Sur Mittal et Florange

Mais qui est Mittal ? 

De son nom complet Lakshmi Narayan Mittal, également connu sous le nom de Lakshmi Niwas Mittal est un homme d’affaires indien spécialisé dans l’industrie sidérurgique et président d’ArcelorMittal. Il est né le 15 juin 1950 à Sadulpur, au Rajasthan, en Inde. Hindouiste, il est originaire de la caste Agrawal des Marwaris (commerçants du nord-est du Rajasthan).

Lakshmi Mittal se spécialise, tout d’abord, dans le rachat d’entreprises sidérurgiques au bord de la faillite ; les acquérant à bas prix, il les modernise et les restructure pour les remettre en état de fonctionnement, ce qui augmente considérablement leur valeur. Mittal a procédé ainsi notamment dans les pays de l’ex-Union Soviétique, ainsi qu’au Mexique et en Indonésie.

Créateur et actionnaire principal (88 %) de la Mittal Steel Company NV, Laksmi Mittal dirige le plus gros producteur d’acier au monde, secondé par son fils Aditya).

D’après le magazine Forbes de mars 2010, sa fortune est estimée à 28.7 milliards de dollars américains ce qui fait de Lakshmi Mittal le 6e homme le plus riche du monde.

  •  Membre du Conseil d’Administration du groupe EADS (Airbus)
  • Membre du directoire de la banque indienne ICICI Bank.
  • Actionnaire du groupe minier anglo-australien Rio Tinto (producteur de fer, d’aluminium…)
  • Membre du Conseil d’Administration depuis 2008 de la banque Goldman Sachs (celle de Mario Draghi, (banque centrale européenne), de Mario Monti, (Italie), de Mark Carney, (banque d’Angleterre),…

C’était déja Goldman-Sachs qui avait permis à Mittal de réussir son OPA sur Arcelor en 2006, et  Goldman Sachs le présentait ainsi « sa grande compréhension de l’économie mondiale, son expérience, son jugement et son indépendance d’esprit seront un atout pour notre conseil d’administration »

Bref, un homme du sérail capitaliste sans complexe qui ne connait de frontières que pour organiser les guerres commerciales qui assure sa domination… Le mariage de sa fille en 2004 au château de Vaux-le-Vicomte et au château de Versailles est le plus coûteux de tous les temps (55 millions d’euros).

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Le Journal l’Humanité du 7 Décembre 2012 (Extrait)

Florange entre écœurement et résistance

Au lendemain de leur rencontre avec le premier ministre à Matignon, les syndicalistes de Florange se préparent à une nouvelle étape de lutte pour sauver l’acier lorrain.  

« Ils se sont couchés devant Mittal et l’accord avec ou sans Ulcos est inacceptable puisqu’il signe l’arrêt de la phase liquide en Lorraine. Cette décision ne correspond en rien à une orientation industrielle digne d’un gouvernement de gauche ! » s’est insurgé Jean Mangin, délégué syndical CGT Florange, de retour de Matignon.

Après le choc de la semaine dernière, les cégétistes, réunis en congrès à Saint-Nicolas-en Forêt, à deux pas des deux hauts-fourneaux, apprenaient que Mittal venait de retirer Florange du projet Ulcos. « Une claque supplémentaire qui confirme que Mittal n’est pas fiable, mais ce projet, à l’étude depuis sept à huit ans, n’est pas une fin en soi. De toute façon, si le haut-fourneau s’arrête, il n’y aura jamais de redémarrage ; or, la filière liquide est viable, rentable et utile », a rappelé le syndicaliste, citant le rapport Faure commandé par le gouvernement.

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L’expansion. Com, quant à lui, ecrivait le 7 décembre 2012 (extrait)

Mittal gagnant du bras de fer, selon 75% des Français

Alors qu’il apparaît qu’ArcelorMittal est sorti vainqueur de la négociation avec le gouvernement, Arnaud Montebourg a exprimé sa compassion envers les métallos. Lakshmi Mittal en a profité pour donner sa version de l’accord. Les principaux rebondissements de la journée.

