Peur aiguë et justifiée du chômage !

 Chômage: en permanence 700.000 personnes sans emploi mais qui ne devraient pas l’être. Si l’on y ajoute la forte précarité du travail des jeunes et l’un des plus faibles taux d’emploi senior au monde, ce sont des millions de familles touchées par ce fléau.

Notre modèle social nous assure un des plus hauts niveaux de protection contre les accidents de la vie.

Nous devrions donc être le peuple le plus serein face à l’avenir Pourtant, nous sommes le plus… pessimiste, et ce depuis longtemps. Ce paradoxe s’explique par une autre spécificité française, le sur-chômage.

On constate en effet que, dans les dix années qui précèdent la crise, nous avons en moyenne un taux de chômage de 40 % supérieur à celui des autres pays développés. Cela veut dire en permanence 700.000 personnes sans emploi mais qui ne devraient pas l’être. Si l’on y ajoute la forte précarité du travail des jeunes et l’un des plus faibles taux d’emploi senior au monde, ce sont des millions de familles touchées par ce fléau. Notre pessimisme n’est pas autre chose, alors, que le reflet d’une peur aiguë et justifiée du chômage.

Cette peur, aucun modèle social ne pourra jamais la conjurer Ce n’est donc pas le modèle social, ni même la dette publique qu’il faut mettre au centre du débat, mais le sur-chômage. Cela nous amène à notre dépense publique: c’est la plus lourde au monde ; de même pour nos impôts; nos réglementations sur les entreprises ou celles sur le travail.

Nous avons ainsi l’économie où l’État est le plus impliqué, mais qui fabrique le plus de chômeurs; c’est-à-dire la société à la fois la plus étatisée et la plus injuste, ce sur-chômage étant la pire des injustices sociales.

Où est l’erreur? Nos sur-dépenses par rapport à nos voisins sont financées à 80 % sur les entreprises et le travail.

Si par exemple on pouvait ramener les cotisations salariales au niveau allemand, pourtant déjà élevé, on pourrait augmenter les salaires de 25 % sans que cela coûte plus cher à nos entreprises… Ainsi sur-fiscalisées, elles sont devenues les moins rentables d’Europe. Et avec moins d’argent pour investir, innover, développer de nouveaux produits… elles peinent à faire face à la concurrence et exportent de moins en moins Tout cela nous fait perdre de la croissance, donc… des emplois. Il faut alors dépenser plus pour protéger les laissés-pour-compte, donc plus d’impôts, et ainsi de suite. Il ni y a qu’un moyen de sortir de ce cercle vicieux, baisser la dépense publique afin d’alléger les prélèvements sur les entreprises pour restaurer leur capacité à investir.

Les pays qui l’ont fait ont tous réduit significativement leur chômage. Les travaux de l’ITM montrent que si notre État était mieux géré, il pourrait nous offrir les mêmes services pour… 100 milliards de moins sans avoir besoin de baisser les prestations, cœur du modèle social. Nous pourrions alors en imputer une partie sur les entreprises, l’autre servant à baisser notre déficit public pour réduire notre dette.

Ce n’est pas ce que l’on fait : on s’est d’abord concentré sur la dette, en créant… 40 milliards d’impôts nouveaux, dont 12 sur les entreprises. Puis, récemment, sont venues des annonces sur la compétitivité des entreprises, mais rien encore sur celle… de l’État, dont la sous-compétitivité est pourtant à la racine de celle des entreprises, par la courroie de transmission de la fiscalité. La croissance alors ne sera pas suffisante pour respecter nos engagements sur la dette; et pour rassurer nos créanciers dans l’urgence, ne restera plus que la baisse des prestations, d’où baisse encore du pouvoir d’achat, de la croissance, et chômage record.

Réduire vite le coût de l’État est donc le seul moyen de sauver le modèle social. C’est surtout la seule manière de redresser l’emploi, et à ce titre une obligation morale.

Gérard Dussillol, Président du pôle finances publiques, institut-Thomas-More auteur de « la crise, enfin ! » Editions Xania 2012