Les maladies neurodégénératives augmentent …

Alzheimer et les autres démences sont devenues la quatrième cause de décès après les tumeurs, les pathologies cardiovasculaires et les accidents, selon l’Inserm. En 2010, on estimait qu’entre 750 000 et 1 million de Français étaient touchés, une prévalence qui devrait atteindre entre 1,29 et 1,40 million de personnes en 2030.

Mais ces chiffres restent des extrapolations réalisées à partir de données issues d’études françaises et européennes, puisqu' »il n’existe aucune surveillance de l’incidence et de la prévalence de ces pathologies« , soulignent les auteurs d’une étude publiée le 10 septembre 2013 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

Afin de dresser un état des lieux plus précis de ces maladies neurodégénératives, ils ont donc examiné les données de deux années, 2007 et 2010, issues des bases des affections de longue durée (ALD) de l’Assurance maladie, des hospitalisations et des certificats de décès.

Ainsi, le nombre total de personnes prises en charge au titre de l’ALD 15, maladie d’Alzheimer et autres démences, a augmenté de 14,6 % entre 2007 et 2010. Elles étaient 316 000 en 2010, observe l’article de l’Institut de veille sanitaire (InVS), très majoritairement (à 73 %) des femmes.

« Une grande partie de cette augmentation est imputable au vieillissement de la population« , analyse l’InVS. La fréquence de la maladie, elle, n’a pas beaucoup augmenté sur la période. Corrigée de l’impact du vieillissement de la population, la prévalence est passée de 2 481 cas pour 100 000 personnes de plus de 65 ans en 2007 à 2 602 cas en 2010.

L’association France Alzheimer pointe les progrès du dépistage et du diagnostic, depuis le lancement du premier plan Alzheimer en 2008. Malgré ces progrès, « dans plusieurs pays, dont la France, on estime que seulement 50 % des patients avec une maladie d’Alzheimer ou une autre démence sont repérés par le système de santé« , relève l’InVS.

Plus nombreux, ces malades sont aussi plus souvent hospitalisés. Les hospitalisations enregistrées ont progressé de 23,6 % en trois ans, mais c’est surtout dû à une meilleure déclaration de la part des hôpitaux. Si l’on se base sur les seuls traitements (limités) directement liés à une ALD 15, les dépenses de l’Assurance maladie restent encore modestes, avec une dépense totale de 1,2 milliard d’euros en 2011.

« Ces résultats mettent en lumière le poids considérable et en augmentation de la maladie d’Alzheimer et démences apparentées pour la société. Ils confirment de plus, malgré leurs limites, l’intérêt de l’analyse croisée des bases médico-administratives et des causes médicales de décès dans la surveillance de la prévalence et de l’incidence des personnes prises en charge médicalement pour ces pathologies, en complément des cohortes« , conclut l’article.

INFO +
Maladie d’Alzheimer et démences apparentées : taux d’ALD, de patients hospitalisés et de mortalité en France métropolitaine, 2007 et 2010 – BEH n° 30 10 septembre 2013

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Comment expliquer la faible disposition des individus à se couvrir face au risque dépendance ?

L’effort public en faveur des personnes âgées dépendantes représentait en 2010 quelque 24 milliards d’euros, soit 1,4 % du PIB français. Le reste à charge global est quant à lui estimé à 10 milliards d’euros.

Les restes à charge au niveau individuel peuvent atteindre des sommes relativement élevées, en particulier lorsque la prise en charge s’organise en institution.

Paradoxalement, pour financer en partie ces restes à charge,  seuls 2 millions d’individus disposent d’une couverture dépendance souscrite auprès d’un organisme privé de type viagère (jusqu’au décès), soit moins de 10 % de la population des 50 ans et plus.

D’après la FFSA, les prestations versées en 2010 aux personnes âgées dépendantes représentaient près de 166 millions d’euros, somme négligeable au regard du reste à charge total de 10 milliards d’euros évoqué.

Cette revue de la littérature réalisée par l’IRDES propose une synthèse des différents freins à la souscription volontaire d’une assurance dépendance.

  • Les premiers renvoient au manque d’attractivité de l’offre d’assurance qui propose des garanties partielles, qui prennent souvent la forme de rente forfaitaire, à un prix relativement élevé.
  • Les seconds renvoient directement aux caractéristiques de la demande d’assurance et à la manière dont les individus appréhendent le risque dépendance.
  • La littérature pointe tout d’abord la méconnaissance du risque au sein de la population et des risques financiers associés.
  • Beaucoup d’individus semblent sous-estimer ces risques ou bien surestimer la couverture publique.
  • D’autres pourraient préférer s’appuyer sur le soutien familial en cas de dépendance.

INFO+
IRDES Questions d’économie de la santé n° 188, juin 2013

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Source Annuaire Sécu Lettre 569