Les coupables, ce sont toujours les autres
Les banques avides, l’UE ou Angela Merkel : la recherche des responsables de la crise chypriote suit les clivages de la crise de l’euro. Mais si chacun est responsable des fautes de la société, alors les Chypriotes doivent sacrifier une partie de leur épargne, assure un éditorialiste allemand.
Philokypros Andréou, le président de la Chambre de commerce et d’industrie chypriote parle de guerre : « C’est comme en 1974 quand les Turcs ont débarqué ! C’est un génocide financier ! » , fulmine-t-il dans un entretien accordé à Die Welt . ”Notre secteur financier est ruiné ! Merkel et Schäubel s’en prennent à des innocents ! »
Génocide. Mouais. Les médias allemands aiment eux aussi les grands mots. « La confiance en grand danger ! » , « Nouvelles craintes pour l’Europe ! » , « Les gens vont-ils se précipiter pour vider leurs comptes ? » C’est comme ça qu’on crée la panique contre laquelle on met en garde, bien entendu en toute innocence – nous couvrons simplement les évènements.
« Oui, nous avons des banquiers et des responsables politiques corrompus, mais c’est nous, les Chypriotes, qui sommes les victimes ! » , déclare Andréou. Ah bon ?
Chypre possède un secteur bancaire bizarrement surdimensionné, peu d’entreprises, des impôts super faibles. Si, là où je vis, on passe son temps à construire des autoroutes, des ports et de super zones piétonnes alors que les impôts sont peu élevés et que l’industrie végète, est-ce que le citoyen lambda que je suis n’a vraiment rien à voir avec cela ?
Soupçons puérils
Les petits comptes vont devoir verser 3% pour résoudre la crise, les plus gros 6 ou 10%. Bien sûr, on aurait pu édicter un impôt spécial mais les étrangers détenteurs de gros comptes truffés d’argent sale s’en seraient bien tirés. Il ne reste donc plus que la solution d’un protectorat russe et le cirque habituel des protestations où l’on traite Merkel de Hitler et on soupçonne puérilement « l’Europe de vouloir anéantir Chypre » .
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Selon Patrick Le Hyaric Député Européen
Salutaire résistance chypriote. (Extrait)
Voici un fait inédit dans l’Union européenne : la pression populaire a conduit à ce qu’aucun parlementaire chypriote n’approuve le maléfique diktat concocté par le nouveau directoire des affaires européennes, baptisé « la troïka », – commission de Bruxelles, Banque centrale européenne et… Fond monétaire international -, aux ordres exclusifs de Mme Merkel. Celle-ci avait soutenu l’élection du nouveau Président de Chypre contre le candidat soutenu par les communistes.
Ensemble ils avaient décidé de faire de Chypre un nouveau laboratoire pour tester le racket direct des comptes bancaires dès le premier euro. Ceci au mépris total de tous les engagements pris jusque-là. Ils considèrent que ce hold-up sans armes à feu, permet de récupérer des milliards plus vite qu’avec la baisse des crédits publics, une réforme de la fiscalité, les attaques contre les retraites et la protection sociale. Encore que… ce plan austéritaire prévoyait de combiner l’impôt forcé sur les comptes bancaires des travailleurs et des petits épargnants et la privatisation de plusieurs entreprises ou la désindexation des salaires et des retraites sur les prix.
Ces attaques n’avaient pas été possibles jusque-là parce que l’ancien Président chypriote, Dimitri Christofias, a toujours refusé d’appliquer les prétendus remèdes des docteurs bruxellois. Il s’est opposé des mois durant à la troïka, sous les critiques des institutions européennes et de la droite. On ne peut comprendre les difficultés de Chypre aujourd’hui sans les relier à la crise de la Grèce.
L’effondrement des banques grecques a accéléré les difficultés de celles de Chypre, appâtées par le système européen qui leur permettait d’acheter des dettes du pays voisin à des taux d’intérêts élevés. Les banques chypriotes ont acheté de la dette grecque parce qu’elle était rémunératrice pour elles. Quand le secteur bancaire grec s’est trouvé en graves difficultés, les banques chypriotes en ont subi le contre coup de plein fouet. Refusant de laisser son secteur bancaire s’effondrer, l’Etat chypriote à dû garantir les dépôts.
Les citoyens chypriotes ne sont donc en rien responsables de la situation. Ceci ne fait que renforcer la nécessité de rechercher un projet de solidarité européenne, écartant le hold-up sur les comptes des travailleurs et des retraités, la destruction des droits sociaux, les privatisations des entreprises publiques chypriotes qui rapportent jusque-là au budget de l’Etat. Privatiser la compagnie d’électricité et l’aéroport de Larnaca, c’est se priver de fonds pour l’Etat, car ces entreprises sont bénéficiaires.
C’est donc creuser le déficit qu’ils prétendent combler.
Les institutions européennes ont refusé cette voie pour, après des plans d’austérité appliqués dans plusieurs pays, tenter de passer à un cran supplémentaire dans la spoliation des fruits du travail. Elles ont pensé, en choisissant un petit pays où se développent des activités financières « off-shore » -ce qui leur sert d’argument aujourd’hui-, quelques jours après le retour de la droite, que cela pourrait marcher. Le peuple de Chypre vient de répondre : Non ! Nous devons le remercier.