Exaspérés, à bout de nerfs, les métallos d’ArcelorMittal ont juré vendredi de poursuivre le combat pour sauver les hauts fourneaux du site mosellan de Florange.

Revivez les principaux rebondissements de la journée sur l’avenir du site de Florange.

19h30. Ce live est maintenant terminé. Merci de l’avoir suivi.

18h05- La direction d’ArcelorMittal sort gagnante à 75% des négociations avec le gouvernement, selon un sondage BVA/iTélé publié ce vendredi soir. Aux yeux des Français, les grands perdants de l’ « affaire Florange » sont Jean-Marc Ayrault et François Hollande: plus de sept sur dix se disent mécontents du Premier ministre comme du président. Ils se montrent en revanche moins sévères à l’égard d’Arnaud Montebourg puisque seule la moitié des Français se dit mécontente du ministre du Redressement productif.

17h36. L’aile gauche du PS ne désarme pas sur la nationalisation. Le courant « Un monde d’avance », animé par le ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire Benoît Hamon, les députés Henri Emmanuelli et Barbara Romagnan, « appelle le gouvernement à engager la nationalisation du site d’Arcelor-Mittal de Florange après la reculade du groupe sidérurgique sur le dossier Ulcos ». Et d’ajouter: « il faut faire voter en urgence la loi promise sur les reprises de sites industriels », plaide le courant.

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Vu de l’étranger – El Pars (extraits) Madrid

Le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, est (…) représentant de l’aile gauche du Parti socialiste en lutte contre le pouvoir des multinationales et contre l’hémorragie d’emplois provoquée par les fer­metures d’usines et les délocalisations. Le milliardaire indien Lakshmi Mittal, (…) ancien petit prince de Calcutta et roi de la City, première fortune du Royaume-Uni et sixième du monde, il est l’archétype de l’homme d’affaires mondialisé : patron de quelque 260.000 ouvriers dans 80 pays, sobre et végétarien, cet adepte du yoga a fondé son empire en s’endettant sans compter auprès de la banque Goldman Sachs, la mère nourricière du capi­talisme mondial.

Ces deux personnages excessifs, qui incarnent deux des nombreux visages de la société capitaliste postmoderne, étaient les héros la semaine dernière d’un combat fiévreux dans lequel était en jeu l’avenir des hauts-fourneaux de Florange, en Moselle : cette aciérie qui emploie 2.600 personnes appartient au numéro un mondial du secteur, Arcelor Mittal. Le groupe a décidé de fermer deux des fourneaux de Florange (le 1er octobre, il a annoncé leur fermeture définitive, mais ils étaient à l’arrêt depuis plus d’un an) dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui prévoyait 630 licenciements, au motif que l’entreprise produit plus que ne peut absorber la demande européenne, réduite par la crise du bâtiment et de l’automobile.

Humiliation.

Montebourg, qui (…) s’agite beaucoup pour empêcher fermetures et licenciements, mais sans grand succès, a cette fois encore poussé des cris d’orfraie en rappelant qu’Arcelor Mittal n’était pas vraiment un groupe en crise (il affiche un bénéfice net de 2,2 milliards de dollars en 2011) et que, grâce à son statut de multinationale, il ne payait presque pas d’impôts en France.

Une confrontation emblématique du choc dans lequel s’affrontent aujourd’hui deux modèles antagonistes, tels des trains s’élançant l’un vers l’autre à des vitesses bien distinctes : l’étatisme social-démocrate à la française, moribond et regretté par Hollande, et le néolibéralisme rampant à l’anglo-saxonne, qui fait des ravages en Europe. L’affaire est devenue un défi pour Montebourg : le ministre a menacé de nationaliser le groupe, qui emploie 20 000 personnes en France, et accusé l’homme d’affaires indien de traiter avec l’Etat français à coups de « mensonges » et de « chantages ». « Nous ne voulons plus de Mittal en France », s’est enflammé Arnaud Montebourg, tandis que la patronne des patrons français, Laurence Parisot, s’en prenait à son compatriote (en dénonçant une menace de nationalisation) « purement et simplement scandaleuse ».

