouveau médicament, estime que ce serait une excellente initiative. Il souhaite cependant que cette information figure « à la fois sur la boîte et surtout sur la notice d’utilisation car, si peu de gens regardent la boîte, beaucoup lisent la notice pour les contre-indications et les effets secondaires« . Le représentant des laboratoires pharmaceutiques juge évidemment le projet malvenu.

Bon, on pourrait aussi se poser la question : pourquoi rembourser des médicaments inefficaces ?

Mieux vaut les retirer du marché ! Le Dr Véronique Vasseur qui publie, avec sa fille et la journaliste Clémence Thévenot, « Santé, le grand fiasco » chez Flammarion, le répète à son tour dans une interview exclusive au Figaro : « un médicament sur deux est inutile, et 5 % sont potentiellement dangereux« .

Des dizaines de molécules aussi dangereuses que celles du Mediator circulent encore. Les failles des agences de sécurité sanitaire existent toujours et les médecins sont toujours aussi mal formés en pharmacologie. Et puis, « chaque année, nous jetons l’équivalent de 5 milliards d’euros de médicaments à la poubelle, dont 4 milliards sont remboursés par la Sécurité sociale« , rappelle le médecin.

L’Express publie des extraits de l’ouvrage dans un dossier de 13 pages.
Autre intérêt du SMR communiqué sur les boîtes avec l’exemple des traitements anti-Alzheimer. Le Monde fait savoir que « la prescription de médicaments anti-Alzheimer ne cesse de baisser depuis 3 ans. Elle a diminué de 26 % en volume depuis 2010, passant de 3,732 millions d’unités en 2010 à 2,775 millions en 2013, selon les chiffres de Celtipharm« .

Le journal rappelle qu' »une rupture est constatée fin 2011, ce qui correspond à l’avis de la commission de transparence de la HAS, qui avait estimé que ces 4 molécules – donépézil, galantamine, mémantine et rivastigmine – n’apportaient pas d’amélioration du service médical rendu, mais un bénéfice clinique au mieux modeste« . Depuis, « la baisse se poursuit puisque les ventes de ces produits ont fléchi de 13,7 % entre septembre 2012 et août 2013« . Au total, « environ 630 000 Français sont traités par ces produits, dont 10 % des plus de 80 ans« , selon Celtipharm.

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2) Rapport Bégaud-Costagliola sur la surveillance et la promotion du bon usage du médicament en France

Le Pr Bernard Bégaud et la Directrice de recherches Dominique Costagliola décrivent l’exception française en matière de surconsommation médicamenteuse et d’absence de suivi du mésusage du médicament, dans un rapport concis remis lundi 16 septembre 2013 à la ministre de la Santé. Ce document de 57 pages constitue la synthèse du travail mené dans le cadre d’une mission sur la « pharmacosurveillance » confiée par Marisol Touraine le 26 février 2013.

Les constats sont sévères, on s’en doute. « Par une carence surprenante au vu de l’enjeu, aucune étude ou programme n’a depuis plus de 20 ans permis d’estimer la proportion ou le nombre des prescriptions non conformes et l’ampleur de leurs conséquences néfastes, tant au plan clinique, sanitaire et économique« , dénoncent les auteurs.

Une étude de ce type devrait, de manière prioritaire, faire l’objet d’un appel d’offre spécifique.
Ce qui n’empêche pas la Mission d’avancer que la France est l’un des pays développés dans lequel les prescriptions non conformes (qu’il s’agisse des recommandations de AMM ou des données actualisées de la science) semblent les plus fréquentes, si ce n’est banalisées ». Les conséquences de cette situation sont considérables, avec des surcoûts induits qui se chiffrent en milliards d’euros par an et se cumulent depuis de nombreuses années.

