Coût des médicaments et étude polémique …

En France, le coût des médicaments reste très élevé.

Et pourtant, il serait possible d’économiser 10 milliards d’euros en trois ans, sans diminution de la qualité des soins, selon une récente étude présentée lors d’une conférence de presse le 24 juin par Michèle Rivasi, députée écologique européenne, entourée de Serge Rader, pharmacien lanceur d’alerte et du célèbre professeur Philippe Even, auteur d’une récent ouvrage polémique sur les médicaments anti-cholestérol.

« Alors que le déficit de la branche maladie se perpétue (encore 7,9 Md prévus en 2013 malgré les hausses des prélèvements tous azimuts), les autorités refusent d’engager une véritable réforme de la politique du médicament, pourtant déjà réalisée par tous les pays européens. Dans toute l’Europe, les prix des médicaments ont baissé. Qu’attend la France ? « , s’insurge Michèle Rivasi.

En 2012, la CNAMTS s’est félicitée d’une décroissance inédite de 0,8 % de la dépense quand l’Italie, pays socio-économiquement la plus proche de la France, a réalisé une baisse de 9,07 % après celle de 8,56 % en 2011.

« Des milliards d’euros sont ainsi jetés par la fenêtre mais ce qui est grave c’est que rien ne change, on continue cette politique à fonds perdus, en augmentant les prélèvements tous azimuts qui remettent en cause l’accès aux soins pour tous et ce, malgré les scandales successifs, une loi sur le médicament et sur la transparence, nous consommons toujours de 50 à 100 % de plus que nos voisins européens« , peut-on lire dans le dossier de presse qui donne un grand nombre d’exemples chiffrés des surcoûts dans notre pays.

Les trois protagonistes détaillent leur plan de réforme de la filière du médicament en France. Ils préconisent notamment de rendre indépendant le coût de la distribution quel que soit le prix du médicament en remplaçant la marge commerciale actuelle des pharmaciens par des honoraires, une diminution de 50 % des prix des génériques, une fois l’honoraire mis en place et la mise en concurrence des 22 opérateurs de génériques à l’œuvre en France, le nettoyage de la Pharmacopée (me too, co-marketings, contre-génériques, AMM de complaisance…), une prescription « optimisée« , en apportant une information indépendante aux médecins « trop soumis à l’influence des laboratoires« .

Les économies dégagées doivent notamment permettre de favoriser « la renaissance d’une recherche publique« .
Inutile de préciser que Le Leem, qui fédère les entreprises du médicament présentes en France, conteste vigoureusement l’étude et les chiffres présentés par Michèle Rivasi. Il regrette qu' »une fois de plus, les mêmes experts autoproclamés se livrent à une critique opportuniste et sans nuance d’un secteur d’activité stratégique pour l’économie nationale« . Il soulève notamment que la dépense de médicaments de l’assurance maladie obligatoire s’élève à 22,9 milliards d’euros et non 35,5 milliards comme indiqué par les trois observateurs. Le syndicat n’a pas bien lu le dossier de presse… comme d’autres d’ailleurs

Dans le même ordre d’idée, trois responsables du Syndicat de la Médecine Générale (SMG) rendent publique une lettre ouverte à Marisol Touraine pour dénoncer (une nouvelle fois) un autre scandale, celui du Lucentis, ce médicament utilisé dans la lutte contre la cécité entraînée par la DMLA (Dégénérescence maculaire liée à l’âge, désormais en tête des dépenses de médicaments, avec 389 millions d’euros et un taux de croissance annuel de l’ordre de 25 à 30%.

L’Avestin, produit à l’efficacité et aux effets secondaires comparables, coûterait 20 fois moins, mais son seul défaut est de n’être pas homologué pour cet usage. Malgré cela, une tolérance existait, permettant l’utilisation de l’Avastin en milieu hospitalier, après reconditionnement ophtalmologique par la pharmacie des hôpitaux.

Cela, jusqu’à ce qu’une circulaire de la Direction générale de la santé, en date du 11 juillet 2012, vienne en interdire l’usage. Depuis, personne ne se presse, surtout pas au niveau des autorités françaises pour corriger cette anomalie flagrante qui permet à l’industrie du médicament de réaliser encore davantage de profits disproportionnés, au détriment de l’Assurance maladie.

Si rien ne se passe, « compte tenu du marché potentiel de ce médicament, ses remboursements, à eux seuls, absorberont d’ici cinq ans la totalité des économies réalisées par l’usage de l’ensemble de tous les génériques », préviennent les médecins.

Enfin, selon le quotidien Les Echos (26-06), le gouvernement, qui prépare la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014, prévoit que l’industrie pharmaceutique devrait être l’un des principaux contributeurs au plan d’économies de l’assurance maladie l’année prochaine. Il travaille actuellement sur une enveloppe proche de 1 milliard d’euros (baisses de prix, maîtrise des volumes de prescription et montée en puissance des génériques).

Rien de bien nouveau, puisque les gouvernements de droite comme de gauche ont systématiquement eu recours à une enveloppe similaire au cours des huit dernières années. En 2012, l’effort a même dépassé 1,2 milliard.

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Dossier de presse « Coût des médicaments en France : la gabegie se poursuit »

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Source Annuaire secu – Lettre 558