La pauvreté : enchainement de drames humains

« La pauvreté, qui sévit incontrôlée depuis trop longtemps, est liée aux troubles sociaux et aux dangers qui menacent la paix et la sécurité. À l’occasion de cette Journée internationale, investissons dans notre avenir commun en aidant les pauvres à échapper à leur condition, pour qu’à leur tour, ils puissent contribuer à changer le monde. » M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU

Le graphique ci-dessous représente l’évolution du nombre de pauvres en France de 1970 à 2010, dernière année connue : nette baisse de 1970 à 1999, qui tient largement à la réduction de la paupérisation des retraités et des personnes âgées, à mettre au crédit de l’État social, puis une stagnation approximative de 1999 à 2004 autour de 7 millions de pauvres. C’est ensuite l’explosion. On retrouve en 2010 le niveau de 1970, soit : 8,6 millions de pauvres. Il est certain (progression du chômage, baisse relative du pouvoir d’achat des minima sociaux, etc.) qu’on battra nettement ce triste record en 2011, et à nouveau en 2012. On va vers les dix millions de pauvres en 2012.

Et après 2012 ?

C’est très mal parti, avec l’austérité publique programmée par le nouveau pouvoir, sensible aux pressions des puissants lobbies des riches en guerre contre toute réforme fiscale prenant l’argent où il faut : dans leurs poches. Il faudrait une forte augmentation du RSA et des autres minima sociaux ainsi que des bas salaires et des petites retraites pour contrer la tendance illustrée sur le graphique. Cela nécessite une vraie révolution fiscale, comme l’exige, avec des variantes toutes raisonnables mais exigeant de s’en prendre au « mur de l’argent », un éventail qui va du Front de gauche aux Verts en passant par le collectif Roosevelt 2012, entre autres.

Il est vrai que, comme nos dirigeants n’auront les chiffres de 2013 et de 2014 que deux ans plus tard, cela leur laisse du temps pour en gagner. D’ici là, on aura droit à d’innombrables génuflexions devant l’autel de la « Sainte Croissance » et les seules modalités de croissance qu’on observera seront celles du nombre de pauvres, de chômeurs et d’exclus, et sans doute celle des « déçus du socialisme ». Ce qui précède est le scénario de l’échec. Il est probable, mais pas encore certain. Il deviendra inéluctable si nous ne sommes pas assez nombreux à faire entendre l’indignation devant la pauvreté qui progresse depuis des années, pendant que la grande richesse ne cesse d’enfler.

Auteur Jean Gadrey – Politis – Permalien

Nota Bene :Jean Gadrey est professeur émérite à l’université Lille-I.

Article paru dans Politis n° 1223 Sommaire

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 « la Journée mondiale de lutte contre la misère », passée, force est de constater l’étendue de la pauvreté d’abord parce que les droits fondamentaux sont remis en cause pour des milliers d’individus, alors que l’État devraient les garantir.

Il n’y a eu que des « mesurettes sociales » prises par les différents gouvernements au pouvoir depuis plusieurs décennies incapable d’endigué les phénomènes de pauvreté, d’exclusion et de misère.

Avec le changement de gouvernement s’arguant social (même si ce terme est accolé à libéral)  était attendu un vrai projet de société et de vie. MC

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ONU – Thème de la Journée 2012 : « Mettre fin à la violence de la misère en favorisant l’autonomie et en construisant la paix »

La Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté est célébrée chaque année depuis 1993, lorsque l’Assemblée générale, par sa résolution 47/196, a désigné cette journée pour promouvoir la prise de conscience de la nécessité d’éradiquer la pauvreté et la misère dans tous les pays. La lutte contre la pauvreté reste un des thèmes centraux du développement pour les Nations Unies.

Au Sommet du Millénaire, les leaders mondiaux se sont engagés à réduire de moitié, pour l’année 2015, la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, avec moins de 1,25 dollar par jour.

Malgré des progrès importants, il reste encore beaucoup à faire, c’est pourquoi la Journée 2012 a pour thème « Mettre fin à la violence de la misère en favorisant l’autonomie et en construisant la paix » avec l’espoir de susciter des débats et des discussions sur ces sujets dans le monde entier. La Journée du 17 octobre permet de souligner les efforts et le combat quotidien des personnes vivant dans la pauvreté, et de leur donner l’opportunité de faire entendre leurs préoccupations dans le monde entier.

L’extrême pauvreté perpétue le cycle de la violence et de la discrimination qui marginalise souvent les droits fondamentaux des femmes et des enfants vivant dans la pauvreté. Elle détruit la vie et le moral des gens; elle tue plus d’enfants, d’adolescents et d’adultes que n’importe quelle guerre. Chaque jour, les personnes vivant dans l’extrême pauvreté doivent faire face au manque de nourriture, de logement et d’accès aux services essentiels. Ils endurent des conditions de travail dangereuses et vivent dans des environnements de vie précaires, dégradés et dangereux.

Source ONU – Permalien