Au chapitre des recommandations, les auteurs du rapport préconisent, dans un premier temps, « d’agir sur deux leviers qui constituent des préalables essentiels : la création, indispensable, d’une structure organisant et facilitant l’accès, pour les autorités sanitaires et les chercheurs (dont le rôle d’appui méthodologique et de lanceurs d’alerte est essentiel), aux différentes sources de données en santé pertinentes en ce domaine, et une meilleure formation et information des professionnels de santé et du grand public, bien mal préparés en France aux principes de base de la bonne prescription et du bon usage des produits de santé« . Bref, rien d’innovant. D’ailleurs, le consultant François Pesty nous propose son analyse, comme il se doit bien documentée, de ce rapport,  « parfois fort dans le constat » mais « peu imaginatif » et qui « peine à proposer des solutions pertinentes« .
A signaler que la mission « données de santé » de l’IGAS confiée à Pierre-Louis Bras, devenu fin août secrétaire général des ministères chargés des affaires sociales), doit rendre ses conclusions avant la fin de l’année 2013 (source dépêche TIC Santé).
Enfin, Libération enfonce le clou, dans un article intitulé « Médicaments, la vieillesse en pleine overdose ». Le journal évoque une enquête détonante de l’hôpital Pompidou, « La consommation médicamenteuse des sujets âgés en France en 2011« , qui sera présentée prochainement lors du congrès de la Société française de gériatrie. Cette enquête explosive fuite très opportunément le lendemain de la remise du rapport Bégaud/Costagliola. Ses résultats « sont ahurissants, car ils pointent une consommation hors de tout contrôle », écrit Libé.

Les plus de 80 ans avalent en moyenne plus de 10 produits par jour, une surconsommation qui n’est pas directement liée à l’état de santé réel des personnes âgées. Le journal estime ainsi qu' »à ce niveau, on ne peut plus parler de soins, on pourrait presque évoquer du gavage« . Le professeur Olivier Saint-Jean, chef de service à l’hôpital européen Georges-Pompidou, qui a coordonné ce travail, rappelle que 10 % des hospitalisations en France sont liées à des accidents médicamenteux et que « le pourcentage de sujets âgés à risque d’accident médicamenteux dépasse les 80 % après 80 ans« .

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3) Rapport d’activité du Comité Économique des Produits de Santé en 2012

Le comité économique des produits de santé (CEPS), organisme interministériel et interinstitutionnel placé sous l’autorité conjointe des ministres chargés de la santé, de la sécurité sociale et de l’économie, est principalement chargé par la loi de fixer les prix des médicaments et les tarifs des dispositifs médicaux à usage individuel pris en charge par l’assurance maladie obligatoire. Le CEPS contribue également, par ses propositions, à la définition de la politique économique des produits de santé.

  • La première partie de son rapport d’activité est consacrée à la description du marché et à l’évolution des dépenses de produits de santé. Les ventes de médicaments remboursables, exprimées en prix fabricant hors taxe, s’élèvent à 25,18 Md€ en 2012, en recul de 2,2 % sur un an.

Les dépenses remboursables de dispositifs médicaux inscrits sur la liste des produits et prestations remboursable (LPPR) se montent à 7,5 Md€ en 2012, en croissance de 5,2 % par rapport à 2011.

  • La deuxième partie traite des mesures de régulation des dépenses de produits de santé et des sanctions des interdictions de publicité.
  • La troisième partie porte sur les statistiques d’activité du comité. Le Comité publie pour la première fois la liste des produits auxquels la Commission de transparence n’a pas accordé d’amélioration de service médical rendu (annexe 11).

Les efforts de baisses des prix ont été quasiment doublés en 2012 par rapport aux années précédentes, atteignant plus de 900 millions d’euros pour le secteur du médicament, soit presque 40 % des économies programmées pour respecter l’Ondam.

Les changements de prix occasionnés – au nombre de 3 400 – ont considérablement alourdi le fonctionnement du Comité, à moyens constants.

Enfin, pour la première fois, le rapport apporte une contribution à la comparaison internationale des niveaux des prix des médicaments en présentant une synthèse des résultats de quelques études référencées dans ce domaine (annexe 9).

Notes : Rapport d’activité 2012 – 141 pages – septembre 2013