Retour sur notre d’histoire …

Dans un précédent article posté intitulé« Étonnante et troublante similitude. », je reprenais une partie de l’histoire de la France, vous trouverez ci-après un autre aspect qui sans être parfaitement similaire, s’en approche par bien des aspects notamment économiques et revendicatifs. MC

(…) À partir de 1935, la manifestation s’efface (lire)pour laisser place aux autres formes d’expression de la démocratie populaire : les élections et la grève.

Le comité de rassemblement populaire se lance dans la campagne législative au début de l’année 1936 autour d’un slogan : « le pain, la paix, la liberté ».

La gauche accuse « 200 familles » détentrices des moyens de production d’empêcher un règlement de la crise. La grève précède les élections de mai. Les ouvriers qualifiés de la grande industrie, encadrés par la CGT, déclenche le mouvement.

Pour la philosophe Simone Veil, l’usine a fait de ses ouvriers « dans leur propre pays, des étrangers, des exilés, des déracinés ». Déclassé soumis à des conditions de travail contraignantes (travail à la chaîne, chronométrage), ils ont aussi parfois subi l’humiliation de ceux qui quémandent le travail. Il n’est pas rare à cette époque de voir des ouvriers se présenter chaque jour chez Renault pour espérer travailler une ou deux.

Les élections de 1936

Le Front populaire l’emporte de peu en mai 1936. La SFIO devient le premier parti à la chambre des députés et son chef, Léon Blum, forme en juin un gouvernement composé pour la première fois de trois femmes-alors que l’homme qu’elle ne dispose toujours pas de droit de vote-et de ministres socialistes et radicaux : « (…) Nous espérons ranimer jusque dans la profondeur de la nation sa foi en elle-même, dans son avenir, dans son destin (…) »

Le parti communiste passe de 12 à 72 députés. La classe ouvrière de la grande industrie accède à la vie parlementaire, et l’élection à la députation de Costes, ajusteur chez Renault, est emblématique de cette conquête. Elle marque aussi le début de la légende de Billancourt. Pourtant, les communistes se contentent de soutenir le gouvernement sans y participer.

À l’annonce de cette victoire, les grèves se propagent dans les services publics, les industries et le commerce. Bientôt près de 2 millions et demi de travailleurs bloquent la production.

Pour empêcher la fermeture des entreprises, les grévistes occupent les locaux jours et nuit. Au bruit des machines s’est substitué celui des rires, des chants et de la musique. Les travailleurs marquent une pause après ces dures années de crise, ils sont animés par l’espoir d’une vie meilleure et savourent leur détente au cours des bals populaires improvisés.

Traumatisé, le patronat cède en quelques jours ce qu’il avait refusé d’accorder depuis 20 ans.

Les accords de Matignon

Signé en juin sous l’égide du gouvernement, les accords de Matignon permettent à la CGT de négocier avec le patronat une augmentation de salaire, des conventions collectives et la reconnaissance du droit syndical.

Des lois compléteront ces mesures en instaurant la semaine de 40 heures et 2 semaines de congés payés. Le militantisme a fait ses preuves, et la CGT multiplie ses effectifs par cinq. La rue offre le spectacle de cette liesse collective. Le 14 juillet 1936 est célébré en grande pompe à Paris.

1 million de personnes descendent dans les rues à l’appel des organisations du rassemblement populaire. Le trajet République-Bastille-Nation inscrit son empreinte sur le pavé parisien. Les drapeaux rouges côtoient les drapeaux tricolores, et les manifestants chantent La marseillaise ou L’internationale. (…) A suivre

Extrait du très beau livre « Aux armes Citoyens » – Auteurs, Pierre-Louis Basse et Carole Bitoum sous titre « Barricades et manifestations de rue en France de 1871 à nos jours » Edition Hugo Doc –  www.hugoetcie.fr