A la fois pour l’environnement et pour la santé des consommateurs. Or, l’agence de notation Noteo (voir encadré) a donné à 60 produits ménagers sur 369 évalués une note inférieure à 5/10 concernant leur impact sur l’environnement. Et 68 n’atteignent pas non plus la moyenne du point de vue sanitaire. La faute à la présence de substances chimiques qui se retrouvent ensuite dans l’air intérieur des maisons ou dans les milieux aquatiques après avoir été rejetées dans les canalisations.
Les produits ménagers (nettoyants multi-surfaces, crèmes à récurer, spray vitres, liquides vaisselle et autres dégraissants) sont pour la plupart des détergents – hormis l’eau de javel -, élaborés notamment à partir de composés chimiques (les tensioactifs), le plus souvent issus du pétrole. Et ceux-ci ne sont pas biodégradables.
La grande majorité des détergents contient aussi des phosphates, à l’exception des lessives pour lesquelles cet usage est interdit en France depuis 2007 (1). Ces phosphates sont responsables notamment de la prolifération des algues à l’origine de ce qu’on appelle l’eutrophisation (*) des milieux aquatiques. Or, selon l’Ademe, 50 % des phosphates présents dans les eaux françaises proviennent des produits d’entretien ménagers.
Le potentiel d’eutrophisation des lingettes prêtes à l’emploi est certes sept fois moindre que celui des nettoyants liquides. Ces lingettes permettent aussi d’utiliser trois fois moins d’eau de lavage, mais elles génèrent également six fois plus de déchets (2).
Mais le plus mauvais élève, c’est incontestablement l’eau de javel : 0,4/10 en matière sanitaire et 1,1/10 sur l’échelle environnementale. « Elle contient du chlore qui, une fois rejeté et au contact de molécules organiques, se tranforme en composés toxiques », explique Emmanuelle Ferré, responsable du pôle environnement chez Noteo.
Ainsi, lorsque ces composés se retrouvent dans les rivières ou les océans, malgré les systèmes de traitement des eaux usées, ils génèrent des anomalies dans le développement ou des difficultés de reproduction chez certaines espèces de poissons et de crustacés.
Les consommateurs ne sont pas à l’abri non plus : « L’eau de javel contient une substance [3] suspectée d’être cancérigène, ajoute Aurèle Clémencin, directeur scientifique de Noteo Institut. De plus, elle est un irritant pulmonaire, du fait des particules qui s’en échappent. » Ces risques sont d’autant plus inutiles que l’eau de javel, qui certes désinfecte et blanchit, ne nettoie pas en réalité.
La pollution de l’air intérieur
Mieux vaut donc se contenter de détergents ; mais ils ne sont pas inoffensifs non plus. Parmi les substances les plus décriées, on trouve notamment les thiazolinones, une famille de composés difficilement biodégradables, mais aussi suspectés de neurotoxicité pour les usagers, c’est-à-dire de perturber le fonctionnement normal du système nerveux.
« Qu’elles soient volatiles ou qu’elles s’accumulent au niveau du sol après lavage, ces substances sont nocives, surtout pour les jeunes enfants, qui passent beaucoup de temps par terre et les inhalent, explique Aurèle Clémencin. Il y a un vrai enjeu de pollution de l’air intérieur. » Selon l’Observatoire sur la qualité de l’air intérieur, cette pollution pourrait participer à l’accroissement de diverses pathologies (accidents vasculaires cérébraux, certains cancers, diabète, etc.) et des allergies respiratoires. Sans compter que les produits ménagers peuvent aussi représenter un risque d’intoxication en cas d’ingestion ou de brûlures par contact, avec les yeux par exemple.
« De fait, la réglementation sur la composition des produits ménagers est bien moins contraignante que pour les produits d’hygiène et de beauté. Sous prétexte qu’ils ne sont pas d’application directe sur la peau. Et c’est un tort. Car les produits d’entretien sont d’usage courant », explique Aurèle Clémencin.
Problème supplémentaire, les consommateurs n’ont pas d’accès direct sur l’étiquette à la composition exhaustive des produits ménagers. Selon une réglementation européenne de 2005, 26 substances parfumantes identifiées comme les plus allergènes doivent être signalées sur l’étiquette ainsi que les conservateurs ajoutés. Mais pour en savoir plus sur la composition du produit, il faut se rendre sur un site Internet indiqué sur l’emballage et parfois se transformer en détective pour trouver l’information.
« Globalement, la transparence des industriels est bonne, mais la démarche est très contraignante pour les consommateurs », explique Aurèle Clémencin. Quant à l’affichage destiné à mieux informer sur l’impact environnemental des produits, il a été lancé le ter juillet 2011, suite au Grenelle de l’environnement, et expérimenté pendant un an. Excepté un référentiel commun à plusieurs industriels sur les lessives, seule l’entreprise Novamex a élaboré un système d’affichage pour ses liquides vaisselles de la marque L’arbre vert. Cette expérimentation, dont un bilan a été tiré en février dernier, pourrait être étendue. Mais aucun calendrier n’a été établi pour le moment.
