Petites choses fragiles …
Les industriels débordent de stratégies pour nous forcer à renouveler nos équipements.
La batterie d’un smartphone montre les premiers signes de faiblesse au bout de 300 cycles de charge, soit après 12 à 36 mois en fonction de l’usage, selon L’association Green IT. Ensuite, c’est la panne. Il est certes possible de la changer, à condition d’en trouver une – les modèles évoluent si vite.
Et puis il y a le prix… Tandis que les offres alléchantes de remplacement du smartphone incitent plutôt au renouvellement. Et les consommateurs y cèdent tous les vingt mois en moyenne, selon le Centre européen de la consommation. C’est l’une des stratégies de l’obsolescence programmée.
Le coup du composant faible « non remplaçable » est un classique.
Une étude de 60 Millions de consommateurs révèle que les écrans plats s’éteignent après neuf ans d’utilisation. Le problème : un condensateur, indispensable à l’allumage de l’appareil. S’il est trop loin des dissipateurs de chaleur, il se détériore. Coût du remplacement : jusqu’à 400 euros. Mal positionné ou fondu dans un circuit imprimé, il n’est pas remplaçable.
Idem avec ces connecteurs à moins d’un euro qui condamnent un ordinateur quand ils sont défaillants, parce que soudés sur la carte mère, dont le remplacement coûterait la moitié du prix d’un ordinateur neuf…
Les lave-linge : huit sur dix disposent d’une cuve en plastique plutôt qu’en inox. Plus fragiles, elles lâchent avant tout autre organe. Et il faut changer la machine : personne ne remplace une cuve.
Autre pratique : le moulage intégral, qui interdit tout démontage. Pour dépanner un sèche-cheveux, il faut casser sa gangue de plastique.
L’obsolescence « d’incompatibilité » est une pratique généralisée dans le monde des nouvelles technologies : ordinateurs, tablettes, mobiles, etc. réclament à cadence soutenue des versions toujours plus récentes du système d’exploitation, plus de mémoire vive, des mises à jour d’applications consommatrices d’espace sur le disque dur…
En quelques mois, les modèles, bien que parfaitement fonctionnels, cumulent les handicaps et sont bons pour le rebut.
En 2007, l’Agence de l’environnement de la maîtrise d’énergie (Ademe) montrait que seuls 44 % des appareils tombés en panne étaient réparés.
Valérie Tournelle –Politis N°1253
On va bien voir quelle suite connaîtra la proposition de loi des sénateurs EELV destinée à lutter contre l’obsolescence programmée. Mais, mondialisation faisant, cette lutte ne peut se circonscrire à notre seul pays.
Je sais bien que nous sommes dans un système économique où la concurrence est rude ou le remplacement de pièces usagées prématurément et orchestrées de manière à vendre toujours plus. Reste que lorsque le petit bouton poussoir qui vaut tout de suite deux euros au plus tombe en panne et vous oblige après passage d’un technicien (qui au passage facture sa prestation alourdissant la rage de la découverte de l’objet de la panne) à racheter le matériel pour de 10 à 50 fois plus de la valeur de la pièce à changer, l’envie de dénoncer est criant.