Pauvreté, parlons-en.

3 documents à connaitre.

 

1)      La pauvreté vécue par un nombre grandissant de Français
37 % des Français affirment avoir déjà connu une situation de pauvreté à un moment de leur vie, selon la 6e édition du baromètre Ipsos-Secours populaire sur la précarité présentée lundi 3 septembre 2012. C’est deux points de plus que l’an dernier et neuf de mieux qu’en 2009. Le niveau d’inquiétude pour l’avenir de leurs enfants reste très élevé.

Cette évolution confirme l’augmentation de la précarité relevée par l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale dans son rapport publié en 2012 ou encore par l’INSEE dans son enquête « Revenus fiscaux et sociaux 2010 » analysée cette semaine dans un « Insee Première ». Les enfants de 8 à 14 ans expriment pour la première fois leur avis sur le sujet dans un sondage aux « résultats surprenants et encourageants ». Ils ont une perception précise de la pauvreté. La peur de devenir pauvre soi-même, 58 % des enfants la ressentent, même parmi les 8 – 10 ans.

Face aux précaires, la nouvelle génération est plutôt clémente et c’est rassurant, estime le Secours populaire. Les plus jeunes pensent à 83 % que la pauvreté est due à un manque de chance plutôt qu’à un manque d’efforts (16 %) et que cela ne devrait pas exister (à 76 %). Et ils sont nombreux à vouloir agir afin de réduire les injustices. 86 % estiment qu’il est possible de faire beaucoup plus pour aider les personnes en difficulté. Ils sont prêts à participer à des actions de solidarité.

Revenons sur l’Insee première publié le 7 septembre sur « les niveaux de vie en 2010 ». Les chiffres ne sont pas bons. Pour la deuxième année consécutive, le taux de personnes sous le seuil de pauvreté (964 euros) augmente significativement. En 2010, plus de 8,6 millions de personnes sont concernées, soit 14,1 % de la population contre 13,5 % en 2009 et 13 % en 2008. Le niveau de vie baisse ou stagne pour pratiquement toutes les catégories de population sauf pour les plus aisées (leur niveau de vie progresse encore de 1,3 % en euros constants).

Cette progression de la précarité affecte davantage les enfants. Le taux de pauvreté des moins de 18 ans atteint 19,6 %, en hausse de 1,9 point, rapporte l’Insee. La non-reconduction de mesures d’aides ponctuelles, mises en œuvre en 2009 afin de limiter les effets de la crise sur les ménages modestes, et le gel du barème des prestations familiales en 2010, expliquent pour partie que cette population soit plus affectée.

Par ailleurs, la conférence de lutte contre la pauvreté et les exclusions, promise en juillet par le président de la République, aura lieu les 12 et 13 novembre, annonce le gouvernement dans un communiqué. Ce travail de concertation est une étape essentielle avant l’annonce début 2013 par François Hollande d’un plan quinquennal de lutte contre la pauvreté et les exclusions qui aura pour objectif de répondre pleinement à l’urgence de la situation.

INFOS +

2)      Pour une mise en oeuvre des droits à des moyens convenables d’existence. Analyse établie autour du concept de « reste à vivre »

C’est le titre du rapport qu’Etienne Pinte, président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, a remis le 4 septembre aux ministres Marisol Touraine et Marie-Arlette Carlotti. Ce rapport du groupe de travail du CNLE porte sur les conséquences de la pauvreté pour les ménages qui la vivent au quotidien. A partir de l’analyse de leurs ressources, de leurs dépenses contraintes et de leur « reste à vivre », le Conseil pointe l’urgence de mettre en oeuvre de manière effective le droit pour les personnes en situation de pauvreté d’accéder à des moyens convenables d’existence.

Ainsi, le CNLE estime essentiel de mieux mesurer l’impact de l’évolution du coût de la vie sur les petits budgets des ménages précaires pour estimer ce que devrait être leur « revenu minimal décent ». Dans ses préconisations, le groupe de travail estime nécessaire « une réévaluation des minima sociaux, notamment du RSA, et leur indexation sur le taux de croissance, ainsi que l’impératif d’une coordination territoriale efficiente des acteurs ».

Prenant en compte le contexte économique actuel difficile, il prévient par avance qu’il serait « inconcevable de faire porter sur les plus faibles le poids d’un environnement contraint et de faire payer relativement plus cher à ces ménages l’accès aux services essentiels et les biens de première nécessité ». Plusieurs autres axes d’amélioration majeurs sont identifiés comme devant être prioritairement et conjointement mis en oeuvre dans le secteur du logement (renforcer la régulation des loyers par l’Etat et mener une politique de prévention des expulsions), dans le domaine de la prévention (création de dispositifs d’alerte et d’intervention sociale précoce, réduction des facteurs de non-recours aux dispositifs d’action sociale en simplifiant et en clarifiant leurs modalités d’accès, …), dans le secteur de l’énergie, de la téléphonie et des nouvelles technologies (incitation des entreprises à faire évoluer et à diversifier leur offre de produits et de services à destination des clients économiquement fragiles ou modestes).

Les ministres se félicitent dans un communiqué de la publication de ce rapport qui souligne « l’importance d’améliorer la situation des ménages les plus modestes, trop souvent stigmatisés ces dernières années ». Elles rappellent que « face à l’urgence de la situation, le gouvernement a engagé des mesures en faveur du pouvoir d’achat des ménages les plus modestes (notamment augmentation de 25 % de l’ARS, lancement des négociations sur les dépassements d’honoraires et l’accès aux soins pour tous, augmentation du SMIC, encadrement des loyers, réforme des tarifs de l’énergie) ». Ce rapport sera utile pour la conférence de lutte contre la pauvreté et les exclusions du mois de novembre.

INFO+ Rapport du CNLE sur « le reste pour vivre » 151 pages – juin 2012

 

3)      Sur le long terme, le RSA est plus incitatif à la reprise d’emploi que le RMI selon le CEE
Le revenu de solidarité active est globalement moins avantageux financièrement pour son bénéficiaire à court terme lors d’un retour à l’emploi que le RMI, mais il est plus intéressant à long terme, selon une étude du Centre d’études pour l’emploi (CEE) publiée le 4 septembre 2012. Lorsqu’il reprend une activité, un bénéficiaire perçoit le RSA activité, qu’il peut cumuler avec le RSA socle, sans limite de durée alors que le dispositif identique qui existait avec le RMI, sous forme d’intéressement lors d’une reprise d’activité, était limité dans le temps et son mode de calcul était moins avantageux. En effet, l’instauration du RSA s’est accompagnée de la perte de diverses primes (prime pour l’emploi, prime de Noël et prime de retour à l’emploi). Toutefois, l’instauration du RSA a « un impact globalement positif à long terme » puisque le versement du RSA activité n’est pas limité dans le temps. Mais « ne considérer que le long terme revient à supposer que la majorité des allocataires qui retrouvent un emploi restent durablement employés, alors même que leur situation est caractérisée par une forte instabilité », prévient l’auteur. L’étude conclut également que le taux de retour à l’emploi est plus élevé pour les bénéficiaires du RSA que pour ceux du RMI.

INFO + « Le RSA est-il plus incitatif à la reprise d’emploi que le RMI ? » – Etude du CEE

Source Annuaire Secu lettre 518