Le recours aux labels
La meilleure garantie pour les consommateurs restes pour l’instant les labels « verts ». En termes d’impact sur l’environnement, le plus performant est le label Ecocert, selon les experts de Noteo. « Il interdit la plupart des substances dangereuses, impose un seuil de biodégradabilité supérieur à la législation et limite l’emballage », explique Emmanuelle Ferré.
Quant à la dimension santé, Ecocert se défend bien, mais les labels les plus exigeants sont ceux de Nature & Progrès, Ecologo (canadien) et Eco Garantie (belge), notamment parce qu’ils limitent les conservateurs et interdisent les substances parfumantes synthétiques. « De manière générale, il faut favoriser les produits dont la formulation chimique est la plus simple », explique Aurèle Clémencin. En fait, le mieux reste le bon vieux savon liquide, le bicarbonate de soude (reconnu pour son efficacité contre les graisses) et le vinaigre blanc (célèbre pour ses vertus de détartrage). Quant au mélange du bicarbonate et du vinaigre, il serait un excellent déboucheur.
Les recettes de grand-mère ont encore de l’avenir !
CLAIRE ALET – Aternatives Economiques N°323 Avril 2013 – Cet article est réalisé en partenariat avec Noteo, qui compare les produits du quotidien selon quatre critères: Santé, Environnement, Social, Budget.
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Notes
- Au niveau européen, un règlement de mars 2012 impose une limite de 0,5 g de phosphore dans les lessives à partir du 30 juin 2013, et de 0,3 g dans les détergents pour lave-vaisselle à partir de 2017.
- D’après une étude de 2009 d’Ecobilan, branche du cabinet d’audit et de conseil PWC.
- L’hypochlorite de sodium.
(*) Eutrophisation: dégradation du milieu aquatique liée à l’apport excessif de substances nutritives.
A reblogué ceci sur jegouf's Blog.
Merci pour avoir lu mon blog et être intéressé par le contenu d’un article. Il est possible de consulté cet organisme de contrôle-verification à l’adresse http://www.noteo.info
Si tous les industriels faisaient des détergents Ecocert à base de canne à sucre et d’huile de palme, on n’aurait déjà plus d’arbres depuis bien longtemps !
Je préfère un produit qui sort d’une usine propre qu’un produit naturel dont l’usine rejette ses eaux de rinçage dans le réseau.
Quant à l’eau de Javel, elle a comme résidu du sel et de l’eau, et sa décomposition est ultra rapide; elle est obligatoire dans la désinfection de l’eau potable et des légumes dans nos cantines. Je préfère largement gérer une pollution à l’eau de Javel qu’une pollution aux terpènes d’orange ! Rappelons également qu’autrefois, on faisait aussi des poisons avec les plantes.
Dans les industriels cités dans l’étude, certains utilisent des matières premières végétales, il suffisait de lire les étiquettes, et ils ne revendiquent pas pour autant une écologie à toute épreuve parce qu’elle est payante chez ECOCERT.
On parle d’allergènes, mais il y en a énormément dans les huiles essentielles dites naturelles; les rares parfums sans allergènes sont issus de synthèses chimiques.
Il reste dans cette étude des raccourcis inacceptables sur les phosphates, sur la notion de biodégradabilité, sur les lingettes. On pourrait dire des milliers de choses encore, même si tout ce qui est dit n’est pas faux, mais ça ne servirait pas ECOCERT.
L’ECOLABEL est un label public issu d’une volonté politique européenne, il a une part de marché bien supérieure et c’est le seul demandé par les collectivités, et il n’est même pas cité. Alors que L’ECOCERT est un label privé, c’est un business.
Cette étude n’est pas objective, parce qu’ils ne pouvaient pas ignorer ces points.
Les auteurs de cette étude sont soit laxistes, soit menteurs, mais en aucun cas professionnels… du moins, dans le cas de cette étude.
L’intelligence n’est pas dans le « tout végétal », mais dans son utilisation réfléchie et comparée. Laissons le végétal nourrir et soigner les hommes, et arrêtons de laver des surfaces propres, et de désinfecter tout ce qu’on approche.
Encore une fois, en chimie comme ailleurs, le seul label « durable » auquel il faut se fier est le « bon sens », lui est incontestablement naturel et tellement essentiel…
Voilà bien le genre de propos qui ne m’apporte aucune réponse permettant de dire si oui ou non tel produit est néfaste ou bon. L’étude citée attire – donne le conseil- à tord ou à raison a l’utilisateur, béotien en chimie que je suis – comme de très nombreux consommateurs -, pour le produit à éviter et celui conseillé.