Car, ce faisant, il rend un immense service à tous les peuples européens qui auraient été eux aussi en bute à de tels projets. (…)
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Selon Cyprus Mail Nicosie
Chypre : Le plan de sauvetage qui nous tuera
L’UE et le FMI se sont mis d’accord sur un plan d’une valeur de 10 milliards d’euros pour renflouer les banques chypriotes, mais le prix de ce sauvetage est une taxe imposée à tous les dépôts. Cette condition a stupéfié la petite nation méditerranéenne et le journal Cyprus Mail accuse maintenant le nouveau président ainsi que d’autres Etats membres d’avoir trahi l’île.
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Anéantir au lieu de sauver
(…) étant donné la pression exercée pour trouver un accord politique le 15 mars. Tout porte à croire que nos partenaires de l’UE avaient pris leur décision en amont, d’où la tenue d’une réunion de l’Eurogroupe un vendredi soir pour discuter du plan de sauvetage. Comme les banques chypriotes sont fermées pendant trois jours [le lundi 18 mars est un jour férié], toutes les mesures nécessaires pourraient être prises avant leur réouverture le mardi, comme si de rien n’était.
Le 16 mars, un député s’est demandé s’il ne vaudrait pas mieux laisser faire faillite les deux banques qui ont besoin d’une recapitalisation de la BCE au lieu d’accepter la décote. Le problème ne s’arrêterait toutefois pas à ces deux banques, car les différentes institutions financières dépendent les unes des autres et la panique bancaire finirait par se généraliser. Voilà l’argument principal que fera valoir Nicos Anastasiades pour justifier le renflouement interne par le biais des dépôts. Dans le cas contraire, les banques se seraient effondrées, l’Etat aurait fait faillite et Chypre serait sortie de la zone euro.
Ainsi, le président a choisi le moindre mal, même s’il est peu probable que la population l’admettra. Concrètement, l’UE a proposé un “plan de sauvetage ” conçu pour anéantir et non pas sauver ce qu’il reste de l’économie chypriote.
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Selon Eleftherotypia Chypre
“Le ‘non’ dramatique de Chypre”
Des consultations intenses sont en cours ce 20 mars à Nicosie, après le rejet la veille par le Parlement du projet de loi sur la décote des dépôts dans les banques chypriotes, condition posée par les bailleurs de fonds de Chypre pour leur plan d’aide.
“Le président Nicos Anastasiades doit rencontrer les représentants des créditeurs”, ainsi que l’Eglise de Chypre et des représentants de Moscou.
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Selon Nezavissimaïa Gazeta – Moscou
Chypre : Le sauveur russe prend son temps
Détentrice d’une grande partie de l’argent placé dans l’île et appelée à l’aide par Nicosie, la Russie pose ses conditions. Pas question pour elle de laisser taxer ses entreprises ou de subir les pertes des banques chypriotes. Elle attend donc un geste des Européens. Extraits.
Dans le sournois affrontement qui l’oppose à l’Union européenne, le Kremlin vient de riposter. L’UE avait bien failli persuader Chypre d’instaurer une taxe confiscatoire qui aurait porté préjudice aux sociétés publiques russes. Il n’est désormais plus possible d’envisager de sortie de crise simple ou sans trop de pertes. Et le manque d’empressement de la Russie à proposer une nouvelle aide à Chypre est un moyen de pression commode sur l’Europe.
Chypre espère une aide de Moscou en échange de certains « avantages » pour l’économie russe. Michalis Sarris, le ministre chypriote des Finances, a souligné qu’il n’était pas venu à Moscou les mains vides . (…)
Déclarations abruptes de Moscou
Mais la Russie semble maintenant vouloir prendre son temps. Andreï Kostine, le directeur de la banque VTB [Vnechtorgbank], principale victime de la crise chypriote, a annoncé que son établissement n’était pas du tout intéressé par l’achat d’actifs bancaires de l’île (…)
La Russie fait une pause. Elle ne semble pas voir comment elle pourrait sortir de cette crise en y laissant le moins de plumes possible et a donc décidé de se venger de l’UE en adoptant une position attentiste, car si Moscou se retire, ce ne sont plus 10 milliards d’euros que l’Europe va devoir trouver pour sauver Chypre, mais la totalité de la somme nécessaire, soit 17 milliards.
Insulte personnelle
Confrontés à ce face-à-face géopolitique, certains hauts fonctionnaires européens ont tenté d’adoucir leurs propos. José Manuel Barroso, le président de la Commission, a invoqué l’heure tardive de la réunion des ministres des Finances européens, qui a abouti à une décision samedi aux aurores. C’est ce qui aurait empêché d’avertir Moscou.
Le ton de l’Europe est à l’apaisement, mais cela ne se traduit pas dans les actes. (…)
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Voir aussi sur le même blog Chypre : Les Chypriotes imposent leur vision contre l’UE-FMI-BCE …
Non aux plans de renflouement
Non à l’austérité
Chypre pourrait être comme l’Islande le grain de sable qui fait dérailler la machine de destruction des peuples.
Soutenez le plan B avec la séparation strictes des banques afin de mettre les spécualteurs en faillite.
Signez la pétition : https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/a-tous-les-d%C3%A9put%C3%A9s-chypriotes-chypre-doit-scinder-les-banques-en-deux-cat%C3%A9gories-bonne-mauvaise-banque
La nouvelle résistance contre le monde de la finance
Sur le principe d’accord, sauf qu’a regarder le lien, il y aurait de « bonnes banques » et de « mauvaises banques ».
Que comprendre alors dans cette pétition ?
La vérité sur la situation de Chypre (comme d’autres pays de la zone euro), tient en la dépendance des banques aux injonctions de la BCE, FMI, OMC, etc.
Elles mettent la gestion des finances d’un pays souverain, hors de toutes suprématies nationales. MC