L’Education nationale répartit très souvent les moyens au profit des plus nantis et au détriment des plus faibles. Un rapport de la Cour des comptes publié en octobre a établi l’injustice de la répartition des moyens d’enseignement.
L’Etat dépense ainsi 47 % de plus pour former un élève parisien que pour un banlieusard de Créteil ou de Versailles.
De même pour le nombre de postes : à la rentrée 2011, Créteil, qui gagnait 3 836 élèves dans le second degré, perdait 426 postes, quand l’académie de Paris, qui en accueillait 1000 supplémentaires, obtenait 20 emplois…
En définitive, il apparaît que les moyens sont attribués selon une logique étrange : pour décider de l’allocation des postes par académie, ni le nombre d’élèves, ni leur origine sociale, ni leurs résultats scolaires n’interviennent. Plus étonnant encore : ceux qui ont vraiment besoin de dispositifs corrigeant leurs difficultés n’y ont pas assez souvent accès.
- L’Etat n’investit pas sur des enseignants d’expérience Ainsi, de la scolarisation des enfants de 2 ans, accélérateur de réussite pour les plus pauvres : le rapport révèle qu’elle ne concerne que 0,9 % des moins de 3 ans en Seine-Saint-Denis, contre 13,4 % sur l’ensemble du pays (et jusqu’à 49 % en Lozère).
- Certes, les zones d’éducation prioritaires (ZEP) perçoivent des aides, estimées à 922 millions d’euros par an. Mais l’Etat n’investit pas sur des enseignants d’expérience.
- A Créteil, 21,6 % d’entre eux sont âgés de moins de 3o ans (contre 9,2 % dans toute la France).
- A contrario, à Paris, 24,2 % des profs sont agrégés, pour une moyenne nationale deux fois moins élevée.
- Un établissement de ZEP de Créteil coûte ainsi moins cher à l’Etat qu’un établissement classique à Paris !
Laurence Debril – N° 3219 l’Express.