Au-delà des frontières, la perception d’un ex-président français n’est pas tendre. Gardons-nous de porter jugement sur l’affaire Bettencourt-Sarkozy tant qu’elle n’est pas élucidée. Par contre l’appréciation générale venue de l’étranger -l’Espagne en l’occurrence- sur le sautillant ex-président français, sur l’exercice de sa présidence, sur la perception de la France vue de l’étranger, est malgré tout, à la fois réaliste mais aussi dramatique. MC
Personne ne s’est autant acharné à détruire l’image de Nicolas Sarkozy que Nicolas Sarkozy lui-même.
Le soir de son élection, en mai 2007, comme il a choisi de fêter sa victoire au Fouquet’s avec ses amis millionnaires du monde des affaires et du spectacle, tous ses grands discours destinés à se faire passer pour un homme proche des Français ont été réduits d’un seul coup à néant
Dans les mois qui ont suivi, faisant preuve d’un culot et d’un entêtement inouï, Sarkozy n’a pas hésité à se faire photographier à bord de yachts luxueux dans des endroits paradisiaques, confirmant ainsi qu’il avait tout d’un Rastignac.
Une telle soif de pouvoir associée à une tendance incontrôlable à l’autodestruction relève de la pathologie.
Tout comme la crise économique, et plus que le travail de sape de l’opposition socialiste, c’est sans doute ce trait de caractère qui lui a valu l’année dernière le suprême ridicule de manquer de peu sa réélection et de ne rester qu’un seul mandat à la tête du pays
Aujourd’hui Sarkozy est accusé par un juge d’avoir commis une faute d’une malhonnêteté impardonnable : l’abus de la faiblesse d’une vieille femme atteinte de la maladie d’Alzheimer (…).
Le juge Gentil se fonde sur des éléments permettant de penser que Sarkozy a soutiré de l’argent à Liliane Bettencourt afin de financer sa campagne électorale de 2007.
(…)
En mai 2012, j’écrivais : « Sarkozy peut être vaincu ce dimanche 6 mai par François Hollande (…). Cela confirmerait que ses fourberies, son état d’excitation permanent, sa passion obscène pour les riches et autres célérités, son agressivité et sa démagogie sont devenus insupportables à des dizaines de millions de Français. »
Même si elle s’est confirmée, cette prédiction n’avait pas grand mérite. Moins crédules par exemple que les Américains, les Français sont un peuple qu’on ne peut pas tromper majoritairement pendant longtemps. La démence sénile d’une Liliane Bettencourt n’est pas une maladie collective de l’Hexagone. La mise en examen de Nicolas Sarkozy n’a rien de surprenant : on ne peut pas tromper bien longtemps les Français.
Javier Valenzuela – infoLibre, Madrid – Vu dans « Courrier international N° 1169 (Extrait)