Au terme de négociations serrées et d’une campagne médiatique aussi féroce dans un camp que dans l’autre, le calme est revenu vendredi 3o novembre, et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault est apparu pour annoncer un accord par lequel ArcelorMittal s’engage à ne pas mettre en œuvre de PSE, à sauver les 63o postes jusque-là menacés et à injecter 180 millions d’euros d’investissements sur cinq ans pour développer la « filière froide ». En contrepartie, l’aciériste ne rallumera pas les deux hauts-fourneaux éteints et échappe à la nationalisation.

Mais, preuve que la confiance ne règne pas tout à fait, Ayrault a également déclaré que l’Etat veillerait à ce que ces engagements soient « scrupuleusement » tenus et qu’il « utilisera(it) tous les moyens nécessaires en cas de non-respect ». Le gouvernement socialiste à bien essayé de jouer les durs, mais les syndicats, eux, ne cachent pas leur déception. Certains avaient cru à la promesse de Montebourg et s’attendaient à une nationalisation. « Nous avons le sentiment d’avoir été une nouvelle fois trahis, a déclaré un porte-parole de la CFDT. Nous n’avons aucune confiance en Mittal. »

Cette victoire finale de Mittal est une quasi-humiliation pour le gouvernement français. Les tensions entre l’Etat et ArcelorMittal ne sont pas nouvelles : il y a deux ans déjà, sous la présidence Sarkozy, le gouvernement de droite avait accusé le groupe de n’avoir rien fait pour préparer l’avenir de ses hauts-fourneaux depuis le rachat, en 2006, d’Arcelor par Mittal Steel, au terme d’une OPA [de plus de 25 milliards d’euros] qui avait donné naissance au premier conglomérat sidérurgique mondial.

ArcelorMittal détenait en 2011 34 % des parts de marché en Europe. Mais les chiffres témoignent aujourd’hui d’un transfert sans cesse plus rapide de la demande comme de la production vers l’Asie et la Chine (qui représente déjà 45 % de la production mondiale d’acier) et d’une sous-exploitation des usines européennes, qui pourtant ont déjà vu leur activité diminuer de 20à 25 % depuis 2008. Selon une étude publiée par Le Monde, la France est passée en vingt ans de la place de neuvième à celle de quinzième producteur mondial, et aujourd’hui se classe troisième en Europe, derrière l’Allemagne et l’Italie et devant l’Espagne.

Génie des affaires.

Quelle est la responsabilité de Lakshmi Mittal dans tout ça ? Après Arcelor, il a multiplié les rachats de mines et d’usines sidérurgiques un peu partout dans le monde. L’avenir de la française Usinor, de l’américaine International Steel ou de l’espagnole Aceralia se décide désormais dans ses bureaux londoniens de Berkeley Square, à deux pas du London Metal Exchange, où se négocient l’acier et les instruments financiers associés (produits dérivés, stock-options, etc.). Comme l’écrivait le 1er décembre Martine Orange sur Mediapart, ce « génial homme d’affaires » qu’est Lakshmi Mittal ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans « l’ombre tutélaire de Goldman Sachs ». La banque (d’investissement américaine), qui avait financé l’OPA sur Arcelor, a nommé le magnat indien à son conseil d’administration en 2008.

Une histoire qui ressemble à celle de bien d’autres entreprises frappées par cette crise étonnante. En 2007, Arcelor Mittal affichait un bénéfice record (de 10,36 milliards de dollars, soit 7,5 milliards d’euros), Depuis, la situation n’a fait que se dégrader. Fin 2011, le groupe avait plus de 22,5 milliards de dollars de dettes, contre 19,7 l’année précédente. Ses charges financières s’élèvent à 2,8 milliards de dollars. Mais Mittal et ses enfants, eux, sont loin de tirer le diable par la queue. L’année dernière, ArcelorMittal a distribué 2,3 milliards de dollars de dividendes, dont 943 millions sont allés directement dans les poches familiales.

Miguel Mora

arcelor